J’ai deux questions à vous poser !
Vous et la lecture : où en êtes-vous ?
Vous aimez écrire sinon vous ne seriez pas ici. Vous écrivez pour votre plaisir. Vous partagez peut-être parfois vos écrits avec vos amis, votre famille. Vous les publiez peut-être sur une plate-forme dédiée à cela sur internet comme WeLoveWords, Atramenta, etc. De très bonnes plates-formes que je vous conseille du reste.
Peut-être avez-vous déjà édité un ou plusieurs livres par vous-même, sur internet ou sur papier, ou à compte d’éditeur. Peut-être même rêvez vous de devenir écrivain, de vivre de votre plume…
Vous écrivez du roman, de la nouvelle, de la poésie, du théâtre, de la chanson, de la biographie, peu importe au fond.
Qui que vous soyez, quoi que vous écriviez, ou rêvez d’écrire, j’ai une question à vous poser : lisez-vous ?
Et une deuxième question qui en découle : que lisez-vous ?
EXERCICE
Prenez le temps de répondre. Prenez-le comme un exercice excitant, intéressant, parce qu’il va vous apprendre sur vous-même ! Laissez cet article, prenez un stylo, une feuille de papier, et répondez :
A. Combien de livres lisez-vous par semaine, par an ?
Soyez honnête, écrivez sur votre feuille le chiffre qui se rapporte le plus à votre réalité. Ni plus ni moins.
B. Que lisez-vous ?
Des manuels pratiques, de développement personnel, de l’histoire, de la psychologie, de la B.D,de l’histoire, de la philosophie, des carnets de voyage, des guides touristiques, des romans, de la poésie, du théâtre, des biographies, de manuels de cuisine ? Et si c’est du roman, quel genre de roman ? De la poésie, quel genre de poésie? Du théâtre, quel genre de théâtre ? Etc.
Faites la liste la plus complète possible sur les 12 derniers mois, faites cet effort de mémoire.
Allez jusqu’au bout puis faites des listes par genre.
Essayez de voir ce qui motive vos lectures, ce que vous aimez naturellement lire. Prenez votre temps. Vous allez peut-être y passer une heure car vos goûts sont éclectiques et que vous avez beaucoup lu cette dernière année (bravo, c’est bon signe !), et peut être 5 minutes parce que vos goûts sont très précis, ou que vous avez peu lu ou que vous avez une excellente mémoire !
Vous êtes revenu ? Vous êtes avec moi ?
Cet exercice vous oriente!
Voilà, vous avez fait vos listes par genre des livres que vous avez lu sur la dernière année ; vous avez une idée plus claire de ce vers quoi vos goûts tendent.
La lecture, pour un écrivain -professionnel ou pas, là n’est pas la question- est primordiale : la lecture nourrit puissamment l’écrivain, le forme, lui apprend la langue, ses subtilités, le ton et les techniques dans le genre qu’il veut sonder, dans lequel il désire écrire. La lecture lui donne une culture générale mais aussi la culture du genre qu’il veut exploiter.
Un écrivain ne peut pas se passer de lecture. Du reste, la plupart des écrivains le sont devenus parce qu’ils étaient de grands lecteurs. Pour ma part, chaque fois que je m‘attaque à la rédaction d’un livre, je tente d’écrire ce que j’aimerais lire !
On n’écrit pas un livre de cuisine comme on écrit un guide de voyage, un polar comme on écrit un roman psychologique.
C’est pourquoi sans lectures, sans la culture de son genre littéraire de prédilection, sans culture générale, apprise peut-être durant des études spécialisées (mais c’est insuffisant) mais aussi dans nos lectures, on risque de ne pas écrire ce qu’on désire. L’écrivain risque d’être à côté de la plaque. Sans amour de la littérature pour un romancier, de la poésie pour les poètes, de la biographie pour un biographe, etc, je n’imagine pas une seconde qu’un écrivain puisse parvenir à quoi que ce soit de valable.
La liste de ce que vous avez lu cette dernière année est faite maintenant. Relisez-là. Soyez lucide.
A. Vous êtes un mauvais lecteur
Parce que si vous vous êtes rendu compte que vous lisez insuffisamment (il me semble qu’une moyenne de 50 livres par an, du moins quand on veut écrire sérieusement, est un minimum), vous savez ce qu’il vous reste à faire : lisez maintenant !
Achetez des livres, ou téléchargez, ou inscrivez-vous à une bibliothèque, mais lisez ! Croyez en vous, croyez que vous aller trouver le temps de lire davantage et vous le trouverez. Les semaines n’ont que 24 h pour tout le monde. C’est vous qui décidez de ce que vous faites de votre temps.
Dans un an, refaites votre liste et vous y verrez plus clair : vous saurez quels sillons vous avez vraiment envie d’exploiter davantage. Quels livres vous avez envie d’écrire.
B. Vous êtes un bon lecteur
Maintenant, vous êtes un bon lecteur (vous lisez au moins 50 livres par an), vous lisez beaucoup, ou énormément. Vous savez que vous devez creuser dans 2 ou 3 sillons qui semblent particulièrement vous convenir. Des genres « littéraires » qui vous donnent de l’enthousiasme. Sans oublier quelques livres pour votre culture générale. Vous savez quel type de lecture vous lirez principalement cette année. Il y a de fortes chances pour que ce soit autour des sujets que vous lisez que vous ayez envie d’écrire ou écrivez déjà.
Lire pour mieux écrire
Le grand mot de tout cela n’est ni le mot studieux ni travail. C’est le mot plaisir. Vous lisez pour le plaisir, par pur plaisir. Si la lecture devient pour vous une obligation, ce n’est plus la peine de poursuivre. Elle ne sert qu’à vous dégoûter de la lecture ! Non, vous lisez pour le plaisir. De la même manière que vous écrivez avec plaisir, et écrirez dans le plaisir.
Lire et écrire sont deux facettes de la même passion : celle de l’écriture. Et des livres.
Et vous lisez-vous ? Êtes-vous bon lecteur ? Aimez-vous lire ? Et que lisez-vous ?
N’oubliez pas de lire mon dernier article : pourquoi les livres coûtent-ils si chers ? Comment l’écrivain est-il concerné par la chaîne du livre ?
A très bientôt.
Téléchargez votre Cadeau
Bonjour. Je tenais à vous remercier pour ces éclairages. En effet, la raison fondamentale qui m’a guidée vers cette plate-forme est bien mon manque d’enthousiasme pour la lecture en dépit de mon obsession pour l’écriture. Pourtant, on répète à l’oreille et à chaque occasion qu’on ne peut devenir grand écrivain sans être au préalable un lecteur, et là, je ne rentre même pas dans les catégories de Bons ou Mauvais lecteurs. Je ne nie pas l’évidence qui se rattache à l’importance de la lecture, surtout pour un écrivain. Mais mes questions demeurent toujours : ne peut-on vraiment rien produire de bon comme oeuvre littéraire alors qu’on ne lit pas ? Lire forcément les autres avant d’écrire n’est-il pas en quelque sorte tricher sur leur leur manière particulière de produire un travail littéraire avant de procéder au notre ? De ce fait, la littérature ne perd t-elle pas le crédit de son concept de créativité comme l’a dit Ernest Emingway : « La seule écriture valable, c’est celle qu’on invente ». Comment peut-on parler de créativité et de progrès dans la littérature si nous sommes contraint de garder un contact intime avec la lecture ?
À mon avis, il y a ceux qui écrivent, et ceux qui lisent. Tel il est absurde de demander à un passionné de lecture de devenir écrivain, il en est ainsi pour l’écrivain ! L’observation qu’il fait dans la société, ses expériences personnelles ou celles de ses proches ou autres, son talent, au moins un de ces éléments est déjà assez suffisant pour qu’une personne ordinaire devienne un très grand écrivain. La lecture pourrait être perçu comme l’un de ces éléments propulseurs pour bien écrire, mais ne devrait pas être établie comme étant l’étape indispensable à franchir. D’ailleurs lit qui veut lire, mais n’écrit jamais qui veut écrire. Quelqu’un qui écrit a forcément une idée, un message, plus ou moins objectif. Et là encore, le terme de l’objectivité est subjectif puisque nous n’oublions que nous sommes dans le domaine de la littérature. Par conséquent, que l’écrivain soit un grand diplômé de Harvard avec toutes les richesses intellectuelles qui s’y attachent à travers la lecture et autres, ou bien un SDF qui ne cherche même pas à connaître le prix d’un ouvrage, c’est qui importe au fond, c’est l’intérêt particulier que chaque lecteur accordera à l’oeuvre qui en déduira sa valeur. Ainsi, on se posera régulièrement la question : « Est-ce que l’oeuvre est bonne ou pas ? ».
Quelque soit sa nature, l’écriture faite trouvera toujours sa place dans le vaste berceau de la littérature. C’est donc purement et simplement restreindre la dimension qualitative de l’écriture en lui imposant l’optionelle étiquette de la lecture.
Alors voici un peu mon schéma et j’espère que vous me donnerez votre avis sur tout ça. En tout cas, j’ai envie d’en savoir plus sur cette problématique :
Écrivain et lecteur = Très bien et à encourager
Lecteur et pas écrivain = Très bien et ne peut être blâmé
Écrivain et pas lecteur = Très bien et ne peut être blâmé
C’est une question intéressante que vous soulevez.
Ecrivain et lecteur : à encourager, oui.
Lecteur et pas écrivain : très bien aussi, il n’y a rien à blâmer.
Ecrivain et pas lecteur : très bien s’il arrive à produire de beaux textes. A blâmer, non. Pourquoi blâmer ? A quoi cela servirait-il ?
J’ai voulu écrire toute jeune parce que j’adorais lire. L’envie d’écrire m’est donc venue de mon envie de lire, en premier lieu. Je ne vois pas pourquoi j’aurais eu envie d’écrire si je n’avais pas aimé lire. Pourquoi me serais-je tournée vers l’écriture ? J’aurais alors aussi bien me tourner vers le sport ou la fabrication de gâteaux !
D’autre part, j’ai appris à écrire et j’apprends toujours au travers de mes lectures. Comment savoir dans quel courant littéraire on se place, ou pas, dans quel genre littéraire on a envie de rédiger, comment se situer dans le monde de la littérature si on n’a pas lu ? Est-ce qu’on ne risque pas aussi de prendre la grosse tête ? De croire qu’on écrit un texte génial alors qu’on écrit des banalités ? C’est aussi affaire d’humilité de lire d’excellents écrivains.
On ne peut pas se passionner pour la peinture et vouloir devenir peintre sans connaître l’histoire de l’art. Parce que ça permet à la fois au peintre de savoir se situer dans la production picturale et d’apprendre la peinture au travers de la peinture des bons peintres. Ce que je veux dire, c’est que lire, c’est décortiquer sa lecture quand on écrit, c’est être enseigné, c’est aussi avoir des points de comparaisons et donc voir quand on est insuffisant ou bon. Est-ce qu’un grand sportif ne s’intéresse pas à sa discipline ? C’est du bon sens, non ?
Je ne crois pas à la création comme à une création spontanée. Tout a déjà été écrit ou presque. C’est la manière d’écrire, la vision qui fait la différence. Et ma vision s’enrichit de la vision des écrivains, des artistes, des cinéastes, etc. Ce peut-être même la vision d’un scientifique ou d’une dame que je rencontre par hasard en attendant un bus. Bien entendu, l’inspiration ne se rencontre pas seulement dans les livres mais elle se rencontre aussi dans les livres.
Si vous arrivez à écrire de très intéressants textes sans lire et aimer lire, c’est parfait pour vous, je ne juge pas, je ne blâme pas. Mais j’écris mon blog pour une majorité de gens qui veulent écrire, pas pour une minorité. Et la majorité des gens, comme moi, ont besoin de lectures pour écrire qualitativement.
Lire ne veut pas dire avoir fait des études, pour reprendre votre exemple d’Harvard. La majorité des étudiants ne lisent que ce qu’on leur donne à lire et cessent dès leurs diplômes passés. Je considère que c’est de la paresse intellectuelle qui amène à devenir incompétent un jour dans leur métier. Les choses évoluent, changent, et quand on ne se tient pas au courant, on devient… obsolète.
Les grands lecteurs ne sont pas forcément des diplômés. Les grands écrivains, et les écrivains tout court non plus. Les grands lecteurs sont de grands rêveurs, de grands curieux, de grands passionnés.
Quand au SDF, pour reprendre votre exemple, je doute qu’il écrive jamais un roman.
Voilà. Je ne juge pas, je ne blâme pas. Mais je vous donne ma vision.