J’ai décidé de publier un roman sur Amazon d’ici 3 semaines ! Je t’embarque dans mon aventure ! J’ai beaucoup réfléchi et j’ai fait une liste de 30 raisons qui m’ont convaincue d’éditer mon livre sur Amazon. Je suis en plein travail et je dois dire que mes nuits sont courtes. Cela fait des années que j’hésite et voilà : je me sens prête. Enfin, presque. Mais il faut bien se lancer, n’est-ce pas ?
Pourquoi ai-je choisi de publier sur Amazon, en numérique et papier ?
Mon roman, Le Cheval de l’Irlandais, pourra être lu sur n’importe quel ordinateur, tablette, téléphone portable, et papier (Kindle et applications Kindle pour PC, Mac, iPhone, iPad, iPod Touch et Android.) C’est beaucoup mieux que chez un éditeur classique car généralement ceux-ci se contentent du livre papier. Comment en suis-je arrivée là ? Je te donne les 30 bonnes raisons qui me décident à abandonner les maisons d’édition classiques.
30 raisons d’abandonner les maisons d’éditions classiques et d’éditer sur Amazon
1 – Tu n’as pas le contrôle de la maison d’édition dans laquelle tu édites. C’est elle qui décide de tout. Les éditeurs ne négocient pas mais imposent à leurs auteurs. En France, l’auteur est considéré comme la dernière roue du carrosse.
Ta maison d’édition peut disparaître. Ma maison d’édition a malheureusement mis la clef sous le paillasson (c’était une bonne maison mais elle avait des difficultés financières, comme beaucoup d’entre elles.) Sans même me prévenir, me passer un coup de téléphone ! Oui, oui, tu n’as pas la berlue, tu as bien lu : sans me prévenir ! Le mépris total et, pourtant, nous étions en excellents termes. Je l’ai appris en recevant une lettre du cabinet judiciaire qui se charge de sa liquidation (et qui ne me tient au courant de rien.) Imagine ma déception en lisant cette lettre !
Ce cabinet refuse de me rendre mes droits sur mon roman, Racines mêlées, arguant que la maison va peut-être être vendue à une autre maison d’édition et que je fais partie du fond. Qui sera cette maison ? Quand ? Je n’ai reçu aucune réponse. Cette future et hypothétique maison me gardera-t-elle au catalogue ou me fera-t-elle disparaître ? Suspense. En attendant, Racines mêlées se vend toujours sur Amazon ! Et je pense que je ne verrai jamais la couleur de mes droits d’auteur sur ces ventes-là.
Donc tu ne maîtrises rien quand tu signes avec une maison d’édition. C’est dangereux.
Racines mêlées, Laure Gerbaud
2 – Tu cèdes tes droits d’auteurs. Vais-je pouvoir récupérer mes droits sur Racines mêlées et le rééditer un jour ? Rien n’est moins sûr ! Dans l’édition, tout le monde se sert d’abord, et toi, l’auteur, en dernier ! Le mépris des artistes a toujours été une constante dans toutes les économies artistiques.
3 – Tu n’as aucun contrôle sur le fait que tu seras édité quand tu prospectes pour trouver une maison d’édition. Tu n’es pas certain d’être seulement lu quand tu envoies tes tapuscrits.
4 – Tu dépenses des fortunes en envois par la poste car très rares sont les maisons d’édition qui acceptent les tapuscrits numériques. Quand je dis des fortunes, je sais de quoi je parle : timbre + grande enveloppe Kraft + gros rouleau de scotch + manuscrit spiralé. Pour ma part, 10€ au minimum par envoi ! Sans garantie aucune que ton manuscrit soit lu, retenu pour passer en comité de lecture, choisi enfin pour la publication.
Pour ma part, je n’ai pas réussi à percer le mur de l’édition une deuxième fois, malgré la publication de mon premier roman qui avait été remarqué. Racines mêlées, prix Matmut du 1er roman, avait aussi fait partie de la sélection du Coup de cœur des lycéens de la fondation Prince Pierre de Monaco 2014 et de la sélection du prix Lions Club régional 2014, à côté de livres aux auteurs très connus.
Rien n’y a fait : surchargés de manuscrits, les comités de lecture sont totalement débordés. J’ai fait face à un dilemme : continuer à présenter mon manuscrit et perdre du temps jusqu’à trouver un éditeur, ou m’autoéditer.
5 – Tu es beaucoup plus certain d’être lu et repéré par une maison d’édition si tu es introduit par quelqu’un, si tu es journaliste, si tu possèdes déjà une certaine notoriété, etc. Par contre, tu peux vivre dans ta brousse, heureux au milieu de tes chèvres, sans connaître personne d’autre que tes voisins paysans, et d’éditer sur Amazon du jour au lendemain, sous le toit de ta ferme !
Crédit photo : yabasan
6 – Une maison d’édition va te distribuer dans une dizaine de pays au maximum. Avec Amazon, tu touches potentiellement 280 millions de francophones dans le monde !
7 – Tu n’as aucune maîtrise de tes dates de publication. L’éditeur décide.
8 – Tu n’as aucune maîtrise de tes dates de salons, signatures… Ca, c’est dans le meilleur des cas, quand ton éditeur t’en propose. Tu es tellement content que tu sautes dessus, quelles que soient les dates, et même si ça ne t’arranges pas du tout !
9 – Tu n’es pas la maîtrise de tes comptes. Le monde de l’édition est parfaitement opaque avec ses auteurs. La feuille de comptes est ridicule, elle ne rend pas compte d’où tu as vendu, dans quelles librairies, etc. Quelques chiffres à peine. Je te l’écris en connaissance de cause. Certaines maisons d’édition peinent à te rendre tes comptes une fois par an… Sur Amazon, tu peux consulter ton compte nuit et jour si ça te chante. Tout est clair et mis à jour en permanence.
10 – Tu ne maîtrises pas ta couverture car ce n’est pas toi qui la choisis. Un éditeur sympa te demande ton avis mais ce n’est pas toujours le cas. J’ai eu cette chance pour Racines mêlées. Heureusement car je n’aimais pas du tout les autres propositions.
11 – Tu n’as pas la maîtrise de ton titre. Les éditeurs ne gardent pratiquement jamais le tien et t’imposent le leur ! Racines mêlées (j’ai fini par m’habituer à ce titre, il n’est pas mauvais) s’appelait au départ La Négriblantude, mot composé, que j’avais inventé, entre blanc et négritude (concept d’Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor), mot expliqué dans le roman même, et qui signifie l’attitude de quelqu’un dont à la culture est un mélange entre culture de Blanche et Noire. Ma maison d’édition a eu peur car elle a trouvé que ce titre n’était pas consensuel. Je pense pourtant qu’il aurait attiré l’attention par son étrangeté et sa référence directe aux écrivains africains.
12 – Tu n’as pas la maîtrise de ta quatrième de couverture. Ce n’est pas toi qui la rédige. Ce n’est pas toi qui décide de ce qu’il faut dévoiler ou non de ton roman.
13 – Tu n’es pas libre de rédiger ta biographie (en général sur la quatrième de couverture.) Donc tu n’es pas maître de l’image que tu véhicules.
14 – Plus grave encore : tu n’es pas libre de choisir le prix de ton livre.
15 – Tu n’es pas libre de créer des promotions de ton livre, si cela te chante. De le vendre comme tu veux, quand tu veux.
Crédit photo : Dennis Skley
16 – Tu n’as pas la maîtrise de ton marketing. Dans les faits, un marketing efficace est mis en place si tu es une star de l’édition. Tu ne le contrôles absolument pas mais il existe et tu es ravi puisque tu vends tes livres. Mais si tu n’es pas une star de l’édition, la réalité est qu’aucun marketing n’est fait pour ton livre. Il est censé se vendre par miracle. On ne te le dira jamais clairement que c’est à toi de faire le boulot pour trouver tes lecteurs. Toi, naïvement, tu crois que tu as justement pris un éditeur pour ça ! Comment s’étonner du nombre de bons livres qui disparaissent chaque année tandis que des cochonneries bien marketées continuent à se vendre malgré le dépit des lecteurs qui se sont laissé prendre ?
17 – Tu n’as pas la maîtrise du nombre d’exemplaire tiré de ton livre. Sur Amazon, le tirage numérique est évidemment illimité, et les livres papiers (programme Createspace d’Amazon) sont imprimés et envoyé à la demande ! C’est incroyable d’efficacité.
18 – Tu n’es pas la maîtrise des réassorts en librairies. Si le réseau de distribution de ton éditeur fait mal son travail, pas de livres en librairies.
19 – Tu n’as pas la maîtrise de la réimpression de ton livre en cas de rupture de stock. Combien de livres coulés, qui se sont pourtant bien vendus au départ, mais que l’éditeur a négligé de réimprimer ? Et cela pour une raison inconnue et incohérente (le directeur de collection est parti en vacances…)
20 – Tu n’as pas la maîtrise de tes droits numériques. En général, tu cèdes tes droits numériques aussi quand tu signes ton contrat. Dans les faits, ils ne s’occupent pas de te publier numériquement mais toi, tu n’as plus le droit de le faire ! Tu peux négocier au contrat pour les garder mais… Bonne chance !
21 – Tu n’as pas la maîtrise de tes droits audiovisuels. Le problème est le même que pour les droits numériques.
22 – Tu n’as pas la maîtrise de ton texte puisque ton éditeur peut te demande de le retoucher X fois avant de décider sa publication. De le retoucher comme il veut, pas comme tu veux.
23 – Tu n’as pas maîtrise du délai de publication. En général, il s’écoule au moins un an entre le moment où tu as terminé de rédiger ton roman et sa publication et distribution en librairie.
24 – Tu es privé de ton plaisir d’être ton propre patron dans toutes les étapes qui te mènent de l’écriture à la publication.
25 – Tu n’as pas la maîtrise de la date de sortie de ton livre. Ce n’est pas toi qui décide.
26 – Tu n’as pas la maîtrise de la communication sur ton livre (hélas, inexistante dans la majorité des cas.)
27 – Tu n’as pas la maîtrise du lancement de ton livre. Ta maison d’édition annonce-t-elle seulement la sortie de ton livre ou se contente-t-elle de le placer en librairie ?
Cela s’apprend et je pense qu’il me faudra plusieurs lancements de livres sur Amazon avant d’en réussir un correctement. Mais je crois aux vertus de l’expérience, ça tombe bien !
28 – Tu n’es pas la maîtrise du pourcentage que tu touches sur le prix de vente de ton livre. Très peu, de toute manière. Dans l’édition française, l’auteur est le plus mal payé de toute la chaîne du livre. C’est littéralement honteux. Je te renvoie à mon article sur la chaîne du livre, qui est très fourni et te permettra de saisir bien des choses : Pourquoi l’écrivain est-il concerné par la chaîne du livre ?
Les éditeurs français considèrent les auteurs comme des clochards qui doivent survivre de gloire et d’eau fraiche. Sois content qu’on t’édite et tais-toi ! Telle est leur devise. Considère que si tu touches 10% du prix hors taxe de ton livre, tu es un auteur heureux. Certaines maisons ne donnent que 8%. La charité, mon bon M’sieur ! Même ton libraire est mieux rémunéré que toi !
Chez Amazon, selon le prix de vente que tu choisis pour ton livre, tu touches de 30 à 70% ! Tout est dit.
29 – Tu ne pourras jamais vivre de ton art d’écrire avec les maisons d’éditions. Sauf si tu écris des best-sellers.
Avec Amazon, tu peux espérer en vivre un jour. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faudra pas fournir d’immenses efforts pour y parvenir. Mais tes chances sont infiniment plus grandes.
30 – Tu n’as pas la maîtrise de te faire traduire et éditer à l’étranger.
Sur Amazon, tu peux le faire. Tu te trouves un traducteur, et tu t’édites toi-même.
Crédit photo : Frédéric Bisson
Les objections à ne pas éditer dans une maison d’édition classique
Tu n’auras pas le plaisir de rencontrer tes lecteurs sur les salons littéraires, durant des séances de signature chez les libraires… C’est vrai qu’Amazon a très peu souvent un stand sur les salons, et qu’il n’y invite que ses best-sellers. Mais : qu’est-ce qui t’empêches d’imprimer tes livres en parallèle d’Amazon et d’organiser des signatures chez les libraires, de participer à des salons en te groupant avec d’autres auteurs (de nombreuses associations d’écrivains le font) ? Ou de proposer une rencontre de temps en temps à tes lecteurs ? Ils peuvent aussi venir avec leurs livres pour que tu les leur dédicaces. Ambiance chaleureuse garantie.
Tu n’auras pas la sympathie du milieu germanopratin littéraire, des journalistes et de la critique parisienne. C’est un fait. Ils sont très ignorants de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Ils s’occupent aveuglément de se promouvoir eux-mêmes, mais ils ignorent les autres. Est-ce important ? Ce n’est plus seulement à la télévision, la radio, et à Paris que les choses se passent maintenant. Développe ta communauté, ouvre un blog littéraire, montre-toi sur les réseaux sociaux, c’est là que ça se passe vraiment !
Bien entendu, tu ne seras jamais l’invité de La grande librairie et, honnêtement, ce doit être une formidable expérience à vivre. Mais qui sait ? Tu seras courtisé par les maisons d’éditions si tu perces sur Amazon ! Souviens-toi de ce qui s’est produit pour Agnès Martin-Lugand.
Par contre, qui t’empêches de contacter les blogueurs littéraires les plus en vue ? De leur envoyer ton livre ? Qui sait ? Les réseaux sociaux sont très riches, et certains blogueurs sont des prescripteurs importants qui fournissent un travail de critique remarquable. Ce sont des passionnés. Cela fait un moment déjà que je me fie à leurs avis de lecture.
A toi de jouer !
Le Cheval de l’Irlandais
De mon côté, je me lance ! Maladroitement sans doute, mais avec beaucoup de cœur à l’ouvrage. Je ne possède pas un plan de lancement et de communication bien construit, j’avoue que j’y réfléchis en ce moment, que je tâtonne, mais au fond, en lançant Le Cheval de l’Irlandais, je sais que je rends un risque mesuré. C’est une belle expérience et je sais que je vais apprendre de mes erreurs. Le prochain livre sera surement lancé plus judicieusement.
Je corrige et peaufine avec maniaquerie mon roman. Je prépare ma couverture et ma quatrième de couverture, ma biographie. J’hésite, essaie différentes versions. Demande avis à mon entourage. Je me renseigne. Je lis des articles de blog sur la publication en ligne. Bref, je me mobilise.
J’espère publier Le Cheval de l’Irlandais d’ici 3 semaines. Bien entendu, je te présente mon roman bientôt, dans un prochain article, et je te tiens au courant de tout.
D’ici là, écris avec passion, et n’hésite pas à me parler de tes expériences avec Amazon dans les commentaires. Et si tu as des conseils, des renseignements à me donner, sache que je serais ravie de t’écouter.
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