Archives par auteur: Laure Gerbaud

10 erreurs faciles à corriger pour écrire un bon roman

 Ecrire un bon roman : 10 erreurs faciles à corriger

 

Crédit photo : patricia m

Crédit photo : patricia m

 

Tu as mis un point final à ton roman, ou ton texte, ta nouvelle, tu l’as lu et relu, corrigé et recorrigé. Pourtant tu te demandes : où est la faille ? Tu as un doute. Tu sens que ton roman pourrait être meilleur. Ta structure narrative semble tenir la route, tes personnages ont une psychologie en béton, ton suspense est impeccable, ton climax réussi. Alors ?

Qu’est-ce qui ne colle pas ? Ce goût qui t’envahit de… comment dire ? Tu l’as sur le bout de la langue… Oui : ce goût d’inachevé ! Comment l’expliques-tu ? C’est bien le problème : tu ne sais pas. J’ai vécu ça aussi, nous l’avons tous vécu, nous qui écrivons.

Pas de panique. Je te montre en 10 points ce que tu dois vérifier en urgence. Il se peut que tu aies simplement oublié un ou des détails qui participent de manière importante au grand tout qu’est ton roman, ta nouvelle, ton conte. Il suffit d’un rien pour dénaturer l’ensemble, le rendre moins crédible. Or la grande affaire d’une histoire, d’un roman, c’est de rendre crédible l’incroyable. Il ne faut jamais perdre de vue cela. Il faut donc faire attention à chaque détail.

Vérifie :

1.   Tes noms et prénoms de personnages

 

John dans les années 50 aux États-Unis paraît naturel. John, français vivant en France dans les années 50, et bien… A moins que son père soit un GI jamais rentré au pays ?  Là, ça devient crédible.

Ça n’a l’air de rien mais un nom et prénom mal choisis peuvent donner à ton livre une allure boiteuse. Ton lecteur n’analysera pas forcément pourquoi mais il ressentira un vague malaise : quelque chose n’est pas à sa place. Il n’y croira pas, il ne se laissera pas prendre par l’histoire.

2.   Le milieu social

 

Notre monde est social. L’homme est un animal social. Dans n’importe quel pays, civilisation, même dans la tribu la plus perdue aux confins de l’Amazonie, tout clan est social. Chaque lieu est attaché à des us et coutumes, des manières d’être, de faire, penser, sentir, des croyances particulières.

Ton personnage n’agit pas de la même façon s’il se bat pour sa survie dans un bidonville au Guatemala que s’il prend du bon temps dans un manoir irlandais. C’est une réflexion très basique mais je suis un peu fatiguée des personnages dont le milieu social et les manières ne sont pas corrélées. On en trouve trop souvent dans les romans. Ce qui fait que le lecteur n’y croit pas.

Je garde toujours en tête un roman extraordinaire qui traverse de multiples milieux sociaux en les décrivant de manière exemplaire. Il m’a émerveillée en grande partie par cela. Il raconte l’ascension sociale vertigineuse d’une femme et sa chute. Je ne peux que t’enjoindre à lire un jour ce pavé de trois tomes à l’écriture magistrale : La sans-pareille, L’archange de Vienne, L’enfant aux loups. Françoise Chandernagor y est d’une justesse parfaite. Une longue et intéressante interview d’elle ici. Et plus courte mais pertinente ici.

 

Françoise Chandernagor

Françoise Chandernagor

 

3.   L’orthographe

 

Je te renvoie aux Bescherelle, aux logiciels de correction, aux amis qui veulent bien épouiller ton texte pour y cueillir les dernières coquilles… Ne laisse rien passer. Ça fait désordre un romancier qui fait des fautes. Si tu as vraiment trop de lacunes, prends un correcteur de métier. C’est un sacrifice qui en vaut la peine, surtout si tu t’autoédites. Je pense même que là, c’est indispensable.

4.   La conjugaison

 

La concordance des temps surtout… Je lis parfois de drôles de choses. Je ne suis pas certaine que moi-même, parfois… La langue française est très complexe et l’on a beau écrire depuis longtemps… Vérifie-toi encore.

5.   La typographie

 

Les conventions typographiques sont strictes. Elles ont étés conçues au fil du temps surtout par les imprimeurs pour faciliter la lecture. Aucune fantaisie ! Quelquefois, elles frôlent l’aridité. Elles ne t’arrangent pas toujours, toi, l’écrivain ! Mais il faut t’y plier pour faciliter la lecture de ton roman à tes lecteurs car ils y sont habitués depuis toujours, comme nous tous. Si tu fais une entorse, il faut qu’elle soit voulue, utile, immédiatement compréhensible, et apporte un plus significatif. C’est surtout en poésie que tu peux te permettre quelques écarts.

Si tu n’as pas la moindre idée du casse-tête que représentent les règles typographiques, jette un œil, et même les deux, ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Conventions_typographiques

 

Crédit photo : patricia m

Crédit photo : patricia m

6.   Ton genre littéraire

 

Ton genre littéraire est-t-il bien défini ? Et s’il est hybride, voire expérimental, paraît-il volontaire ou conçu par hasard et maladresse ? Polar ou thriller ? Romance ou drame ? Heroic fantasy ou science-fiction ? Ou les deux volontairement ? Ou trois genres qui se mêlent ? Attention, le mélange des genres est le plus délicat à manier. Tu peux mêler tout ce que tu veux pourvu que ton lecteur comprenne tout de suite et sache toujours où il en est.

7.   Les répétitions

 

C’est étonnant ce que je lis parfois ! Les répétitions sont pourtant très simple à corriger. Il faut un peu d’attention, c’est tout.

En revanche, tu as le droit de jouer sur la répétition. C’est un art, un procédé formidable quand il est bien utilisé. Il peut apporter beaucoup de force à un texte en donnant de l’insistance, de la présence à un mot, quelques mots ou une expression.

8.   Tes tics de langage

 

Je ne parle pas des tics de langage que tu as peut-être placé, volontairement, dans la bouche de certains de tes personnages pour les rendre plus insolites, caricaturaux ou simplement caractéristiques. Il est rare qu’un écrivain s’en serve mais pourquoi pas ? Cela peut être intéressant.

Je parle de tes tics de langage, pardi ! Il faut les ôter s’ils sont récurrents, n’apportent rien ou affaiblissent systématiquement ce que tu exprimes. Tu me suis : il faut traquer tes tics. Prends du recul sur ce que tu écris pour les voir. SI tu n’as aucun tic de langage à corriger, que ta langue est sans défaut, tu es béni des dieux !

9.   Le participe présent

 

Traque-le parce qu’il n’existe rien de mieux qu’un participe présent mal placé pour alourdir et tuer une phrase. Si tu as un doute, lis ta phrase à voix haute. Le participe présent doit se rapporter à un nom ou un pronom. Or je lis de plus en plus de phrases ahurissantes où le participe présent ne se rapporte à… rien. Je ne suis pas du tout contre le participe présent car il est réellement utile. Mais utilise-le à bon escient.

Par exemple : En ouvrant mes volets ce matin-là, un grand bonheur m’envahit. (Jean d’Ormesson) C’est correct.

Par contre, ceci ne l’est pas : Joseph est le seul homme à avoir mangé des pommes, permettant d’alléger le panier. Pourtant je lis ce genre de construction absurde partout. Ce n’est pas Joseph qui a permis d’alléger le panier. C’est son action : il a mangé les pommes. Donc il faut écrire : Joseph est le seul homme à avoir mangé des pommes ; il a permis d’alléger le panier. Ou encore : Joseph est le seul à avoir mangé des pommes, ce qui a permis d’alléger le panier. C’est autrement plus clair et élégant.

10.   Les formes passives

 

C’est pareil, j’en vois de plus en plus, à toutes les sauces. La forme passive ôte énormément de vie et d’élan à la phrase dans notre langue. Elle coupe l’action et affaiblit l’attention du lecteur, embourbe le roman dans la mollesse. Il faut que le lecteur se sente avancer de concert avec les personnages et l’intrigue.

Exemple : Elle se fit poser par un coiffeur des bigoudis dans les cheveux. (Oui, je sais, c’est superbement littéraire ! C’est pour que tu t’en souviennes !)

Je préfère : Un coiffeur lui posa des bigoudis dans les cheveux. C’est plus direct, plus franc.

 

 

Crédit photo : quattrostagioni

Crédit photo : quattrostagioni

 

Ce tour d’horizon de 10 erreurs faciles à éviter est achevé. Je pense que cette liste te sera utile, particulièrement si tu débutes. Maintenant rien ne sert de lire cette liste si tu ne te mets pas au travail. Je t’invite donc à prendre ton roman et à le corriger encore une fois. Je te conseille aussi de lire mon article sur les 4 trucs infaillibles pour rendre un roman crédible.

Tu peux tout corriger en même temps si tu es déjà entrainé à cela. Mais si tu débutes, je te conseille de regrouper au maximum trois recherches d’erreurs d’un type différent sur une lecture. Puis de recommencer avec d’autres types d’erreurs. Ainsi, ton filtre sera plus réduit donc plus efficace.

N’hésite pas à me laisser tes commentaires sous l’article et, s’il t’a plu, à le partager sur les réseaux ou à un ami.

A bientôt,

Laure.

 

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Richard Bohringer, rebelle magnifique, et L’ultime conviction du désir

Quand Richard Bohringer a écrit son premier livre, C’est beau une ville, la nuit, je ne l’ai pas lu, agacée par le battage médiatique –et oui, déjà à l’époque, 1988, on vendait la littérature comme on vend de la lessive ! Ce qui lui fait bien du tort. Mais là n’est pas la question ; j’écrirai peut-être un article à ce propos, un jour de coup de gueule.

Pour en revenir au premier livre de Richard Bohringer, acteur, réalisateur, chanteur, baroudeur, écrivain, grande gueule, j’ai eu tort de ne pas le lire si j’en juge par L’ultime conviction du désir, sorti en 2005 chez Flammarion. J’ai une grande sympathie pour ce personnage hors norme qui n’hésite jamais à dire ce que tant de gens pensent tout bas. Cet homme est un brasier. Il enflamme tout sur son passage.

 

L’ultime conviction du désir              Richard Bohringer

 

L’ultime conviction du désir

 

J’ai été emportée par son flot d’images, de sensations, d’odeurs, de sons, d’émotions. Richard Bohringer nous balance tout. Et c’est beau. Vraiment très beau. C’est un long texte alternant phrases courtes, phrases sans verbes, mots seuls. Comme un long chant, un poème de 126 pages, une litanie de l’amour et du désir. Un carnet de voyage en mots. Une succession d’instants, de situations, de rencontres avec lui-même, avec les autres. Rédigé comme on rédigerait un journal intime. Ou des lettres. Pas de structure. Même la chronologie est bouleversée, sans importance. C’est une livre splendide, dont on ressort secoué. Et du point de vue d’un écrivain, c’est un livre-tour de force car il prouve qu’on peut écrire sublimement un hybride : ni roman, ni essai, ni nouvelle, rien d’habituel, de connu. Richard Bohringer a laissé glisser sa plume avec vélocité, sans chercher à entrer dans aucun moule littéraire, et ce n’est pas le moindre charme de son livre. Il est un homme à prendre ou à laisser, sans concessions. Je prends.

Richard Bohringer griot

 

   Il y aura sur la route, des villages de chaque côté, un grand arbre dans l’air brûlant. Intense l’âme derrière le pare-brise.

   Les femmes, boubou fou, balancent un coup sensuel sur les poubelles mille fois soulées. Petits talibés, hordes d’orphelins, qui sourient et qui rient. Malgré tout.

   Mon cœur est à toi ma merveille, ma terrible Afrique.

   Je te regarde. Je m’enfouis en toi. Maman. Tes seins comme un continent. 

 

Un style, un ton, et un tour du monde

 

Le miracle de son style est d’avoir réussi à créer avec de si courtes phrases un livre épique, lyrique, qui soulève l’âme, la porte, lui donne l’émotion forte, âpre, parfois désolée, mais follement désirable de la liberté. Richard Bohringer n’est pas un amateur : il écrit comme on respire, et avec conviction. Il a du chien. Son style a de la gueule. Son ton a de la gueule.

C’est le tour du monde, les continents abordés, les différences partagées, aimées, appréciées, les cultures présentées comme des cadeaux et non plus des contraintes, des paysages de brousse, de nulle part, de là où l’on ne va jamais, ou si peu quand on est un occidental : c’est un tour du monde, Amérique du Sud, France, Asie, Islande, et c’est souvent l’Afrique que Richard Bohringer adore. Il est du reste citoyen sénégalais depuis 2002.

Ce qui personnellement me sensibilise beaucoup puisque j’ai vécu 14 ans en Afrique. Je n’ai jamais pu l’oublier. Et là, je suis touchée au cœur. Quand il parle de l’Afrique de l’Ouest, tout y rendu avec grâce, sensibilité, intelligence.

L’ultime conviction du désir, c’est Richard Bohringer qui crie sa révolte devant la dureté du monde, des profiteurs, des politiques et s’extasie devant la beauté de l’univers, des êtres, des paysages, hurle son amour, son amitié, sa tendresse rocailleuse, son trop-plein de vivre et d’aimer, de partager fraternellement ce que la vie nous offre de plus précieux : le rire, le sourire, le silence complice, un thé à la menthe, un chant, la musique, ses enfants, ses belles rencontres, les femmes, le sexe…

Les pages écrites sous influence musicale malienne. Aimer l’Afrique c’est être sous influence.

   La nuit bleue. Sur le fleuve Niger. Bamako. Ton blues m’a pris l’âme.

   La pirogue caresse l’eau.

   La lune proche, si proche, faramineuse, élégante, se pose devant moi. En ombres chinoises des bouts de vie, des arbres, des cases. Je suis dedans. Dans l’écran. Au milieu de la vie en ombres chinoises.

Et plus loin :

   Nous danserons toute la vie l’un contre l’autre. Peau contre peau. Sel mélangé. Rigole entre tes seins, entres tes fesses. Musique lointaine. Blues dans la nuit. Donne envie. Tes seins dans mes mains.

 

Crédit photo : Gustave Deghilage

Crédit photo : Gustave Deghilage

Une musique bien à lui

 

J’ai rarement lu un aussi bel hymne à l’amour de la vie. Un hymne rythmé comme un jazz ou un reggae sensuel. Richard Bohringer a de l’oreille. Sa langue chante et swingue. A ce propos, offrez-vous l’un de ses C.D. Ecoutez-le dire ses textes. Et lisez-le.

Surtout, allez-y ! Entrez dans son univers. Il n’est pas politiquement correct. Un instant magique bien au-dessus de toutes les médiocrités publiées, des livres montés au pinacle on se demande par quel miracle d’entregent. Sur l’acte d’écrire aussi, il a des réflexions fulgurantes.

   Toi qui lis ce bouquin, j’écris le désir de la vie. Écrire à toutes pompes. Comme un fou. Ne pas savoir où aller. Se perdre. Me réfugier.

   Prendre la machine dans ses bras. S’abriter derrière le clavier.

   Écrire. Les torrents, les bateaux au bout du monde, les fleuves, les grandes marées, les prémonitions, les ombres, la discutation humaine, la palabre. L’envie de se raconter l’autre.

   L’ultime conviction du désir.

   On mourra pas et si on meurt tant pis.

   Oublie que je t’aime.

L’amour, la passion, les humbles

 

Richard Bohringer chante la vie, les pauvres, les délaissés, les oubliés, les humbles. Il chante l’homme et la femme. Il n’oublie pas les enfants. Richard Bohringer aime au-delà de l’amour, plus fort encore. Il brûle de passion. Peut-être est-ce pour cela qu’il se noie parfois dans l’alcool. Sans doute une tentative pour apaiser la brûlure, l’intensité. Mais c’est vain : la brûlure est là.

   L’écriture devient dangereuse. Elle dénonce l’imposture. Refuse le mensonge. Sauve les anges déchus. Les paumés de leur vie. Les tendres qui regardent tout dans les rues.

Et encore :

   Vivre l’écriture. À la folie. N’avoir aucun génie. Juste la vie vécue. La transcendance et l’espérance. L’inspiration. Tuer l’inspiration au profit des belles-lettres. Les spadassins traînent dans les couloirs de la culture.

   Les groupes de pensée deviennent uniformes. Vivre l’idée de l’écriture. Écrire par tous les temps. Au bout des champs. Derrière l’horizon. Les phrases odeurs. Les phrases souvenirs. Il y aura celles écrites. Il y aura celles sans traces. Juste pensées. Juste vécues. Tout ne sera pas écrit. Trop d’intime à deviner entre les lignes.

La vérité qui cogne aux tripes, le livre qu’on ouvre pour ne le fermer qu’au dernier point –avec regret- et dont on sait qu’on le relira encore et encore.

Et il faut bien entendu le lire avec L’ultime conviction du désir.

 

Crédit photo : Gustave Deghilage

Crédit photo : Gustave Deghilage

Quelques mots supplémentaires à propos de l’air du temps :

 

J’ai été invitée cordialement à écrire un article par mon collègue écrivain et blogueur, comme moi, Malik Kahli. Tu peux lire mon article sur son blog, Ecrivain en devenir : 7 personnages écrivains de roman . Malik prépare la sortie de son prochain livre ; affaire à suivre…

Je te souhaite de très belles fêtes ainsi qu’à tes proches. Bientôt une nouvelle année et d’autres défis à relever pour chacun d’entre nous. Certains seront littéraires. Pour 2017, j’ai décidé de te tenir au courant de ce que je mijote dans mes grands chaudrons d’écrivain : des plats amers, sucrés, des salés, roman et théâtre… Je te raconte tout en 2017, promis !

Je pense aussi que je vais tenter le podcast -tu vas entendre ma voix, il était temps- et même la vidéo -là, tu verras ma tête, enfin !

Je te remercie pour ta fidélité, ta présence, tes lectures de mes articles, de mes petites nouvelles, tout au long de 2016. On se retrouve dans quelques jours pour entamer l’année 2017 sur les chapeaux de roues. Et d’ici là, champagne pour nous tous !

 

*                                                                                     

 

 

 

 

 

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Prix Matmut du 1er roman : un prix pour te faire éditer !

Prix Matmut du 1er roman : un prix pour te faire éditer ! 7 conseils d’une lauréate.

 

Racines mêlées, Fnac Montparnasse

Racines mêlées, Fnac Montparnasse

La spécificité du Prix Matmut du 1er roman

 

Le prix Matmut a ceci d’exceptionnel qu’il a été créé pour couronner un roman qui n’a pas encore été édité. Il s’agit donc d’un manuscrit. Le prix comprend un à-valoir très correct de 2000€ sur les futures ventes du roman et, plus important encore, la publication du roman.

Les prix littéraires qui couronnent un 1er roman sont très rares. La majorité des prix couronnent des romans déjà édités. Or il est très difficile de se faire éditer (d’où le succès actuel et grandissant de l’autoédition.) Mais si tu es lauréat du prix Matmut, tu es édité ! Et par une grande maison : Denoël.

Le prix a été créé en 2014 par la Matmut, qui aime faire du mécénat : recherche médicale, musique, spectacle vivant, arts graphiques et plastiques. La Matmut est par exemple mécène du Centre Pompidou à Paris, présente aux côtés du festival Normandie Impressionniste depuis 2010, accompagne le 106 et l’opéra de Rouen. Elle possède un magnifique Centre d’art contemporain en Normandie, château que j’ai eu la chance de visiter quand j’ai été invitée au siège de la Matmut. Les expositions y sont de qualité et gratuites. En 2016, la Matmut a aussi créé le prix musical Matmut, qui est un prix international d’orchestre de jazz.

Quel est l’intérêt d’être nominée ? Pourquoi je te parle de tout ça ?

 

Parce que si je n’avais pas été lauréate du Prix Matmut 2014 du 1er roman pour Racines mêlées, je ne serais pas en train de t’écrire cet article sur mon blog. Car tant que je n’étais pas éditée, je ne me sentais pas complètement légitime pour te partager tout ce que je pense avoir compris sur la manière de procéder pour écrire un bon roman.

C’est bien cela le miracle de ce prix : du jour au lendemain, tu sors de ton anonymat, ton manuscrit est reconnu comme un roman qui mérite d’être édité, il est imprimé et distribué dans toute la francophonie et sur internet. Et tu te sens pousser des ailes !

Légitimée, tu n’auras plus de cesse d’écrire et de trouver un éditeur pour tes prochains romans. Ou de t’autoéditer. Quoi qu’il se passe, ne lâcheras plus l’écriture.

1er du 1er !

 

Le hasard a fait que je suis la 1ère lauréate du 1er lancement du prix Matmut du 1er roman ! Oui, en 2014, la Matmut lançait son prix ! Tout était nouveau pour l’équipe qui gère ce prix, et qui a été parfaite, pour le jury, et pour moi, bien entendu, qui débarquait de ma province pour recevoir à Paris mon prix et tenir entre mes mains, pour la première fois, mon roman Racines mêlées. Je te laisse imaginer mon émotion !

Le jury, si tu as la chance de remporter le prix et donc de le rencontrer, s’est montré chaleureux et accueillant au-delà de mes attentes. C’était une petite fête et j’y ai dédicacé pour la première fois mon roman. Rires et champagne. Philippe Labro est toujours président du jury, composé de Catherine David (auteur qui a eu la gentillesse d’écrire une longue préface pour mon roman), Catherine Ceylac (Thé ou café), Jean-François Zygel (pianiste, compositeur), Ibrahim Maalouf (trompettiste), Caroline Casadesus (cantatrice)… Bref, tu seras entre de bonnes mains. Des artistes, des journalistes, le jury parfait !

Si tu veux en savoir davantage sur le règlement et l’inscription, il te suffit de lire cet Appel à Candidature.

 

Catherine David, Laure (c’est moi), Caroline Casadesus, Jean-François Zygel

Catherine David, Laure (c’est moi), Caroline Casadesus, Jean-François Zygel

 

Récapitulatif du jeune mais prometteur Prix Matmut :

 

En 2014, j’ai eu le prix pour Racines mêlées.

En 2015, le Prix Littéraire Matmut a été décerné à Thierry Conq & Ronan Robert pour leur récit L’Abeille Noire, un chef-d’œuvre, et je pèse mes mots ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti une telle jubilation à lire un roman d’aventure !

En 2016, le prix est allé à Fabienne Périneau, comédienne, pour son roman intitulé Un si long chemin jusqu’à moi.

En 2017, le prix n’ira pas à toi parce que la date limite de remise des manuscrits est dépassée, je viens de m’en apercevoir.

Par contre, n’oublie pas de participer pour le prix 2018 dès que les inscriptions seront de nouveau ouvertes. Ce qui te laisse le temps de peaufiner ton roman… A toi de l’écrire en attendant !

 

L'Abeille Noire, Prix Matmut 2015

L’Abeille Noire, Prix Matmut 2015

 

7 conseils rapides et efficaces :

 

  1.  Fais 10 jets si nécessaire.
  2.  Corrige ton orthographe, ta syntaxe, ta conjugaison, ta typographie, tout, absolument tout.
  3.  Puis fais relire ton roman à quelqu’un capable de repérer les dernières coquilles : un professeur de français serait l’idéal ou un correcteur de métier, en lui expliquant bien tu ne veux pas son avis littéraire mais ses corrections d’orthographe, de syntaxe, de conjugaison, de typographie. Ne le donne pas à corriger à ta tante Véra ou à ton neveu Gudule qui n’y comprennent rien.
  4.  Vérifie la structure de ton roman. Tout tient la route ? Vraiment ?
  5. Frappe ton texte en Arial ou New Times Roman, en 12, et en double interligne. Recto seulement. Fais le relier avec une spirale. C’est ça ou rien.
  6. Relis mon guide ou lis-le si tu ne l’as pas déjà fait (tu le trouves dans la barre latérale droite de mon blog), et applique mes techniques (elles m’ont porté bonheur !)
  7. Sois toi-même. Sois original. Fais-toi remarquer. Ecris un roman qui te ressemble, pas une pâle imitation de livre à la mode. La mode, ça se démode.

Enfin, je te souhaite bonne chance et une immense inspiration. Et si tu remportes le prix 2018, n’oublie pas de me prévenir !

 

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Vivre pour écrire ou écrire pour vivre ? Mode d’emploi !

Vis-tu pour écrire ou écris-tu pour vivre? Mode d’emploi de l’écrivain épanoui !

 

« Il faut vivre pour écrire, et non pas écrire pour vivre. »

 

C’est ce que Jules Renard écrivait dans son Journal, le 9 janvier 1908.

Comment tirer profit de cette citation de Jules Renard ? En en faisant ton mode d’emploi de l’écrivain épanoui, bien sûr !

 

Stylo-plume

1er cas :

Tu écris ton roman sans respirer, sans manger, vivre, 10 heures par jour, oubliant tes enfants, ta compagne ou ton compagnon, ton boss, ton boulot : cet article est l’occasion de te réconcilier avec ton existence –et ton livre.

2ème cas :

Tu n’écris plus ton roman, ou presque, parce que tu as perdu l’inspiration, la motivation ou l’enthousiasme : c’est également l’occasion de te réconcilier avec ton inspiration, ta motivation, ton enthousiasme –et ton roman.

3ème cas :

Tu es un écrivain parfaitement épanoui et équilibré, denrée rare : reste quand même. Un écrivain averti en vaut deux !

 

Dans le 1er cas :

 

Tu es complètement obsédé par l’écriture de ton roman. Tu le considères non comme une réalisation en soi et une réalisation de toi-même, mais comme une obligation de réussite : tu écris pour vivre. Tu es dans la peau d’un écrivain qui part en guerre avec des objectifs de temps, de réussite, de succès, peut-être même de but financier. Toute ton existence est programmée par l’écriture de ton livre. Il n’y a place pour rien d’autre.

Il se pourrait bien que l’inspiration ne vienne plus assez rapidement. Tu ne caleras probablement pas au premier roman mais au second ou au troisième. Ecrire ne doit pas être une corvée mais un plaisir ardent.

Je ne dis pas qu’il ne faille rien programmer, d’écrire au petit bonheur la chance. La structure d’un roman est primordiale. Qu’on la mette au point en cours d’écriture ou qu’on la conçoive avant de rédiger, le concept est le même : suivre une ligne en se donnant la possibilité de la retoucher, la transformer, la faire évoluer. Je te renvoie à mes articles sur l’écriture de roman ou à mon guide gratuit.

Le risque, quand on est taraudé par un objectif de temps et de réussite, est d’écrire mécaniquement, pour écrire en quelque sorte, remplir les trous, se voir avancer de chapitre en chapitre. On n’écrit plus parce qu’on a vraiment quelque chose à écrire. Personnellement, je préfère cent fois attendre quelques jours quand l’inspiration n’est pas au rendez-vous que d’écrire un contenu insipide. Je ne suis pas un traitement de texte : je suis un écrivain.

Cette obligation à écrire, c’est écrire pour vivre. Ecrire à tout prix. Ecrire pour écrire. Quitte à oublier pourquoi on a commencé à écrire un roman, pourquoi on veut écrire, comment on aime écrire. En oubliant que le but ultime de la vie est de vivre et d’être le plus heureux possible. C’est un piège dans lequel nous sommes tous plus ou moins tombés, en débutant dans l’écriture. Il faut être vigilant : certains ne s’en sont jamais remis ! Ils sont toujours là, au fond des oubliettes, à écrire même quand ils n’en n’ont plus envie, épuisés, hagards, réduisant dangereusement leur vie sociale et écourtant leurs nuits.

 

Crédit photo : The British Library

Crédit photo : The British Library

Dans le 2ème cas :

 

Tu écris parce que tu éprouves le besoin urgent de partager ton inspiration. Tu es heureux d’écrire. Tu vis pour écrire.

Ecrire un roman, c’est se faire plaisir avant tout. Tu écris pour le bonheur égoïste d’écrire et c’est bien. Parce que cet acte génère en toi de l’enthousiasme, du désir, de la fantaisie, de l’amour. Et parce que tu désires faire passer, au travers tes livres, des messages qui te paraissent pertinents. Tu écris parce que tu es doué pour écrire. Parce que la muse te titille l’oreille souvent, te dictant des mots qui se transforment miraculeusement en phrases puis en livres.

Et si tu peux en vivre, financièrement, c’est le miracle réalisé, la grande joie, c’est l’accomplissement.

 

L’éthique de l’écrivain

 

Mais écrire n’importe quoi pour en toucher salaire, écrire des niaiseries, des platitudes, de la médiocrité, voir de la vulgarité parce qu’il y a un public pour cela, c’est la prostitution de l’intellect et je m’élève contre. Ce que nous faisons de notre cerveau est aussi important que ce que nous faisons de notre corps. Aussi précieux.

Ce que nous racontons aux autres aussi. Ce que nous leur faisons lire aussi. Nous sommes responsables de nos productions comme de nos existences. Les écrivains sont influents. Ne produisons pas de mauvais livres parce que nous écrivons pour vivre. Et puis, c’est une affaire de liberté intérieure. Vivons plutôt pour écrire. Pour mieux vivre. Etre plus épanoui.

 

L’inspiration, au fond, qu’est-ce ?

 

C’est la façon unique dont ton inconscient unique va digérer et transmettre ce qu’il a vécu, vu, enregistré, lectures, odeurs, sons, émotions, raisonnements et j’en passe. Tu es tout entier contenu dans ton inconscient et il est la matière première de tes livres et ton imaginaire. Il faut donc en prendre soin car c’est un champion. Et les champions, on les bichonne !

Si tu ne lis que des romans de troisième catégorie, tu écriras des romans de troisième catégorie. Si tu fréquente des imbéciles, tu écriras des livres pour imbéciles. Si tu fréquente des gens vénaux, tu écriras des livres vénaux – c’est-à-dire des livres stupides, écrits pour le plus grand nombre, et peut-être auras-tu même du succès financier ! Mais quel genre de succès financier ? Un succès qui rend fier ou un succès de larbin ?

 

Imagination

 

La qualité et l’excellence de ton écriture

 

Tu l’auras compris : je suis pour la qualité et l’excellence. Mieux vaut lire un excellent livre par semaine que trois médiocres. Mieux vaut écrire un bon roman que trois mauvais. C’est comme ça qu’on finit par écrire vite et bien. En se traitant bien. Mais le départ est plus lent : on ne se contente pas. On cherche à s’améliorer. On écrit beaucoup dès que l’inspiration est là. On fait tout pour la nourrir. On se repose. On recommence. On cherche de nouveau à s’améliorer. Mot par mot. Humblement. L’écriture est un art et un artisanat. Une cuisine intime qui mixte idées, mots, techniques, ressentis, sensations, souvenirs recyclés, culture… Et un jour, tout s’éclaire : tu écris vite et bien ! C’est ce que j’appelle vivre pour écrire.

 

Vivre pour écrire

 

Tu as placé si haut l’art d’écrire que l’écriture te porte dans ta vie. Elle est là, irremplaçable : le sel de ton existence. Pas un sacerdoce, pas un sacrifice, non : une compagne, un compagnon, une amie, un ami, une passion qui fait partie de toi comme un autre membre, un quatrième œil ! Tu vois tout par le filtre de l’écriture, inconsciemment, bien entendu. Tu écris pour montrer que la vie est belle et qu’elle vaut d’être vécue. Tu écris pour transmettre ce qui te tient à cœur.

Tu profites des expériences de l’existence. Tu joues, tu voyages, tu prends des risques, tu as des émotions, des sensations. Tu ne t’enferme pas comme un ermite tout le temps. Seulement quand ton besoin d’écriture se fait entendre. Tu es un joyeux compagnon, parent, ami, collègue. Tu vis, tout simplement. Et tout cela prend place dans ton inconscient qui le redistribuera généreusement, à sa manière unique, dans tes romans.

 

L’inspiration

 

Alors si l’inspiration n’est pas au rendez-vous aujourd’hui, ne lui en veux pas. N’insiste pas trop longtemps, pas plus d’une bonne heure ou deux. Puis sors, aère-toi, pratique une passion, voyage, découvre un lieu, un plat, un film, un livre, un paysage, un être, un musée, peu importe, et l’inspiration reviendra : tu l’auras nourrie. Ne l’affame pas. C’est vivre pour écrire.

C’est ce que nous dit aussi Louise Portal, avec ses mots : Ecrire, c’est une liaison d’amour avec soi et les choses, et les moments et les gens. Ecrire, c’est comme vivre une vie parallèle à sa vie de chaque jour : c’est le vase purificateur de l’âme et de ses mouvances. C’est un joli programme, non ?

Et toi quel genre d’écrivain es-tu ? Tout l’un, tout l’autre, parfois l’un ou l’autre ?

 

 

Jules Renard, Journal 1887-1910    

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Ecrire un roman court, léger et profond comme Milena Agus : Battement d’ailes

Ecrire un roman court, léger et profond : Battement d’ailes  de  Milena Agus

 

Un lieu paradisiaque, une femme extraordinaire

 

Battement d’ailes se déroule en Sardaigne, dans une propriété merveilleuse, une campagne au bord de la mer. Entourée de logements pour touristes, elle est convoitée par des promoteurs. Madame, personnage principal du roman, y vit modestement, tenant une pension pour 8 personnes et exploitant sa terre. Elle refuse de vendre pour s’enrichir. Généreuse et fantaisiste, elle reçoit aussi bien un amant qui l’exploite que des gens perdus qui traversent de mauvaises passes.

 

Crédit photo : Christophe Delaere

Crédit photo : Christophe Delaere

Une jeune narratrice

 

Le roman est écrit à la première personne par un personnage aussi intéressant : une adolescente à l’imagination fertile et rêveuse mais à la vision plus lucide que celle des adultes qui l’entourent. Elle est également beaucoup plus intelligente que la plupart d’entre eux, y compris de sa propre mère, personnage falot et irresponsable. L’adolescente adore Madame. Car elle aussi est différente. Elle aussi possède un inépuisable fond de bonté comme son propre grand-père, seul ami de Madame.

Sous la surface

 

Ce roman est une peinture de personnages, toute en finesse. Plus que l’histoire, c’est cela qui m’a attaché à sa lecture. Les personnages secondaires y sont évoqués par touches, discrètement, et pourtant on sait toujours exactement à qui on a affaire, quels sont leurs secrets, leurs failles.

Madame cache un secret bien vite éventé par la narratrice et son grand-père : malheureuse en amour, elle est nymphomane. Ce qui n’enlève rien à la grande amitié qu’ils lui portent.

L’atmosphère

 

C’est un roman doux, acidulé, fantasque, aux limites du rêve. On n’est pas loin du réalisme magique comme chez les auteurs Sud-Américains. Je ne serais pas étonnée que Milena Agus les lisent avec beaucoup d’intérêt. Son humour perce, son ironie éclate même aux travers des yeux de l’adolescente quand elle décrit les voisins, famille de catholiques de 9 enfants qui ne sont pas sans me rappeler les Le Quesnoy du film La vie est un long fleuve tranquille.

« A propos de nos voisins qui voudraient vendre, Madame ne comprend pas que des personnes pieuses et bonnes, qui avant de manger prient pour rendre grâce à Dieu de leur repas, ne le remercient pas aussi pour ce morceau de paradis terrestre et qu’elles soient favorables à la construction de cubes de béton avec jardinets à l’anglaise, reliés par des routes carrossables, et tout ça pour de l’argent . Comme si on ne devait pas préserver l’œuvre du Seigneur même si ça ne nous arrange pas. »

 

Crédit photo : grego1402

Crédit photo : grego1402

Le style et le ton

 

Le récit de l’adolescente (dont le père a disparu après avoir ruiné sa famille au jeu) est fait dans une langue simple mais précise. Peu de mots mais choisis. Et des trouvailles qui sont d’extraordinaires raccourcis.

« De la richesse de ma famille, il ne reste rien.[…] Mais au fond, si on excepte l’argent, nous ne manquons de rien. »

Le livre est du reste court, dans les 140 pages. Ce qui n’empêche pas son univers de s’imposer tout de suite dans notre imaginaire. L’adolescente nous touche parce qu’elle a le don d’instiller de l’humanité, et même de la bonté dans tout ce qu’elle voit et choisit de traduire par ses mots. Des personnages qu’elle dépeint, elle dit au fond du bien, même quand elle est en désaccord avec leurs manières de penser, d’être, avec leurs moeurs. Il s’agit une adolescente bienveillante et tolérante, genre de personnage qui se fait rare dans la littérature, plus portée aux anti-héros que jamais depuis 20 ou 30 ans.

J’ai lu en 2 heures, un soir, ce court récit que j’ai trouvé très émouvant. Je ne l’ai pas lâché tant cet univers de paradis sarde est bien dépeint, tant les personnages m’ont émus. Il faut dire que je suis sensible à ce genre de lieu : une campagne du sud, le soleil, les animaux, la mer. Oui, je suis une femme du sud, pas de doute. Et je connais ce déchirement : j’ai perdu la campagne de mes grands-parents, paradis méditerranéen transformé en lotissement. Une perte inoubliable.

  •                                                 

Le combat de Milena Agus et de son héroïne

 

Sous son apparente simplicité, c’est un livre qui dénonce et combat. C’est le combat d’une femme, Madame, qui cède à une mélancolie incessante, à la dépression, à une culpabilité obscure ; c’est aussi le combat d’une femme face aux promoteurs. Elle défend le droit du bonheur à vivre dans la nature et s’oppose à la destruction de la nature et aux plaisirs immédiats du confort. On comprend bien que ceux-ci n’apporteront jamais ceux que procure la nature. Madame, c’est David contre les géants du capitalisme. Battements d’ailes est un livre qui s’insurge contre le béton, le goudron, la laideur des cités balnéaires, l’urbanisation à outrance. Un roman un peu écolo, au fond. Tous ces combats me sont sympathiques.

Le Grand-père dit que Madame est « l’homme nouveau », l’unique type humain qui pourra survivre à la catastrophe actuelle car elle sait distinguer entre les babioles et ce qui compte dans la vie. Madame doit défendre cet endroit contre tous ceux qui voudraient y construire des villages de vacances, ces gens qui ne pensent qu’à s’enrichir. Elle le défendra sans violence. Avec sa détermination courtoise. Parce que c’est l’arme du futur. Et le futur, c’est Madame.

Qui est Milena Agus ?

 

Milena Agus, écrivain profondément sarde, a connu son premier succès en France avec Mal de pierres, en 2007. Il vient du reste de paraître au cinéma, réalisé par Nicole Garcia et transposé en Provence. Il va falloir que je lise car c’est une écrivain que je suis heureuse d’avoir rencontré avec Battement d’ailes. C’est un petit bijou. Milena Agus est maintenant traduite en plusieurs langues, reconnue dans le monde et en Italie où elle a reçu le prix Elsa Morante. Elle est professeur en Sardaigne et, très modeste, n’aime pas se montrer en public.

Crédit photo : Elena Torre

Crédit photo : Elena Torre

Le sens du raccourci et de la formule

 

Voici un livre qui me donne sacrément envie d’être moins bavarde, de faire attention à ne pas « mettre trop de mots. » Je suis plutôt du genre foisonnant, lyrique. Pourquoi ne pas essayer pour une fois ? Il n’y a que dans mes nouvelles que j’écris avec le minimum d’effets. J’ai été impressionnée par le sens du raccourci et de la formule de Milena Agus. C’est une autre manière de dire les choses et elle le fait meveilleusement.

« Parfois le manque d’amour réveille madame en pleine nuit, elle se rappelle qu’elle est seule et elle a l’impression d’étouffer, elle va boire un verre d’eau, mais l’amour qui n’est pas là lui coupe le souffle. »

Oui, Battement d’ailes est un roman court, léger mais profond. Et vous, écrivez-vous court et léger, ou long et foisonnant ? Avez-vous lu Milena Agus ? Aimez-vous son écriture ?

 

Battement d’ailes, Milena Agus     

 

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Osez écrire votre roman nominé aux Liebster award !

Nominé aux Liebster Award : Osez écrire votre roman ! Et les 11 Nouveaux nominés dans cet article.

Liebster award

Liebster award : qu’est ce que c’est ?

 

Le Liebster award est une chaîne sympathique qui permet aux lecteurs et blogueurs de découvrir de jeunes blogs, de partager nos coups de cœur pour eux. C’est Pascalle de Azendream, auteur d’un blog de développement personnel -et si tu me suis, tu as déjà deviné que je m’intéresse beaucoup à ce sujet- qui m’a nominée et je l’en remercie chaleureusement. En tant que nouvelle dans la grande jungle du blogging, ça fait chaud au cœur de savoir que mon blog est apprécié. N’hésite pas à la visiter, elle est pleine de bons conseils pour mieux vivre et ça, c’est important. De plus, elle partage une liste de livre à lire dans sa thématique.

La règle du jeu pour le blogueur nominé au Liebster award est simple :

 

Il doit :

  • écrire 11 choses personnelles sur lui
  • répondre aux 11 questions posées par le blogueur qui l’a nominé
  • nominer entre 5 à 11 blogs
  • poser 11 questions à ces blogueurs
  • poser des liens vers ces blogs et prévenir les blogueurs de leur nomination
  • remercier le blogueur qui l’a nominé et le prévenir quand tout est fait

Un petit résumé en anglais et en couleurs ci-dessous :

Les règles du Liebster award

Pourquoi 11, toujours 11 ? Parce que le Liebster award est né en 2011 !

11 choses me concernant

 

  • J’adore l’écriture, c’est ma plus grande passion.
  • J’adore l’Afrique. J’y ai vécu 14 ans.
  • J’adore la peinture et j’ai peint toute ma vie.
  • Je fais du développement personnel depuis deux ans. Et c’est extraordinaire !
  • Je suis devenue plus proche de mes désirs, plus authentique, après une longue maladie chronique qui tend à disparaître.
  • Je crois fermement qu’il faut remettre d’urgence la poésie, l’art, l’artisanat, l’inspiration et l’imagination au cœur de tout.
  • Je rêve d’un monde de tolérance et de paix. Je sais que ça paraît fleur bleue mais je parle déconditionnement, de liberté individuelle, et ça, ce n’est pas du tout fleur bleue…
  • J’aime la littérature follement, c’est mon carburant et je lis beaucoup.
  • J’aime l’art, les antiquités, la brocante, les puces, les choses oubliées, les masques africains authentiques, etc.
  • J’aime être à la campagne, à la mer, dans le désert, bref dans la nature.
  • J’aime découvrir et apprendre tout le temps, tous les jours.

Les 11 questions posées par Pascalle et mes réponses

 

  1. La quête du bonheur c’est quoi pour vous ? Le bonheur tout le temps, je n’y crois pas. Le bonheur, c’est une somme de petits bonheurs. S’ils sont très rapprochés, ça devient une existence heureuse. Très éloignés, une existence malheureuse. Le bonheur a ses nuances, il peut devenir très fort selon les moments, exceptionnel. Là, il ne s’agit plus de petits bonheurs rapprochés mais de bonheurs exceptionnels. J’aime ces moments-là et comme tout le monde, j’en veux davantage. J’en ai déjà énormément, je me sens même privilégiée : j’ai un bonheur extraordinaire à écrire car j’écris dans le flow -comme disent les Américains. Je ne connais rien de plus fort et je peux écrire 10, 12 heures dans cet état et remettre ça le lendemain ! Bonheur total. Donc je pense que pour connaître le bonheur, il faut trouver ce pour quoi on est fait, que ce soit voyager, lire, faire des pompes ou des gâteaux, peu importe et s’adonner à ces bonheurs le plus possible. Y consacrer son existence.
  2. Qu’aimeriez vous transmettre comme valeurs à vos enfants ? Le sens de la liberté et de l’autonomie. Se respecter. Ne jamais obéir à un ordre stupide. Ne jamais suivre le troupeau. Penser par soi-même et développer son cadre de référence interne. L’amour de soi. Le respect de l’humanité.
  3. Qu’est-ce qui est le plus important à vos yeux aujourd’hui ? Je n’ai jamais pensé à ça. A y réfléchir, c’est de ne pas être rentrée dans le moule, d’avoir une vision propre, un cadre de référence interne, une façon de vivre et d’avancer qui m’est propre. De mon autonomie dans la vie, dans mes pensées, dans mes rapports humains, dans mon écriture, mon message. D’être une personne courageuse.
  4. Le plus passionnant pour vous, c’est ? L’écriture. La vie.
  5. Si vous deviez changer une chose dans votre vie ce serait quoi ? Le fait de ne pas trouver d’éditeur actuellement. Je finirai peut-être par m’autoéditer.
  6. Dans quelle(s) situation(s) vous sentez vous le plus mal à l’aise ? Heu… Je ne sais pas. Je n’ai pas l’occasion de me sentir mal à l’aise. Je ne me souviens pas de la dernière fois. Mais ça doit arriver, c’est certain. Je dois m’empresser d’oublier !
  7. Votre journée type ? Jus de citron, méditation, écriture de mes livres, de mon blog, donner des cours de peinture, ma fille qui rentre de l’école…
  8. Les moments que vous préférez ? Quand j’écris, quand je me promène dans la nature, quand je nage dans la mer, quand je lis un livre fabuleux, quand je mange quelque chose de vraiment bon, quand je découvre quelque chose qui me fascine…
  9. A quoi ne pouvez-vous résister ? A du bon chocolat noir. A la grande intelligence. A la beauté. A la bonté.
  10. Quel est votre mot ou expression préférée ? Liberté.
  11. Quelle senteur vous rassure ? L’odeur du moisi et des vieux livres.

Liebster award

Les 11 blogueurs nominés

 

Ils ne sont pas tous dans ma thématique, loin de là, car il n’y a pas 11 blogs récents sur l’écriture. Mais je m’intéresse à beaucoup d’autres choses et j’ai choisi ces blogs parce qu’ils m’ont paru pertinents et utiles, et rédigés par des gens passionnés.

  1. Mots en bulle : Marie-Josée nous propose de changer le monde avec nos mots. Salut, Collègue !
  2. Je contrôle mon cerveau : David Barbion, coach, nous aide à passer à la vitesse supérieure.
  3. Les images 2 Renata : Renata nous apprend le dessin avec sa méthode simple et efficace.
  4. Ecrivain en devenir : Malik Khali écrit et nous explique comment mieux écrire. Même combat que le mien, Collègue !
  5. Mode et voyages : Loïc Dorez, grand voyageur, photographe, nous emmène partout sur la terre dans son blog aux photos sublimes.
  6. Eveil et nature : Emilie Lagoeyte éveille nos enfants aux plaisirs offerts par la nature .
  7. Déclic et des claques : Pia et Steven, globe-trotters, nous montrent le monde de là où ils sont, très loin à l’autre bout de la terre !
  8. Mécanismes-dhistoires : Marièke Poulat écrit et partage ses mécanismes d’écriture. Bienvenue Collègue !
  9. 1*2*3 Dégustez : Valérie Filhol, cuisinière émérite, nous enseigne la cuisine et c’est bon…
  10. Azendream : Pascalle Fraisse nous aide à croire en nous grâce aux outils du développement personnel.
  11. Plaisirs bio : Michèle nous initie à tous les plaisirs bio.

N’hésitez pas à te balader sur ces blogs ; je les ai nominés parce qu’ils ont de grandes qualités.

 

11 questions aux blogueurs

 

  • 1  Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ?
  • 2  Avez-vous un rituel le matin, des habitudes bien ancrées qui vous aident à passer une bonne journée et si oui, lesquelles?
  • 3  Préférez-vous vivre à la ville ou à la campagne ?
  • 4  Si vous pouviez changer le monde, il deviendrait comment, en quelques mots ?
  • 5  Vous sentez-vous investi d’une mission ou d’un message à partager ?
  • 6  Aimez-vous les animaux ?
  • 7  Quels sont les 3 adjectifs qui vous définissent le mieux, d’après vous?
  • 8  Cultivez-vous l’amitié ou êtes-vous plutôt un loup solitaire ?
  • 9  Quel est votre plat préféré ?
  • 10 Quel pays ou peuple vous fait rêver ?
  • 11 Quelle est votre plus grande passion ?

     Merci à tous les blogueurs qui participeront aux Liebster award. Et un grand merci à Pascalle d’Azendream.

 

 

Je valide l’inscription de ce blog au service Paperblog sous le pseudo lauregerbaud . Vous pouvez donc retrouver dorénavant mes articles sur Paperblog !

 

Remplace ta réalité par ta fiction personnelle !

Remplace ta réalité par ta fiction personnelle !

La réalité, on s’en fout !

Je reviens de la Fête du Livre à Toulon. Bon, les transats n’étaient pas là, ça filtrait à l’entrée avec petite fouille (je comprends, c’est indispensable, mais ça casse l’ambiance, ça nous rappelle la triste réalité -justement), le chapiteau était pourvu de toiles opaques, blanches, alors que l’année dernière les toiles étaient en plastique transparent et on voyait à l’extérieur. Là, ça ressemble plus ou moins à un grand aquarium… Chaud, bruyant, agité, fatiguant. Finalement, c’est une fête sans la fête ! Parce que plus de concerts. Plus de contes pour enfants. Plus de buvette (même un mauvais café  et un sandwich déprimant peuvent faire plaisir, c’est plus sympa pour discuter, non ?) Dommage.

 

Fête du Livre 2016 Toulon

 

Les écrivains étaient bien là, suant sang et eau pour vendre leurs livres et j’avais la sensation de ne pas être à ma place, entre les tables avec les visiteurs, les lecteurs, les fans, les curieux… J’aurais été plus à ma place derrière une table à suer sang et eau moi aussi pour vendre mes bouquins. Je l’ai déjà fait, c’est dur, ingrat même, même si on a de beaux moments, de belles rencontres.

Mais quand même c’est difficile : je me faisais cette réflexion tout en me faisant piétiner les pieds entre les tables et je suis vite sortie -un peu vite sans doute- en me disant qu’au fond, si je m’autoéditais un jour, je ne serais plus obligée de participer à tout ça, de vendre derrière ma table, d’essuyer des refus ou de faire de la retape -gentiment. Je n’aurais plus jamais ce sentiment d’imposture que l’on ressent quand on a vendu son livre à un lecteur dont on n’est pas certain qu’il va apprécier la lecture. Sous cet aspect, c’est pas mal de vendre sur Amazon… On ne met pas les mains dans le cambouis, on ne voit personne, on ne baratine pas, on ne se mouille pas dans le processus de vente. La confrontation avec la réalité, dans ce domaine, est un exercice périlleux. Certains auteurs en sont littéralement malades et déclarent forfait : ils ne viennent plus dans les salons du livre vendre le produit de leurs tripes. Ils laissent ça aux libraires.

Donc j’en étais là de mes réflexions sur la dure confrontation avec la réalité, me carapatant vers la sortie, quand je suis tombée sur la conférence de Régis Jauffret, en plein milieu du salon, pas de cloison, rien, un brouhaha pas possible et lui, passionné, qui gueulait fort, pour couvrir le vacarme, que la réalité dans l’art, on en a rien à foutre. Ca m’a plût, tu penses bien. Parce que s’il y a une chose avec laquelle je suis d’accord, c’est bien celle-ci.

Pour rappel, Régis Jauffret faisait partie de la liste des finalistes du Goncours 2016 avec Cannibales, un roman épistolaires déjanté dont la langue à l’air belle. Une jeune femme rompt sa liaison avec un homme plus âgé et écrit à la mère de cet homme pour s’en excuser ! De là une correspondance s’établit, délirante, et elles vont jusqu’à imaginer de le dévorer cuit à la broche. Il paraît que c’est un roman d’amour mais j’ai plutôt l’impression qu’il s’agit d’un roman de haine. Si quelqu’un l’a lu je serais ravie d’avoir son retour dans les commentaires.

 

Crédit photo : La règle du jeu

Crédit photo : La règle du jeu

 

La réalité, donc. La foutue réalité ! Régis Jauffret gueulait : « Le chant des oiseaux, y a rien de plus emmerdant que le chant des oiseaux ! Mozart a existé parce que le chant des oiseaux c’est chiant! La réalité crée le manque et le manque crée l’art. On court après la réalité dans la littérature mais c’est pas intéressant la réalité ! C’est la fiction qui est intéressante. » Bon, je te l’ai rapporté de tête, c’est frais encore, grosso modo c’est ça. Et je me suis régalée. Malheureusement j’étais arrivée sur la fin de la conférence.

Alors cette histoire de cerner au plus près la réalité, cette obsession de la réalité à la française, tellement emmerdante, qui donne des « oeuvres » tellement illisibles, ennuyeuses, banales, je suis d’accord : c’est insupportable. Je dois te l’avouer : j’aime le lyrisme, le rêve, les grands horizons, les aventures, l’ailleurs, l’imaginaire, l’imagination, pas le quotidien misérable, ce que nous voyons tous les jours chez les autres ou chez nous, les petits gestes répétitifs, la médiocrité. Ce n’est pas ce que je lis, ce que j’écris. Je ne veux pas passer du temps dans des décors banals avec des personnages qui ressemblent à Madame Michu. Non, je ne suis pas toujours gentille : Madame Michu et ses rages de dents, je n’en ai rien à faire. Monsieur Tartempion, avocat à Versailles, je n’ai pas envie de raconter ou lire sa vie entre maîtresse, golf et épouse aigrie. Non, je n’ai pas envie.

Quand je pense à Giono par exemple, je vois ce qu’on peut faire d’un personnage au départ banal : un paysan, un berger. Avec lui, tout devenait autre chose, l’homme était plus grand que nature, la nature plus grande que Dieu, l’univers plus grand que l’infini. Giono n’avait peur ni du lyrisme ni de la poésie. Il partait du quotidien pour nous lancer sur des chemins imprévisibles et dépaysant. Magiques. Voilà une littérature qui me fascine, voici un écrivain que j’aurais aimé être. Voici une littérature que j’aurais adoré être capable d’écrire. Giono est Giono : un Roi. Divertissant. Et bien davantage. On en reparlera dans un autre article.

 

osez-ecrire-votre-roman.com

 

A côté de ce maître du roman, si peu à la mode pourtant, il existe des tas d’écrivains encensés aujourd’hui, on se demande pourquoi. Ils ressassent nos petites histoires misérables de tous les jours. Je ne suis pas méchante alors je ne donne pas de noms. Les écrivains français ne me font pas rêver en ce moment et je dois t’avouer que je ne sais pas qui citer pour son imaginaire sublime. Je ne vois pas.Je me tourne vers les écrivains américains, sud-américains et là j’ai des noms, des livres, du solide. Et là aussi je trouve comme dans Giono une littérature qui transcende la banalité du quotidien, des êtres sublimés, des aventures qui te donnent envie de rire et pleurer, de frémir et d’exister. Des œuvres qui emmerdent la réalité. Pas des trucs terre à terre qui te racontent par le menu détail des non-événements dont tu n’as rien à faire. Parce que tu sais déjà, tu connais déjà, tu as vu mille fois ce truc arriver, et pire, c’est prévisible dans le livre, et tu attend durant 300 pages la phrase qui va te secouer, t’émerveiller, mais rien, on reste au raz des pâquerettes à observer le gazon et remâcher le même vocabulaire -pauvre, les mêmes images, la même structure grammaticale -sujet verbe complément, la subordonnée étant considérée comme trop lourde ! A se forcer à avaler la même pauvreté en métaphores, en images, le même rythme -qui s’occupe encore de la musique des mots en France ? Plus de poésie, plus d’envolées, du terre à terre, du plat. Pas d’émotions, c’est lisse, c’est propre comme le goudron d’une autoroute. Du formaté. Du pré-digéré. Faudrait quand même pas effrayer le lecteur par un trop plein de sentiments, d’exaltation, de bonheur ou de malheur ! Pas le faire pleurer ou rire ou vibrer. Les émotions, c’est sale, faut les refouler. C’est français.

Tu vas peut-être me dire que j’exagère. Du reste, j’aimerais beaucoup avoir ton avis dans les commentaires. Mais je ne crois pas exagérer. J’adore la littérature française, mais peu notre littérature contemporaine.

Parle-moi de Jonathan Safran Foer, Jim Harrison (il est mort il n’y a pas si longtemps), Toni Morrison, John Irving, Pat Conroy, Luis Sepulveda… et d’un coup, j’ai de nouveau envie de lire ! Car ce sont des écrivains qui se foutent de la réalité. Ils ne s’en servent que pour mieux la sublimer. L’art, c’est la sublimation.

 

Joseph Joubert

Joseph Joubert

 

Alors si tu écris, j’ai quelque chose à te demander : mets de la vie et de la fantaisie dans tes romans, de la fiction dans ta vie et tes livres, de l’imaginaire dans ton existence et ta littérature, de la poésie dans ton quotidien et ton écriture, du lyrisme dans les deux, de l’émotion et du sublime dans toutes choses, dans ta vie et ton art. Remplace ta réalité par ta fiction personnelle ! Tu vas être beaucoup plus heureux et tes romans seront beaucoup plus beaux.

La réalité, on l’emmerde !

 

Cannibales, Régis Jauffret             

Faites la fête ! Fête du livre du Var à Toulon du 18 au 20 novembre 2016

Comme toutes les années, la Fête du Livre du Var aura lieu à Toulon. Comme je suis une provinciale du coin, je vous en dis un petit mot : ambiance sympa, l’année dernière des transats étaient même installés en dehors du chapiteau et le soleil au rendez-vous. Les lecteurs lisaient leurs livres fraichement achetés et dédicacés en sirotant leur limonade. Sympa, non ?

 

Crédit photo : levarois.com

Crédit photo : levarois.com

 

Plus sérieusement, pour cette année 2016, l’invité d’honneur est Jérôme Ferrari. Un parcours de gars du sud pour un écrivain né à Paris : prof en Algérie, aux Emirats arabes, en Corse. Il faut préciser que notre Fête, qui attire en gros 50 000 visiteurs chaque année, tient à sa personnalité méridionale. Les transats en font partie…

 

Crédit photo : Presseagence

Crédit photo : Presseagence

 

Les 4 invités à l’honneur en 2016 sont :

Jérôme Ferrari, prix Goncourt 2012 avec Le sermon sur la chute de Rome

Leïla Slimani, franco-marocaine, prix Goncourt 2016 avec Chanson douce

Marcus Malte, né à La Seyne-sur-Mer, prix Fémina 2016 avec Le garçon

Ivan Jablonka, prix Médicis et prix littéraire du Monde 2016 avec Laëtitia ou la fin des hommes qui a beaucoup écrit beaucoup sur l’exil et l’identité, questions qui préoccupent beaucoup les écrivains et intellectuels du Var.

Ceci dit, 200 auteurs sont attendus, donc si vous êtes de la région, n’hésitez pas à venir, vous devriez rencontrer au moins un auteur que vous adorez.

Pour ma part, j’irai en visiteuse seulement car mon roman n’est plus assez récent pour qu’une librairie m’invite à participer. C’est avec beaucoup de regret, vous vous en doutez. Vivement l’année prochaine avec un nouveau livre édité !

 

Fête du Livre du Var 2014, avec ma fille : épuisée mais heureuse

Fête du Livre du Var 2014, avec ma fille : épuisée mais heureuse

 

En attendant, je vais profiter de cette belle Fête du Livre 2016, des conférences, des auteurs, peut-être de rencontres avec des éditeurs (et oui, il va falloir que j’y aille pour cela aussi), des lectures, des livres bien entendu, des livres surtout !

Le programme des festivités : c’est ici.

La page Facebook : c’est là.

Alors souhaitons que le soleil soit au rendez-vous avec la Fête du Livre du Var. Dans tous les cas, j’y serai.

Et vous ?

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Une « Chanson douce » pour Leïla Slimani : le prix Goncourt 2016

   Leïla Slimani est lauréate du prix Goncourt 2016 grâce à son roman Chanson douce, histoire d’une nounou, Louise, qui assassine les 2 enfants qui lui sont confié et qu’elle adore. Je ne l’ai pas lu comme je n’ai pas lu Le jardin de l’ogre.

ActuaLitté

Source : ActuaLitté

Le père de Leïla Slimani est marocain, banquier, et sa mère, mi algérienne, mi-française, O.R.L. Leïla Slimani était élève du lycée français de Rabat et sa famille d’expression française. J’imagine aisément le niveau d’éducation élevé, en milieu privilégié, de ce lycée. J’ai moi-même fait mon collège et lycée au lycée français de Casablanca (Bizet et Lyautey pour qui connaît.) On est très exigeant dans les établissements scolaires français à l’étranger. Rien à voir avec la scolarité en France, j’en parle en connaissance de cause, même si j’ai haï ma scolarité. Ca aide à l’écriture : on y apprend le réflexe de la clarté. Une posture intellectuelle qui n’est pas négligeable…

Crédit photo : quattrostagioni

Crédit photo : quattrostagioni

 

Le propos de Chanson douce est féroce et sordide comme un fait divers ; le style sec, incisif, sans un gramme de plus. J’aime le lyrisme : ce roman ne m’a donc pas attirée. J’ai bien sûr pas mal feuilleté avant de me prononcer : oui, pour mon goût,  le style est trop dégraissé, trop sage. Pas de folie surtout ! Pas de risques ! Ce n’est pas ma tasse de thé mais je comprends que l’on puisse apprécier. Ce n’est pas mon univers, c’est tout.

Mais je pense que c’est un bon livre. Je vous en ferai un petit speech si, d’aventure, je le lisais.

Dans son précédent roman, Le jardin de l’ogre, Adèle, journaliste, mariée, un enfant, est nymphomane. Ca ne m’a pas attirée non plus. La dépendance sexuelle d’une bourgeoise parisienne mariée à un chirurgien, je dois dire que ça me laisse froide ! J’ai en général du mal avec les livres et films tournant dans le milieu de la bourgeoisie parisienne. Un préjugé de ma part, peut-être ? A vous de juger.

Source : Internet Archive Book

Source : Internet Archive Book

Je peux cependant passer sur tous mes préjugés, ce n’est pas le réel problème. C’est toujours le style : sec et concis. Trop pour mes goûts. J’aime la fantaisie, voire l’exubérance.

Aujourd’hui, Leïla Slimani doit fêter sa victoire, répondre à la presse qui la presse (facile) et comme je la comprends ! Nous aussi, cher lecteur amoureux d’écriture, romancier débutant ou aguerri, ça ne nous déplairait pas de décrocher le Goncourt, non ?

Que sa fête soit belle !

Et vous, avez-vous lu ce dernier ce Goncourt 2016 ? Ou un autre roman de Leïla Slimani ? Parlez-en dans les commentaires. Quel est votre avis ?

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Soldes pour Racines mêlées ! Et bilan sur les chiffres d’un premier roman

Cela fait déjà deux années que Racines mêlées est en vente. Je n’ai pas à me plaindre : pour un premier roman, c’est beaucoup.

Cela ne veut pas dire que mon premier roman a été présent en librairie durant deux années mais qu’il a été disponible durant deux ans. D’abord, il a été mis en librairie dans toute la francophonie, ensuite les retours se sont faits à leur rythme (cela veut dire que les libraires rendent les livres qu’ils n’ont pas vendus) puis Racines mêlées est resté sur les sites en ligne (Amazon, Cultura, Fnac, etc) et les gens ont pu continuer à le commander également dans toutes les librairies. De plus, bien souvent un premier roman ne tient pas plus de trois mois en librairie. J’ai eu le bonheur de voir le mien en librairie bien au-delà des trois mois fatidiques.

Mon roman est donc toujours au catalogue et non passé au pilon (lisez broyé pour faire du papier recyclé !) ou revendu dans des librairies spécialisées dans le livre d’occasion. Je pense cependant qu’il va être retiré bientôt. C’est pourquoi c’est le moment de penser à l’offrir à Noël, par exemple, et donc à le commander avant qu’il ne disparaisse du catalogue : Racines mêlées est en soldes depuis peu sur Amazon à 10,22€ au lieu de 16,90€ ! Ca vaut le coup, non ?

Racines mêlées, roman de Laure Gerbaud

Racines mêlées, roman de Laure Gerbaud

Quelques chiffres pour mieux comprendre l’édition : mon livre a été sorti à 2000 exemplaires. C’est bien pour un premier roman. Un petit éditeur qui n’a pas un réseau de distribution et de diffusion suffisant peut ne sortir que 500 ou 1000 exemplaires pour un premier roman. Et c’est souvent le cas.

Mais attention ! Cela ne veut pas dire que les 2000 livres sont tout de suite allés en librairie ! Ce serait trop beau… Cela aurait assuré davantage de visibilité à Racines mêlées et j’en aurais été très heureuse, croyez-moi. Mais l’édition, ce n’est pas si simple. Sur les 2000, 1000 ont été distribués chez les libraires. C’est bien. C’est comme ça que ça se passe partout, on garde du stock pour une éventuelle demande ultérieure. Et croyez-moi, l’éditeur est comme vous, comme moi, comme tous les écrivains : il en rêve nuit et jour de cette nouvelle demande de la part des libraires car cela veut dire qu’il n’a pratiquement pas reçu de retours et que le public en redemande !!! Le succès, quoi.

La réalité est bien différente : rares sont les premiers romans qui percent et dépassent le nombres d’exemplaires prévus au départ. Ceux-ci font la bonne fortune de l’écrivain et de l’éditeur, ce qui n’est pas courant. Le chiffre de vente d’un premier roman en France se situe entre 500 et 800 exemplaires en moyenne. Pas de quoi mettre du beurre dans les épinards, en somme… Si votre premier roman dépasse les 1000 exemplaires vendus, c’est déjà une victoire ! Et dès 2000, on commence à parler de succès de librairie ! Oui, je sais les chiffres font froid dans le dos quand on pense que l’auteur touche environ 10% du prix de vente hors-taxe ! Avant de s’enrichir… C’est simple, nous ne sommes même pas rémunérés pour notre travail. Heureusement que nous sommes de grands passionnés de l’écriture, des durs, de vrais écrivains !

Pour mes chiffres de vente, mon éditeur ne fait pas exception à la règle ; c’est parfaitement opaque : une feuille qui indique le nombre d’exemplaires vendus, les retours, point. Et sur un an. Dans mon cas, j’ai eu mon chiffre au bout d’un an, c’est normal. Dans les 700 exemplaires vendus. Pas de quoi pavoiser ni être déçue. L’un dans l’autre, quand je pense que mon éditeur ne m’a pas organisé un seul salon, une seule signature (j’ai tout fait moi-même), c’est correct. J’ai beaucoup appris et je pense que je serai meilleure pour faire la promotion de ma prochaine parution. N’espérez pas que votre éditeur cherche à vous vendre : il attend que vous lui apportiez des lecteurs et votre réseau sur un plateau ! Oui, je sais, on prend un éditeur pour qu’il le fasse et finalement il attend la même chose que nous ! C’est pourquoi je pense de plus en plus sérieusement à l’auto-édition. Comme nombre d’entre vous, n’est-ce-pas mes amis écrivains ?

Fête du Livre du Var 2014, avec ma fille : épuisée mais heureuse

Fête du Livre du Var 2014, avec ma fille : épuisée mais heureuse

Revenons-en à mes chiffres pour Racines mêlées. Le chiffre de vente de la deuxième année, que j’ai en ma possession depuis peu, me pose problème : il ne se serait  même pas vendu  10 exemplaires de Racines mêlées la deuxième année ! Là, je tique. Car c’est bien après la première année que j’ai constaté, grâce à internet, que mon roman faisait tranquillement son bout de chemin : commentaires de bibliothèques, de lecteurs, sur Babélio, je l’ai même vu référencé dans une magnifique revue internet des bibliothèques municipales de Genève ! Etc. Donc il a continué à se vendre. Des gens enthousiastes m’ont pisté et téléphoné -pour mon plus grand bonheur- et pour me remercier de l’avoir écrit ! Si si ! Donc le chiffre de la deuxième année… Bref.

En conclusion, il faut écrire pour son bonheur et celui des autres. En premier lieu. Ce qui ne m’empêche pas de désirer, comme nous tous, de vivre de ma plume. Je n’ai pas dit mon dernier mot !!!

J’espère que cet article vous éclaircira -sans vous décourager- sur ce que sont les chiffres d’un premier roman.

N’hésitez pas à me poser des questions et à me faire part de votre propre expérience.

A bientôt.

 

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