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Ecrire un roman, c’est surtout créer un univers.

Ecrire un roman, c’est maîtriser un nombre de paramètres impressionnant. Mais ça ne suffit pas ! Il faut créer un univers. Car rien ne remplace la force d’un univers puissant. Et là… On en parle dans la vidéo.

Ose créer ton univers ! Accroche ton lecteur.

 

A propos du Simenon que j’évoque : c’est Le voyageur de la Toussaint. Il se déroule à La Rochelle. Pas étonnant qu’il pleuve sans arrêt !

« Au moment où Gilles poussait la clef dans la serrure, le vent se levait, la marée se renversait, les bateaux, dans l’avant-port, viraient lentement sur leur ancre et Gilles recevait une rafale de pluie qui le trempait des pieds à la tête.
Il fronça les sourcils parce que cette gifle d’eau, son goût fade sur les lèvres, un filet qui lui coulait dans le cou lui rappelaient un souvenir. Mais lequel ? C’était dans le Nord ou dans l’Europe centrale…
Cherchant toujours, il refermait la porte avec soin, s’essuyait les pieds et s’engageait dans l’escalier qui sentait toujours un peu le moisi. C’est alors, peu avant d’atteindre le premier étage, qu’il entendit la voix d’Alice et il s’arrêta machinalement, sans songer qu’il commettait peut-être une indiscrétion. »

   » De jour, le corridor était dans la pénombre et c’est presque à tâtons qu’on trouvait la clinche du salon d’attente.  Gilles fut surpris de découvrir, le soir, ce décor si délabré. Une lampe électrique à l’abat-jour noir de saleté le faisait paraître plus long, plus étroit, et on voyait que les murs, irréguliers, s’écaillaient. Une porte vitrée, au fond, étai ouverte sur une cour où traînaient des seaux et des poubelles.

   Gilles se baissa et ramassa une fleur. Quelqu’un qui ne savait pas, sans doute, et qui avait apporté des fleurs comme pour une morte ordinaire ?

  La porte du salon était large ouverte. Il y avait de la lumière, mais la pièce était vide, vide aussi le cabinet de consultation en désordre.

   Gilles, saisi par le silence, par cette solitude sordide, toussa pour annoncer sa présence, mais aucun bruit ne répondit. Par contre, son regard tomba sur une armoire en tôle ripolinée, sur laquelle tranchaient des scellés de cire rouge.

   Il atteignit enfin une pièce qui n’était ni un salon, ni une salle à manger, cette pièce ou madame Sauvaget se tenait le plus souvent, dans son fauteuil roulant qui s’y trouvait encore, et d’où elle épiait son mari. Le même désordre y régnait. Un drap de lit par terre. Un oreiller douteux sur un divan sombre. »

Simenon ne recule devant rien. Il est entier. Son univers est entier. Tout concourt à rendre l’atmosphère sordide : les images, le vocabulaire, les lieux, la laideur, la solitude, le silence… Quel univers ! Et s’il est si bien décrit, si on s’y immerge si facilement, c’est bien qu’il est entier, total. Aucune hésitation : c’est le secret.

Crée une atmosphère, une vision, un univers qui t’est propre. Le lecteur pardonnera toujours quelques maladresses techniques. Mais il ne pardonnera jamais un roman où l’on s’ennuie ferme parce qu’il manque de personnalité. Le plus important, c’est bien ton univers.

Qu’en penses-tu ? T’attaches-tu à créer un univers unique ?

 

Ecrire un roman : 5 jeux d’écriture pour développer l’inspiration.

Comment assouplir ton esprit pour écrire un roman plus facilement ? Développer ton imagination et ta fluidité ? Développer ton inspiration ?

 

En les entraînant par des jeux d’écriture… bizarres ! Car entraîner ton esprit à jouer avec les mots, avoir des associations d’idées étranges, s’amuser comme un enfant sans crainte du résultat, se surprendre, développe ton imaginaire et ta capacité à avoir une pensée plus fluide et moins conformiste.

Je te propose 5 jeux d’écriture pour développer ton inspiration

 

Tu es sans doute d’accord si je te dis que ce qui fait la mauvaise littérature, c’est le conformisme de son auteur. S’il ne fait pas montre de tempérament, de pensées personnelles, d’humeurs bien à lui, de vision unique, l’écrivain a écrit une bien jolie rédaction qui n’intéresse personne. Ta vision fait la différence. Ton tempérament fait la différence. Ton imagination fait la différence. La musique de tes mots fait la différence. Ecrire un roman, ou tout autre texte littéraire, te demande d’être toi. Uniquement toi. De te dépouiller de tes artifices, de tes rôles sociaux. De t’émerveiller quand tu écris. Je ne crois pas à l’inspiration quand elle n’est pas amenée par l’enthousiasme, l’émerveillement ou la jubilation. En général, je sais que mon texte sera bon si, quand j’écris, je me surprends, je m’enthousiasme, je m’émerveille, je jubile ! Sans ce cocktail, mon texte est en général aussi plat qu’une limande.

En te promenant dans les mots, en les agençant d’une autre manière, en te permettant le jeu, le plaisir, la jubilation, tu t’ouvres les portes de la création. C’est pourquoi j’ai envie de te proposer quelques jeux d’écriture. Ne te contente pas de lire les énoncés. Participe, écris. Ces jeux ne sont pas faits pour que tu rédiges des chefs-d’oeuvre mais pour que tu te décoinces si tu es coincé (cas courant), que tu te décontractes si tu es seulement contracté (cas encore plus courant), que tu fluidifies ta langue, émancipes ton esprit, que tu apprécies qu’écrire est amusant et non une corvée -comme tu peux le lire partout ou presque. Amuse-toi. Et si tu as envie de partager tes jeux dans les commentaires, n’hésite pas : les commentaires sont un espace d’échange communautaire. Chacun pourra prendre plaisir à te lire.

Philippe Claudel www.osez-ecrire-votre-roman.com

Jeu d’écriture n°1 : jouer avec le dorica castra et l’anadiplose

 

Le dorica castra est une forme particulière de l’anadiplose, qui se caractérise par la reprise d’un même son de la fin d’une unité au début d’une autre unité. Dans l’anadiplose, c’est le mot entier qui est repris. C’est l’effet sonore qui compte ; le sens n’est pas forcément important. On trouve surtout cet effet dans la poésie latine. Le mot même de dorica castra en est un bel exemple puisque le son ca de dorica est repris dans ca de castra.

Tu connais comme moi la comptine Trois p’tits chats…

Trois p’tits chats, trois p’tits chats, trois p’tits chats, chats, chats, Chapeau d’paille, chapeau d’paille, chapeau d’paille, paille, paille, Paillasson, paillasson, paillasson, -son, -son, Somnambule, somnambule, somnambule, -bule, -bule, Bulletin, bulletin, bulletin, -tin, -tin, tintamarre, etc.

On appelle ce type de chanson une chanson en laisse.  De celle-ci, il existe de multiples versions.

Je prends un extrait de la version que je chantais, enfant :

Bout de ficelle, Selle de ch’val, Ch’val de feu, Feu follet, Lait de vache, Vache de ferme, etc.

Et je le réinvente en utilisant la dernière syllabe ou le dernier mot pour le répéter :

Bout de ficelle, Sel de mer, Mer de lave, Lave ta bouche, Bouche ton nez, Nez de clown, etc.

À toi de jouer ! C’est vraiment très facile. L’idée n’est pas d’écrire intelligemment mais de libérer ta spontanéité, ton sens des sonorités, ta rapidité, ta fluidité, ton plaisir. Tout sérieux est contraire à cet exercice ! Si tu proposes ce jeu à des enfants, vous vous amuserez beaucoup ! Commence par : bout de ficelle. Ou par : marabout. Ou encore par : rage de dent. Ou n’importe quel mot.

Jeu d’écriture n°2 : réinventer un dialogue

 

Je te donne un dialogue dont j’ôte la moitié des répliques. Je l’ai extrait de Club Dumas, d’Arturo Pérez-Reverte, un roman policier passionnant dont l’intrigue tourne autour d’un manuscrit ancien. A toi de remplir les trous ! Surtout, continue à être léger, ne prends rien au sérieux. Et fais preuve d’imagination. Ne la restreins surtout pas.

– Vous êtes, me dit-il, l’amant de Liana Taillefer.

– Cessez donc une bonne fois de divaguer, Balkan.

– Vous parlez d’Athos ?

– Et c’est pour cela que vous l’avez assassiné ?

– Je ne vous crois pas.

– Alors, racontez-moi donc. Tout doucement.

– Parfait. Et maintenant, suivez-moi.

– Mais alors, qu’est-ce que vous faites ici ? On ne visite sûrement pas la nuit.

– Voyez-vous ça. Un obstacle d’ordre moral, au point où nous en sommes.

– Bref, dit-il, vous avez décidé de détruire le manuscrit.

Crédit photo : quattrostagioni

Jeu d’écriture n°3 : écrire à la suite d’un incipit

 

Je te donne 3 incipits inspirants de style très différents. A toi de poursuivre par un paragraphe, ou même une intrigue complète. Ce qui fait 3 exercices différents. A toi de voir si tu en fais un, deux ou les trois. Laisse aller ton inspiration.

  1. Je te relis, Job, fit le capitaine de la gendarmerie de Port-Louis. Si tu n’es pas d’accord avec quelque chose, tu me le dis. D’accord ?
  2. A l’aube, quand la marée découvrait les bas-fonds, le bavardage des mouettes m’éveillait.
  3. – Maudite Jupiter ! grommela Ambrose Whitefield et je ne pus qu’approuver d’un hochement de tête.

Jeu d’écriture n°4 : le lieu et la description

 

Ce jeu va t’obliger à la description. Fais jouer tous tes sens car c’est important pour le lecteur d’avoir non seulement une histoire à se mettre sous la dent mais aussi la chair de cette histoire. Et dans le cas de ce que j’écris personnellement, je dirais même que c’est parfois encore plus important d’avoir la chair que l’intrigue elle-même ! Ce sont les sensations physiques, les émotions, les humeurs que tu déclenches chez ton lecteur qui rendront ta lecture inoubliable ou pas. Je te propose de décrire le lieu idéal où tu aimerais vivre. Pas un lieu basé sur ta réalité mais le lieu réellement idéal de tes rêves les plus fous. Ne t’impose aucune limite. Aucune contrainte de réalisme. Tu peux même créer ce qui serait pour toi le monde idéal. Imagine que tout est possible et sors des sentiers battus.

Il se peut que tu te surprennes car il s’agit d’exprimer tes désirs, tes attentes, tes souhaits, tes rêves en dehors de toutes contraintes. Ce qu’il y a de merveilleux avec l’écriture, c’est qu’elle est un espace où l’on peut vraiment être soi-même. C’est un luxe inouï dans un monde de faux-semblants ! Profites-en. La littérature permet ce que la vie ne permet pas ; c’est même la grande force de la littérature d’exprimer et d’expérimenter ce que l‘existence ne nous permet pas d’expérimenter et d’exprimer. Pense à ce lieu avec gourmandise. En quoi est-il différent ? A quoi ressemble-t-il ? Que sent-il ? Qu’émane-t-il ? Quelles vibrations ? Quelle atmosphère ? Quels sont les sons qui l’accompagnent ? Les odeurs ? Est-il statique, changeant ? Que t’évoque-t-il ? Est-ce un lieu solitaire, traversé par des êtres ? Etc.

Jeu d’écriture n° 5 : écrire une lettre

 

Le style épistolaire est un style que j’adore. Je trouve formidable de pouvoir affiner sa pensée quand on a à dire quelque chose à quelqu’un. Dans la vie quotidienne, nous parlons trop souvent sans discernement. Et nous n’avons pas souvent la répartie que nous voudrions avoir. Ni la finesse. La vie se déroule, rapide, et nous parlons à tort et à travers. Tandis que l’écriture nous laisse le temps de peser nos mots, et d’exprimer très exactement ce que nous désirons.

Imagine que l’on t’a blessé, énervé, nargué, humilié, agacé, insulté, mis en colère ? Cela t’est peut-être même arrivé récemment et tu as du mal à décolérer ? Voici l’occasion de te défouler mais avec élégance ! Tu ne voudrais pas t’abaisser au niveau de celui qui t’a offensé, n’est-ce pas ?

Ecris une lettre élégante et mordante pour répliquer à l’insulte qui t’a été faite –réelle ou imaginaire. Tu vas voir : ça fait du bien. Par contre, je ne te dis pas de l’envoyer : c’est à tes risques et périls !

J’avais écrit une telle lettre pour un défi d’écriture que je m’étais lancé. Je te donne le lien ici si ça t’amuses de la lire.

J’espère que tu as participé à ces quelques jeux d’écriture. Histoire de t’amuser en déliant ta plume et en éveillant ton inspiration. Si tu désires poster ci-dessous tes jeux, je les lirai avec plaisir. Et puis, ils peuvent éveiller ceux qui n’ont pas participé et leur donner envie de le faire à leur tour.

Délie ton esprit et amuse-toi surtout ! Ton inspiration va te remercier.

Le flow : comment écrire un roman en état d’inspiration totale ?

Le flow, c’est l’inspiration et la maîtrise d’un art ou d’une activité menées à leur excellence, leur apogée. C’est le dépassement de soi, c’est quand ta plume glisse avec vélocité et intelligence, quand tu fais corps avec ta pensée, tes émotions, tes compétences. C’est le deuxième souffle du coureur olympique quand il sème ses adversaires derrière lui. Bref, c’est l’instant de grâce quand tu maîtrises parfaitement ce que tu écris, et c’est tellement facile et fluide que tu as l’impression de recevoir de l’extérieur ce qui vient de l’intérieur. Tu es à ce moment parfaitement en accord avec toi-même, ce que tu fais et ta manière de le faire.

Si tu n’as pas lu l’article précédent, écris-tu dans le flow ? Comment vivre ta plus belle expérience d’écrivain, je te conseille de le faire, car celui-ci en est la suite et le complément. Je poursuis la liste en 12 points de ce que je pense indispensable à mettre en place pour que le flow devienne une réalité et non plus un rêve quand tu rédiges. Le flow, c’est aussi et surtout écrire dans un plaisir extrême.

 

Crédit photo : Denis Bocquet

 

8. Lâcher prise sur ce que tu veux exprimer

 

Et oui, si tu veux rester maître de ta pensée, tu n’obtiendras que de la pensée… De ceci, nous sommes tous capables. Le flow est autre chose. C’est un  état qui te fait écrire ce que tu dois écrire sans savoir ce que tu dois écrire ! Quand je commence un livre, je ne sais pas ce que j’ai à exprimer ! Je fais confiance à mon intelligence d’arrière-plan, à mon cerveau, mon inconscient, toute ma machine pour faire, en quelque sorte, le travail à ma place ! Je ne veux rien écrire en particulier consciemment et pourtant j’écris ! Le travail conscient, je ne le fais, je te le disais, qu’après, hors flow, au 2ème jet et aux suivants. Lâche prise sur tes attentes. Tu dois avoir une confiance absolue en toi, une confiance absolue que l’écriture va se faire comme en dehors de toi, mais avec ton aide. Ce sera bien meilleur que ce que notre petit esprit limité peut concevoir tout seul.

 

9. Se souvenir de ce que tu as ressenti quand c’est arrivé

 

Si tu pense que tu n’y parviendra jamais, si tu es sceptique, souviens-toi… Cela t’es sûrement déjà arrivé, que ce soit durant trois pages, ou 20 lignes, peu importe. Durant un footing ou en t’entraînant au patin à glace. En créant une application ou en tirant à l’arc. En peignant une toile ou en sculptant. Tu peux retrouver cela en partant de ce ressenti, cette sensation, cette émotion de joie sans mélange et de maîtrise sur toi. Pas à partir de ton intelligence raisonnée. A partir de ton ressenti. Tente de retrouver cette émotion, de la revivre. Assis-toi, respire, souviens-toi et fais monter la sauce !

 

10. Etre dans le moment présent

 

Si tu penses à tes soucis quant tu écris, à ta fiche d’impôts, au repas de ce soir, c’est impossible. Il faut écrire et seulement écrire quoi qu’il se passe autour de toi. En ce moment, par exemple, une grève avec hurlements et haut-parleur à moins de 50 mètres ! Rien que ça ! Si un élément perturbant s’immisce, ne te laisse pas te déstabiliser mais considère-le comme faisant partie de l’expérience. Tu l’intègres dans le moment présent. Tu fais à ce moment preuve d’une grande intelligence de vie. Celle-là même que je ne suis pas capable de posséder dans la vie courante quand je m’emballe parce qu’il a trop de bruit, etc. Je n’avais pas prévu de te parler de cela il y a quelques secondes mais les coups de sifflets et les vociférations m’y font penser. Je les intègre dans mon processus sinon je cesserai net d’écrire. Evidemment, ce n’est qu’un article mais c’est histoire de te donner un exemple.

 

Crédit photo : Jean-baptiste Duville

11. Laisse tomber ton égo quand tu écris

 

Là aussi, lâche prise. Oublie qui tu es en tant que représentation sociale. Tombe le masque. Sois juste toi. Assume-toi jusqu’au bout de tes mots. N’aies honte de rien, ne crains rien. Oublie-toi au profit de ce que tu écris. Accepte que tu n’as pas tout le contrôle sur ton contenu. Seulement sur la forme. Idéalement, ce que tu écris est beaucoup plus grand que toi. Je ressens profondément que ce que j’écris me dépasse quand je suis dans le flow. J’ai presque peine à croire que cette personne qui agit, c’est moi. C’est moi mais je me regarde agissant en même temps. Je sais, c’est difficile à admettre et pourtant… Je n’ai rien d’une mystique. Je parle d’expériences renouvelées. De tangible ; même si je te décris une sensation et que la sensation est par essence intangible. Je compte sur la neuroscience pour lever un jour le mystère sur le flow.

Dans le flow, je ne me sens pas responsable de cet état. C’est comme s’il s’était déclenché sans moi. Mais ce n’est pas toujours vrai. Parfois, je le déclenche, parfois il me surprend et je me jette sur ma plume ! Je me sens emportée par un courant bénéfique et bienveillant. Je ne sais pas ce que j’écris vraiment car cela se passe très vite, j’oublie aussitôt la phrase précédente sur laquelle je me suis pourtant concentrée jusqu’à mon moindre atome. Il n’existe plus aucun jugement de valeur sur mon écrit ou moi-même. Je suis dans l‘acceptation de ce qui est, ce que je fais, ce que j’écris. Avec la sensation incroyable que c’est bien. Cette sensation, nous voudrions bien la ressentir tout le temps, n’est-ce pas ? Imagine comme elle nous rendrait heureux ! Ce n’est qu’en me relisant que je prends conscience de l’ensemble écrit et de ma responsabilité dans ce que j’ai écrit. Puisque c’est moi qui l’ai fait !

Dans la zone, il n’y a que des réponses ! Plus de doutes, plus de craintes. Plus d’incertitudes, plus d’impuissance. Le sentiment de puissance y est du reste très présent. Pas une puissance imbécile qui compare, qui dit : je suis plus puissant que les autres ! Non : la puissance qui dit : je me sens bien installée en moi-même. Je suis en bonne compagnie. J’ai confiance en moi et en ce que je réalise en cet instant.

Il n’y a que maîtrise. Pas maîtrise sur les autres non plus. De toute manière, ils ont quasiment ou totalement disparus de l’horizon. Maîtrise de toi et de ce que tu expérimentes. De ton art. Quand je vais aux jets suivants, aux corrections, plus de flow : je retrouve mes doutes et mes incertitudes, mon recul vis-à-vis du texte et il est aussi fondamental pour se corriger correctement.

 

12. Le flow n’est pas un processus après lequel courir à s’en rendre malade

 

Le flow peut même faire peur quand on l’expérimente pour la première fois. Très jeune, je me souviens que je me demandais si je devenais folle. J’ai connu de vrais moments de doutes, de panique. Qui était cette personne qui logeait en moi, prenait un stylo pour me dicter des mots, des histoires auxquelles je n’avais jamais songé ? A l’époque, il n’existait pas un seul livre sur le phénomène en France. J’ai mis un moment avant de comprendre que je déclenchais un processus naturel de créativité. Je l’avais désiré ardemment, j’y avais œuvré, et pourtant, j’en avais peur ! Personne ne m’en avait jamais parlé, je n’avais jamais rien lu là-dessus.

Le flow n’est pas à mettre dans les mains de n’importe qui. Il faut être fort pour le recevoir et rester équilibré. Il faut apprendre à l’apprivoiser, à le laisser s’installer dans notre existence, à lui faire une place douillette. Mais alors, quelle récompense ! Bien entendu, il ne se voit pas, ne se devine pas. Tu es seul avec. Mais quelle jolie compagnie ! Quel bonheur ! Evidemment, si tu veux le partager, en parler, c’est compliqué. Je m’en suis toujours quasiment abstenue.

Ne cherche le flow que si tu te sens solide. Le flow est une danse sauvage, pas une valse lente. Mais c’est aussi la maîtrise, et la maîtrise est totalement inconnue à l’être humain. C’est pourquoi elle peut faire peur : toute notre éducation est conçue dans le but que nous ne possédions aucune maîtrise de nous-mêmes mais que d’autres, plus méchants, plus manipulateurs, plus forts, possèdent la puissance sur nous. Ceux qui sont dans le flow échappent à leur emprise. C’est peut-être pour cela qu’inconsciemment les gens vouent un culte à ceux qui vivent le flow ouvertement : chanteurs, acteurs, sportifs, écrivains, peintres, grands scientifiques…

Certains, dans leur pratique de l’écriture, expérimentent très vite le flow, d’autres plus tard, d’autres jamais. Pas de regrets ou d’amertume ! Des écrivains qui réussissent parfaitement écrivent sans connaître jamais le flow.

Aux clefs précédentes, j’ajoute cette précision : avant que j’expérimente vraiment le flow sur des textes longs, j’ai écrit un roman inachevé sans y parvenir. Je connaissais cet état par la pratique de la poésie. La muse m’était déjà tombée dessus ! Car la Muse, l’inspiration, le flow, c’est la même chose ! Pour les longs textes, c’est arrivé au deuxième roman. J’écrivais avec l’acharnement du débutant depuis plus d’un an, et j’avais donc déjà acquis un minimum de techniques d’écriture, sans quoi cela n’aurait pas été possible. Donc, entraîne-toi en écrivant encore et encore.

Je rêve du reste de reprendre un jour ce roman dans le flow, là où je l’ai abandonné, vers la deux centième page. Très mauvaise idée du reste que de l’avoir laissé choir. Quand tu es dans le flow, ne laisse jamais tomber quel soient les défis de ton existence. Je ne le savais pas à l’époque mais tu risques de ne jamais reprendre ton roman parce que tu prends le risque de ne jamais retrouver le flow avec le sujet que tu expérimentais à un moment donné. Nous changeons et ce qui intéressait notre inconscient à l’instant T ne l’intéressera plus obligatoirement à l’instant Y. Pourtant, il y a des pépites dans ce roman fantastique écrit dans un flow qui, quand j’y songe, me rappelle la sensation intense, incomparable, que j’ai vécue alors. J’aimerais m’y remettre rien que pour revivre cela.

 

Crédit photo : stuart Anthony

Ecris-tu dans le flow ?

 

Si tu l’as connu un jour, tu n’as jamais oublié ce moment. Si tu le connais un jour, tu ne l’oublieras jamais. C’est tout simplement à cela qu’on sait être entré dans la zone. Et puis le texte qui en est revenu avec toi te le dit aussi : il est meilleur, plus fluide, plus intelligent, plus pertinent, plus émouvant… Il te dépasse. Tu vois bien que toi, avec tes pauvres forces habituelles, ta petit intelligence de routine, tu n’aurais pu l’écrire. Rend-toi donc disponible pour que le flow revienne ou que tu le rencontres.

 

Petites nouvelles à propos de flow

 

Je mets en page, en ce moment, pour l’autoédition sur Amazon un livre d’aphorisme sur l’art d’écrire (j’ai du mal, ça traîne car la technique et moi…) Je l’ai écrit en deux mois cette année dans des conditions de flow. Une expérience formidable ! Puis je publierai le roman que je voulais sortir en… mai ! Mais les ennuis de santé se sont multipliés, ce qui fait que je vais publier deux livres rapprochés. Ce roman, Le cheval de l’Irlandais, m’a donné beaucoup plus de fil à retordre : je ne l’ai pas écrit dans un état de flow constant. Je te livre deux aphorismes, avec un peu d’avance sur la publication, parce qu’ils évoquent justement le flow :

Les fulgurances de l’inspiration frappent l’écrivain et le laissent hébété de plaisir.

J’écris comme on rêve.

 

Le flow est donc un état subtil et simultané de lâcher-prise et de maîtrise d’une activité. L’as-tu expérimenté ? Souvent ? Jamais ?

 

C’est un secret bien gardé. Les artistes, les écrivains, tous les créateurs et gens concernés ne l’évoquent jamais. L’inspiration est réputée mystérieuse. Pourtant, bien des gens l’expérimentent. Je lirai avec beaucoup de plaisir ton témoignage. Il servira sûrement à ceux qui, avec moi, lisent les commentaires, ci-dessous. Certains ont déjà témoigné, à l’article précédent, l’avoir vécu. D’autres semblent sceptiques. La notion de flow semble passionner. Ce qui est logique puisqu’elle est au centre même de la question de la création. J’espère que cet article, le plus long que j’aie jamais rédigé, t’a apporté tes éclaircissements. Le flow est un sujet passionnant qui garde encore quelques mystères…

 

Ecris-tu dans le flow ? Comment vivre ta plus belle expérience d’écrivain ?

Ecris-tu dans le flow ?

 

Ecrire dans le flow, c’est écrire dans la facilité d’expression, de créativité, d’imagination, la fluidité, la joie, l’enthousiasme, la maîtrise, le calme. Nous voulons tous cela, n’est-ce pas ? Le flow est l’état idéal dans lequel tu devrais, idéalement  toujours, te trouver quand tu écris. C’est un état de grâce rare. Imagine que ta plume glisse dans l’aisance la plus absolue… C’est la plus belle expérience qu’un écrivain puisse faire.

Attention : article qui sort largement des sentiers battus et peut te surprendre, te piquer un peu, voire te choquer ! Mais le flow est un sujet primordial que je me dois de traiter.

 

Crédit photo : Hartwig HKD

 

Qu’est-ce exactement le flow ?

 

Le flow, terme anglais, est un terme de psychologie positive. On parle aussi de zone. On entre dans la zone, on est dans le flow ou dans le flux.

En anglais, to flow veut dire circuler, couler, s’écouler, avancer… Ideas flowed fast and furious : les idées fusaient de tous côtés. The river flows into the sea : la rivière se jette dans la mer. The flow : circulation, écoulement, coulée, ruissellement, flux, acheminement…

Le flow est un état mental d’extrême absorption dans une activité, état qui emmène au dépassement de soi et au bonheur. Quand on se trouve dans le flow, le flux, la zone, on est donc dans un état de concentration, d’engagement et de satisfaction maximum. Rien d’autre n’existe plus que ce qu’on est en train de faire.

Pour parvenir à cet état, il faut bien entendu une motivation puissante. Dans notre cas, il ne s’agit pas d’écrire en ronronnant et en comptant ses signes comme un apothicaire… Mais d’écrire dans un état de joie, quasiment d’extase !

Personnellement, je ressens un enthousiasme et un sentiment d’accomplissement extraordinaire quand j’écris. Quelque chose qui m’emporte totalement et qui est bien de l’ordre d’un flux qui me traverse et que je laisse me diriger. Si je ne ressens pas cela quand j’écris en premier jet un roman, ou tout autre texte littéraire, je cesse car je sais que je perds mon temps. Pire : je vais mal écrire car les choses ne sont pas mûres dans mon inconscient. Je ne vais écrire qu’avec ma conscience et forcément ce sera un texte mutilé. Et je n’y aurais pris aucun plaisir : à quoi bon alors ?

Dans cette immersion dans une activité donnée (on peut constater que le flow existe dans le sport de haut niveau, l’art, la spiritualité, parfois dans l’enseignement, et sûrement dans quelques autres domaines comme par exemple la recherche), les émotions se mettent au service de la performance et de l’apprentissage. Les émotions sont canalisées et coordonnées aux actions.

Le créateur de ce concept, Mihály Csíkszentmihályi (oui je sais, moi non plus je ne parle pas hongrois !) a identifié 6 caractéristiques de l’état de flow. Je copie directement de Wikipédia ces 6 items :

  1. Concentration intense focalisée sur le moment présent
  2. Disparition de la distance entre le sujet et l’objet
  3. Perte du sentiment de conscience de soi
  4. Sensation de contrôle et de puissance sur l’activité ou la situation
  5. Distorsion de la perception du temps
  6. L’activité est en soi source de satisfaction

On parle aussi d’expérience autotélique : elle se suffit à elle-même. La personne la pratique pour l’intense joie, plaisir et enrichissement qu’elle lui procure, en dehors de toute recherche de récompense. Autrement dit, elle la pratiquerait même sans récompense aucune.

L’écrivain peut-il provoquer l’état de flow ?

 

Honnêtement, je ne crois pas que la majorité des gens puissent qu’il soit possible de la provoquer systématiquement sur commande. La plupart des gens ne l’expérimentent même jamais. Il ne faut pas confondre le flow avec une concentration extrême, ce n’est pas que cela. C’est un état de grâce. En écriture, je pense que c’est ce qu’on désigne couramment sous le mot inspiration.

Il me semble que le flow ne peut advenir sans y mettre des conditions préalables. Il faut se disposer à le recevoir. Être prêt à recevoir l’inspiration. Sans cela le flow ne pourra jamais te « tomber dessus ». T’emporter, te surprendre. Donc, il faut y croire et s’y préparer. Ce sont deux conditions minimales.

 

Crédit photo : Greg Williams

Comment se mettre en condition d’entrer dans le flow ?

 

  1. Ecrire, écrire et encore écrire

Car quand tu écris beaucoup, tu possèdes des mécanismes, des expériences, des savoirs-faire, une connaissance intuitive de la créativité et un accès à tes ressources inconscientes. Je ne pense pas qu’un écrivain complètement novice puisse entrer dans la zone. Il faut acquérir une maîtrise suffisante pour espérer y accéder.

  1. Ecrire dans une concentration totale

Ce qui veut dire également t’en créer les conditions. Pas de portable qui sonne, d’interruptions incessantes, qu’elles quelles soient ; se retirer dans un espace pour soi, porte fermée, me semble un minimum. Pour ceux qui préfèrent écrire dehors, écouter de la musique en sourdine peut aider à s’isoler. N’oublions pas que l’écrivain en état de flow, comme le bouddhiste enveloppé de son drap glacé  en plein Himalaya ou un coureur aux 400 mètres olympique, doit se créer une bulle interne.

  1. Etre sûr de soi, au moins dans le domaine de l‘écriture

Si l’on commence sa page en geignant que la journée a mal commencé, qu’on est certain de n’avoir aucune inspiration, mieux vaut aller cuisiner une pizza ou tailler les haies ! On ne peut acquérir la maîtrise d’aucun art, d’aucune activité en possédant le mauvais état d’esprit. Il faut y croire. L’acquisition de ta maîtrise s’appuie sur la certitude que tu en es capable.

  1. Posséder une immense motivation

Il s’agit d’écrire avec passion. Dans le moment où on rédige, c’est la chose la plus importante du monde, on met à la porte tout le reste, on reste seul face à son écriture, cela devient fondamental d’écrire. On ne pense à rien d’autre. Si on écrit comme on va au bureau, on écrira, certes, mais sans jamais connaître le flow. Il faut partir avec une envie brûlante d’écrire. Sentir que rien d’autre n’est possible en cet instant. S’y consacrer corps et âme. C’est le moment. Quand tu écris, cela doit toujours devenir le moment où tu écris. Rien d’autre.

  1. Arrêter les pendules !

Il faut beaucoup d’entraînement et une facilité naturelle pour entrer et sortir du flow sur un horaire bien établi. Quand on sait qu’on va écrire durant une demi heure, une heure au maximum, on ne se laisse pas le temps de respirer. On sait qu’on va sortir rapidement de notre univers. Il existe une pression qui rend plus difficile le lâcher-prise.

C’est pourquoi je te conseille de réserver de longues plages de temps, de plusieurs heures, le plus souvent possible. Savoir que tu as devant toi plusieurs heures, voire ta soirée, ou même plusieurs journées pour écrire va créer un soulagement interne. Tu sais que tu as du temps à consacrer à ton écriture et rien qu’à cela. Ton cerveau sait que si une chose merveilleuse advient, comme entrer dans le flow, tu ne vas pas être obligé de t’arrêter 5 minutes après.

  1. Perdre la notion du temps

Quand tu entres dans la zone, tu perds la notion de temps. En général, je peux écrire durant deux heures avec la sensation d’avoir écrit 20 minutes. C’est pourquoi je tiens très longtemps dans cette zone. Je le sais maintenant donc j’en suis devenue consciente. Mais cela ne change rien à mon ressenti : j’ai beau le savoir, la sensation, c’est bien d’avoir vécu 20 minutes intenses et non 160 minutes habituelles. Dans le flux, je peux écrire quasiment 10, 12 heures d’affilée (il faut que je mange et boive de temps à autre quand même) mais c’est très intense. Je suis portée, je ne ressens aucune fatigue. Elle arrive plus tard. Le flow décuple mes forces physiques et psychiques, cérébrales, émotionnelles, mes forces inconscientes et conscientes. Cela a peut-être à voir avec le processus de sublimation. En général, je travaille 2, 3 heures, je m’arrête pour ne pas m’épuiser, et je recommence deux, trois dans la journée, parfois la nuit. Je pousse plus rarement jusqu’au 10, 12 heures parce que la fatigue qui vient le lendemain et les jours qui suivent est vraiment très grande. Je n’ai plus vingt ans…

 

Musée de l’horlogerie

 

  1. Lâcher-prise sur tes résultats pour te concentrer à 1000% sur ton écriture

C’est quand tu lâches enfin prise sur tes résultats, que tu ne penses plus qu’à te faire plaisir en écrivant, que la grâce advient. Quand tu es dans le flow, tu te sens enfin en possession de tous tes moyens intellectuels. Tu fais confiance à ton intelligence d’arrière-plan, à ton inconscient. Ta raison seule ne peut suffire à créer l’alchimie du texte qui exprime parfaitement ce que tu as à exprimer. J’entends une voix qui me dicte le texte que j’écris en le corrigeant en même temps. Car mon cerveau pense beaucoup plus rapidement. J’ai parfaitement conscience d’être emportée par un flux mais je ne m’attarde pas à ça car s’y attarder, c’est cesser d’être dans le processus. Alors il s’arrêterait net. Il faut faire corps avec ce processus. Je profite pleinement du moment, de l’aubaine, et j’écris aussi loin que je peux. J’entre dans un état d’enthousiasme total, je sens mon cerveau travailler à plein rendement. Je me sens comme un champion olympique du cerveau ! C’est indescriptible. On est à la fois guidé et totalement maître de la situation. C’est paradoxal mais c’est ainsi. Quand on le vit, on sait que ce n’est pas paradoxal mais au contraire totalement complémentaire ! Cela a aussi un rapport avec le fait de vivre dans le moment présent. Il faut être pleinement là, et non perdu dans ces piètres réflexions répétitives qui font notre quotidien, à nous tous.

La sensation est celle, je pèse mes mots, d’une jouissance cognitive. Ne te méprends pas : je ne veux pas dire que je grimpe aux rideaux ! Mais intellectuellement, oui ! J’écris dans la jubilation. La jouissance de l’écrivain, c’est la jubilation. A ce moment, il se trouve à son plus haut point d’accomplissement personnel. Et il en est parfaitement conscient.

Certaines personnes qui me connaissent très bien pensent que je reçois le texte de l’extérieur. Dans leur langage, ils appellent cela canaliser. C’est complètement ésotérique et je n’en crois pas un mot même si je respecte leurs croyances. D’abord ils ne vivent pas eux-mêmes ce processus, ensuite ils ne le ressentent pas. Ce qu’ils croient est surtout la conséquence d’une mauvaise connaissance du fonctionnement humain. La neuroscience expliquera ce phénomène dans quelques dizaines d’années, peut-être avant. Elle s’y intéresse maintenant et tente de détecter quelles parties du cerveau s’activent. J’entends et sens littéralement mon cerveau penser et me dicter les solutions à une vitesse vertigineuse –comparée à sa vitesse de croisière normale. Hors écriture, je suis beaucoup moins performante… Si tu me voyais devant une division ou un pourcentage ! Je sais donc que cela ne vient pas de l’extérieur mais naît à l’intérieur. Sans lâcher-prise, ce serait impossible.

Je précise qu’entrer dans le flow m’arrive systématiquement en 1er jet de roman, textes, poésies, etc. J’y suis parvenue en quelques années il y a bien longtemps… Il faut dire que j’étais habituée à travailler ma créativité puisque j’étais dans une école d’art, ce qui m’a certainement beaucoup aidée.

Je sais à peu près appuyer sur le bouton à la demande parce que je m’y suis beaucoup entrainée volontairement, ne serait-ce que pour rendre mes travaux de graphismes, de peinture, dessin, etc. J’ai poursuivi le même processus mais en allant beaucoup plus profondément dès que j’ai commencé à écrire, alors que j’étais encore en école d’arts appliqués.

Par contre, je n’entre jamais dans la zone durant le deuxième jet et les suivants sauf, parfois, quand je récris certains passages et plus souvent quand j’en rajoute, et travaille donc sur du « neuf. » Hélas : reprendre mon 1er jet est un vrai labeur fatiguant. Usant. Parfois ingrat. Mon cerveau n’a plus la même vivacité. Je repasse en mode conscient habituel. La magie s’efface. L’état de grâce n’est plus. Et je ne ressens plus la même jubilation, ce même bonheur de savoir que je réussis, que je fais bien.

C’est un témoignage qui te paraîtra peut-être étrange mais j’en prends le risque. Je ne me suis jamais livrée là-dessus. Je le fais parce que je ne trouve rien de pertinent sur la question essentielle du flow, qui est tellement liée à celle de la création. C’est pourtant un sujet d’une extrême importance pour les écrivains, les artistes, les créateurs, inventeurs… Peu de livres traitent de ce sujet. La neuroscience commence à peine à s’y intéresser. Mihály Csíkszentmihályi a pourtant conceptualisé ce processus en 1975 ! Très peu de gens ont décrit ce qui se passe en eux quand ça arrive. Quelques sportifs de haut niveau l’ont fait mais comme leur métier n’est pas d’exprimer, leurs rapports sont brefs et sans explications. Mais ils donnent une idée du phénomène. Ayrton Senna : « J’étais déjà en pole position, […] et je continuais. Tout à coup j’avais deux secondes d’avance sur tout le monde, même sur mon binôme qui avait la même voiture. Et tout à coup j’ai réalisé que je ne conduisais plus la voiture consciemment. Je la conduisais comme instinctivement, mais j’étais dans une autre dimension. J’étais comme dans un tunnel. Pas seulement dans le tunnel sous l’hôtel : tout le circuit était un tunnel. Je continuais et continuais, encore et encore et encore et encore. J’avais largement dépassé la limite mais j’étais toujours capable de trouver plus. » Le grand footballeur Pelé : « J’ai ressenti comme un étrange calme… une sorte d’euphorie. J’ai eu l’impression de pouvoir courir une journée entière sans fatigue, de pouvoir dribbler à travers toutes leurs équipes ou à travers tous, que je pouvais presque leur passer à travers physiquement. »

Voici pourquoi je rédige cet article, espérant que tu ne penses pas que j’exagère, que j’affabule. Comment comprendre l’écriture quand on ne comprend pas la créativité ? Comment comprendre la créativité quand on ne comprend pas le flow ? Je voulais aborder ce terrain, pour le moins curieux, de cet état de grâce après lequel nous courrons tous quand nous écrivons.

Il se peut que tu aies déjà expérimenté le flow en écriture, en sport, dans une autre activité. C’est même probable si tu écris de la poésie. Je suppose depuis longtemps que les poètes sont beaucoup plus proches de ce processus que les romanciers. Ce n’est du reste pas un hasard si j’ai commencé par écrire de la poésie. A 19 ans, je voulais être poète. Il s’agit pour toi, si tu connais déjà cet état de flow, qui ressemble à une transe sans jamais en être une et te permet de te sentir illimité, de tenter de le retrouver le plus souvent. Je pense que c’est possible parce que c’est ce que je vis. Pourquoi pas toi ?

 

Crédit photo : NASZA Goddard Space Flig

Le flow et toi !

 

De fait, je suis persuadée que tu peux trouver le flow parce que l’activité artistique s’y prête. Et qu’écrire un roman, de la poésie, une nouvelle, est une activité hautement artistique. Je t’enjoins donc à essayer de mettre en place les conditions décrites ci-dessus quand tu rédiges. Il en existe d’autres que je te décrirai bientôt. Cet article est si long qu’il en serait indigeste, lu d’un bloc ! Il est entièrement rédigé mais je te donnerai la suite la semaine prochaine. Et puis, cela te laissera le temps d’y songer… Penses-y car c’est tellement important ! Et tellement fabuleux d’écrire dans la fluidité ! Imagine un instant que rien ne t’arrête, ni ta pensée, ni tes émotions, ni ton imagination, que tu puises dans un puits sans fond pour en ramener à la surface des pépites auxquelles tu n’aurais même pas oser rêver…

Je te conseille de lire aussi mon article sur l’inspiration. Je n’y parle pas du flow qui est l’inspiration à son plus haut degré. Mais j’évoque l’inspiration qui pose souvent problème aux gens qui pensent manquer d’imagination. Je pense que c’est un article complémentaire à celui-ci.

Partage-nous ton expérience du flow si tu en possèdes une. Et peu importe que tu l’aies expérimentée en cuisinant, en jouant aux échec ou en écrivant un roman. L’important, c’est l’expérience. Et d’y être ouvert.

La suite de cet article la semaine prochaine…

Comment écrire une fin de roman inoubliable ?

Après l’incipit, la fin de roman. Tu as peut-être lu l’article que j’avais consacré à l’incipit, c’est-à-dire au début de roman : comment bien débuter ton roman : l’incipit. Il est temps de parler de la manière dont tu peux terminer ton roman car c’est d’une importance aussi capitale que la manière dont tu le débutes.

 

Crédit photo : Dennis Skley

 

Tu as bien entendu plusieurs possibilités :

1.  La fin de roman fermée

 

Tu peux donner une conclusion morale, ou autre, ou une résolution à la problématique du héros. Ton lecteur ne se posera aucune question puisque tu lui auras livré tes conclusions .

A.   Avec une fin fermée : tu peux donner une résolution positive à la problématique de ton héros : il trouve une résolution heureuse à ses ennuis, sa quête, etc. C’est une happy end.

   Elle était toute menue devant lui, si menue, si fragile qu’il ne résista pas au désir de la soulever dans ses bras comme s’il allait l’emporter tout de suite au loin

   Quand il la reposa sur le sol, tous deux pleuraient en riant, et à travers les larmes, ils se voyaient des visages déformés comme des visages de rêve.

Le voyageur de la Toussaint, Georges Simenon (Le héros a rêvé à elle durant tout le roman. Enfin, il ose se déclarer, et on sait tout de suite qu’ils partiront ensemble pour mener une nouvelle vie.)

B. Toujours avec une fin fermée, tu peux faire le contraire : donner une résolution négative à la problématique du héros : mort, fuite, échec, maladie, etc. Par exemple, Madame Bovary finit par s’empoisonner et son mari meurt de chagrin. Tout est résolu puisque tout le monde meurt, et dans le drame.

Crédit photo : Chris Drumm

 

2. La fin de roman ouverte

 

Tu peux au contraire ne pas donner de fin bien définie. Laisser flous les contours de l’histoire, de la problématique du héros afin que le lecteur lui-même tire ses conclusions, ou aucune conclusion. Il arrive même que le roman soit une sorte de chronique quotidienne qui n’aspire pas à une conclusion particulière. La vie qui passe est alors le sujet du livre. Mais pas forcément. La résolution de la ou des problématiques peut être en partie résolue, ou de manière encore insatisfaisante. On ne sait pas ce qui se passera ultérieurement. On peut par contre l’imaginer. C’est une fin de roman ouverte : elle s’ouvre sur tous les possibles.

Elle est bien pratique à utiliser si tu veux créer une série, une saga, une suite.

Ta promesse :

 

Dans tous les cas, si tu as promis quelque chose au lecteur au début du roman (je vais te montrer ceci, ou « voici ce qui arriva au héros et pourquoi », tiens ta promesse. A la fin du roman, donne-lui ce que tu lui as promis.

   Le squire Trelawnay, le docteur Livesey et les autres m’ont demandé de consigner tous les détails concernant l’île au Trésor, du début à la fin, sans rien cacher, sauf la position de l’île, puisqu’il y reste une partie du trésor. Je prends donc ma plume en l’an de grâce 17…, et je retourne au temps où mon père tenait l’auberge de l’Amiral Benbow, quand le vieux marin brun, balafré au sabre, vint loger sous notre toit.

L’île aux Trésor, Robert Louis Stevenson. ( Cet extrait est l’incipit. La promesse sera tenue puisqu’en en effet le jeune héros va raconter tous les détails concernant l’île au Trésor, et même sa propre histoire liée à cette île.)

Crédit photo : carlos

 

Dans tous les cas :

 

Ne rajoute pas d’éléments de dernière minute, de personnages neufs, dans les dernières pages au risque de décrédibiliser ton intrigue et de déstabiliser ton lecteur. Sauf si :

3. La fin de roman surprenante

 

Sauf, bien sûr, si tu ajoutes un ou deux éléments de compréhension à ton intrigue pour créer une surprise et la dénouer. C’est ce qu’on appelle une chute : tu crées un choc, une surprise ou même un retournement de situation. C’est un effet que tu trouves davantage dans les romans policiers, ou à suspense. Attention : dose tes effets et que ton intrigue ne paraisse pas invraisemblable d’un coup mais bien possible, et même qu’on se dise : c’était donc ça ! Je n’y aurais jamais pensé, mais évidemment !

   Oh ! ma pauvre Mathilde ! Mais la mienne était fausse. Elle valait au plus cinq cents francs !..   La Parure, Guy de Maupassant (Durant dix années, l’héroïne se sacrifie, et devient même pauvre, pour rendre à une femme fortunée la parure qu’elle lui avait empruntée et qui lui avait été volée.)

De plus :

 

Ne laisse jamais ton lecteur sur sa faim sauf si tu veux créer une suite et donc lui donner envie d’acheter le livre suivant ou à venir. Et, de préférence, fais en sorte qu’il comprenne que tu vas l’écrire ou qu’il est déjà en vente. Ce peut être fait dans la 4ème de couverture, par exemple.

Ne laisse non plus jamais ton lecteur avoir l’exécrable sensation que tu as bâclé ta fin, que tu ne savais pas comment boucler ton intrigue, que tu n’avais plus envie d’écrire et que tu as escamoté la fin de ton roman. En un mot, que tu te débarrasses brutalement de ton lecteur en terminant le livre au mauvais moment.

Car le lecteur doit finir sur une note qui l’accompagne comme une petite musique. Que ce soit de l’émotion, de l’ironie, du désabusement, de la nostalgie, du lyrisme ou autre, c’est à toi de voir, mais le lecteur ne doit pas être indifférent à ta fin de roman. Même dans le cas d’une fin ouverte. N’oublie pas que le dernier goût, le dernier parfum qui lui restera en tête et dans le cœur de ton roman, ce sera sa fin.

L’idéal, pour mes goûts personnels, est de se surpasser dans les deux ou trois dernières phrases. D’y laisser la trace d’une grande force. Et peut-être d’un questionnement métaphysique. Un très bel exemple :

   En traçant ces derniers mots, le 16 novembre 1841, ma fenêtre, qui donne à l’ouest sur les jardins des Missions étrangères, est ouverte : il est six heures du matin ; j’aperçois la lune pâle et élargie ; elle s’abaisse sur la flèche des Invalides à peine révélée par le premier rayon doré de l’Orient : on dirait que l’ancien monde finit, et que le nouveau commence. Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. Il ne me reste qu’à m’asseoir au bord de ma fosse ; après quoi je descendrai hardiment, le crucifix à la main, dans l’éternité.

Mémoires d’outre-tombe, François-René de Chateaubriand (Tu noteras que la fin du livre était annoncée dans le titre même de l’œuvre !)

Crédit photo : J.-C. Curtet

 

4. Une fin qui pose une ou des questions

 

Ta fin de roman, de conte, de souvenirs peut également être un questionnement. Tu laisses le lecteur avec un doute, une crainte, ou même une vraie question. Que ce soit sur l’évolution future du héros, sur ce que provoquera à l’avenir la résolution même de l’énigme, sur la moralité du personnage, ou ce qui  se passera ultérieurement pour d’autres personnages de ton roman, etc. Au lecteur d’imaginer. Evidemment, c’est une fin ouverte. Qui peut-être intrigante ou pas. Ici, une fin intrigante :

   Après cet épisode, j’ai décidé de tout raconter à maman, les draps qui se transformaient et montaient au plafond, les taquineries, le vent, et comment j’avais toujours été guidée vers la fortune et le bonheur. Maman m’écoutait bouche bée, sans rien dire. Et puis, elle a décidé de m’en parler. Elle a toujours su où est caché  papa.

   Mais alors si papa est vivant, qui battait des ailes ?

Battement d’ailes, Milena Agus

Crédit photo : Elena Torre

Ecris donc ta fin de ton roman avec autant d’attention que tu en mets à écrire ton début de roman. Rends ta fin de roman inoubliable ! Parfois quelques phrases suffisent pour sublimer ton récit :

   Gatsby croyait en la lumière verte, l’extatique  venir qui d’année en année recule devant nous. Il nous a échappé ? Qu’importe ! Demain nous courrons plus vite, nos bras s’étendrons plus loin… Et un beau matin…  

   C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé.   

Gatsby le Magnifique, F. Scott Fitzgerald

Certains savent déjà comment ils termineront leur histoire. Rien ne les empêche de rédiger la fin de leur roman bien avant de l’avoir terminé, quand l’inspiration leur vient. D’autres écrivent au fur et à mesure (c’est ce que je fais) et doivent donc composer tardivement la porte de sortie de leur livre. Considère ta fin de roman comme cela : une porte de sortie. Comme l’incipit est la porte d’entrée de ton livre. Tu es l’hôte : tu dois recevoir en étant accueillant et tu dois quitter en étant aussi aimable. On ne se débarrasse de ses hôtes avec un coup de pied… Des fins de romans négligées, j’en ai beaucoup lues et toi aussi. Evitons cet écueil.

Et toi, es-tu satisfait de tes fins de romans ? Comment les rédiges-tu ? Eprouves-tu du plaisir à les écrire ?

Comment conserver ton enthousiasme pour écrire ? Et ne jamais abandonner ton livre.

L’enthousiasme, un moteur pour écrire !

 

C‘est le temps des vacances.

Sors la tête du guidon ! Profites-en. Tu as du temps devant toi, et ce n’est pas tous les jours de l’année, n’est-ce pas ? Tu décompresses enfin. Tu te détends. Tu peux marcher à l’air frais ou chaud, mais à l’air, pas enfermé dans une boîte, celle de la maison, de l’entreprise, du travail, de la voiture, des habitudes… Bref, respire à fond. Et pose-toi les questions que tu n’as pas le temps de te poser en temps courant.

Vais-écrire un roman cette année ? Ou un recueil de poèmes ? Ou des nouvelles ? Ou autre chose ? Pourquoi ai-je si peu ou mal écrit cette année ? Que puis-je faire autrement pour faire mieux ?

Ou encore : cette année, je me suis drôlement bien débrouillé, j’ai bien écrit ! Qu’ai-je mis en place qui m’a permis de tels résultats ? Parce que dès la rentrée, je recommence la même chose!

Des tonnes de techniques littéraires ici !

 

Tu peux encore te demander : pourquoi ai-je encore des pannes d’inspiration ? Qu’est-ce que je peux changer pour que ça m’arrive de moins en moins ? De l’inspiration ici : Débarrassez-vous de la panne d’inspiration !

 

Crédit photo : Stephen Poff

 

Ou bien : franchement, si je regarde les choses en face, je manque de culture littéraire pour parvenir à élever le niveau de mes écrits… Comment transformer ça ? Es-tu un bon lecteur ?

Et puis : je n’aime pas mes descriptions, c’est lourd, je m’ennuie quand je les écris et du coup, mon lecteur aussi. Comment écrire des descriptions intéressantes et pertinentes ? Des descriptions qui apportent de la valeur ajoutée et non du remplissage ? Comment enrichir tes description à la manière des écrivains ?

Et ceci : pourquoi ai-je l’impression de me répéter ? Comme si j’avais déjà lu ce que j’écris ? Ce que les lecteurs demandent, c’est du renouvellement, du jamais vu, de l’originalité… Mais j’ai l’impression de radoter… Comment écrire différemment et subjuguer ton lecteur ?

Et encore : depuis le temps que je rêve de mettre par écrit mes souvenirs, il faudrait que je me remue… Ce n’est pas quand j’aurai les deux pieds dans la tombe que j’écrirai mon autobiographie… La difficulté, c’est que je ne sais vraiment pas comment m’y prendre. Est-ce que j’ai suffisamment de matière, vais-je intéresser mes lecteurs ? Il y a sûrement des pièges à éviter mais lesquels ? Comment écrire une autobiographie inspirante ?

Ou alors : pas moyen de structurer correctement mon intrigue ! Dix fois que je recommence et j’ai toujours l’impression qu’il manque quelque chose ! Que l’intrigue s’embourbe ! Que le récit patine ! Bon sang, si je connaissais le secret des auteurs de best-seller ! Bonne nouvelle, je te le donne ici : La structure exacte des best-seller, étape par étape !

Tu te demandes peut-être : pourquoi mes personnages sont-ils si fades ? Il y en a un qui m’embête particulièrement ! Je le veux puissant, passionnant, mais il est mièvre et ennuyeux ! Comment le métamorphoser pour qu’il embarque le lecteur ? Ici : Ce qu’il faut savoir sur le personnage de roman.

Crédit photo : Raoul Luoar

 

Et cette question : comment faire pour retrouver la motivation quand elle flanche ? Est-ce normal, inhérent au processus de création ou dois-je me forcer quand je n’ai plus envie d’écrire ? Les réponses ici : Comment écrire un roman avec persévérance et autodiscipline ? 

Bref, fais ton bilan ! Et prends des décisions. Repose-toi maintenant, avec pour seul travail de chercher des réponses à tes questions ; mais dès ton premier jour de rentrée, mets en place ce dont tu as décidé. Sans être trop gourmand non plus. Prends deux ou trois décisions fermes et tiens-toi en là. Six est un grand maximum, déjà très ambitieux. Ne mets pas huit, dix, douze décisions en place : ce serait trop et tu abandonnerais. Six décisions importantes, c’est déjà énorme. Et c’est pour une personne déjà habituée à se fixer des objectifs.

Bilan et décisions en douceur

 

L’expérience m’a montré qu’il vaut mieux se transformer en douceur, mettre en place rigoureusement deux, trois trucs et les suivre vraiment que se noyer dans les grandes intentions. Même si tu ne changes que deux ou trois choses cette année dans ta façon d’écrire, tu auras fait des pas de géant ! Et l’année prochaine, tu mettras en place deux ou trois habitudes supplémentaires. Imagine : en trois ans, par exemple, cela fera neuf habitudes radicalement plus utiles et efficaces. Ce que tu écris va forcément prendre énormément de valeur, non ?

Ah, tu ne sais pas faire efficacement ton bilan ? Pas de soucis, c’est facile : Comment faire ton bilan pas à pas pour écrire mieux et plus vite ?

De mon côté, je fais comme toi : je réfléchis à ce que je vais mettre en place et rectifier le tir. En janvier, je fais mon bilan et je prends des décisions. J’ai des réussites et des échecs, comme tout le monde. Alors avant septembre, je refais un bilan et rectifie le tir. J’abandonne certaines choses, j’en mets parfois d’autres en place. L’idée n’est pas de me fustiger mais de voir le chemin parcouru parce que ça m’encourage à faire mieux. Depuis janvier, j’en ai écrit des textes et des articles ! Et même un livre entier ! Mais j’ai tendance à l’oublier et à ne penser qu’au fait je ne me suis pas publiée sur Amazon comme je voulais le faire. Pourtant, d’octobre 2016 à juin 1017, je n’ai cessé d’être malade ! Et ça je l’oublie aussi…

Crédit photo : Jean-baptiste Duville

Félicite-toi pour ce que tu as déjà accompli

 

Souvent, nous sommes très durs avec nous-mêmes. Nous oublions d’où nous sommes partis. Nous oublions tous les progrès que nous avons faits. Nous pensons à ce nous avons échoué au lieu de nous féliciter de ce que nous avons accompli. C’est une très mauvaise idée parce que l’impatience et l’ingratitude envers nous-mêmes ne nous poussent pas à aller de l’avant mais à capituler ! Je ne crois pas du tout aux vertus de la culpabilisation. Je ne crois qu’aux vertus de l’enthousiasme. Si tu sais réchauffer les braises de ton enthousiasme pour en faire un grand feu joyeux, quelles que soient les circonstances, crois-moi, tu iras loin ! Donne-toi le temps nécessaire, n’abandonne jamais, c’est tout.

Donc, j’applique en ce moment même ce que j’écris. Je me repose, je profite de la vie, et je réfléchis tranquillement à comment faire mieux. Du reste, au fin fond de la campagne où je suis allée prendre le vert, m’oxygéner, lire, écrire sans pression, et méditer sur la suite de ce que j’ai à accomplir, je ne capte la wifi qu’en allant au village. Le rythme de mes publications va donc continuer à être assez bas et j’avoue que décrocher un peu des réseaux sociaux me fait du bien. Mon rythme n’est lus le même et j’ai besoin de ce répit et ce calme avant de retrouver la furie de la rentrée. Et je veux retrouver le rythme de mon écriture pour mes articles de blog et mes livres avec enthousiasme. Avec bonheur.

Et toi, que vas-tu mettre en place ? Ou abandonner ? De quoi es-tu content ? Ou moins content ? Te sens-tu enthousiaste quand tu écris ?

 

 

Adopte un ton personnel ! Sois unique. Et différent.

Que désires-tu le plus quand tu lis un roman, une nouvelle, une pièce de théâtre, un conte ?

 

Une intrigue palpitante ? Des personnages marquants ? De l’émotion ? De l’humour ? De l’intelligence ? Du style ? Du sentiment ? Des surprises ? Du suspense ? Des questionnements ? Des réponses ? Tout cela à la fois ? Plus encore ? Mais tout cela et plus encore -et Dieu sait si c’est déjà du travail pour l’écrivain !- ne suffit pas à faire la différence ! Ce qui va vraiment faire la différence entre un médiocre, un banal, un  bon, un mauvais, un irrégulier, un très bon, un excellent livre, en dernier recours, c’est le ton de l’auteur. Et oui.

Pourquoi le ton ?

 

On n’en parle jamais suffisamment. On parle de tout le reste mais pas du ton. Peut-être parce que c’est justement le plus difficile à trouver, le plus subtil des secrets que renferme un livre. Que c’est le saint Graal de l’auteur. Si le style est beau mais propre et lisse, on l’oubliera. Le ton, lui, rapproche  le langage parlé et oral, il les fond, il les mêle. C’est le ton employé qui donne tout son suc à un livre. On peut tout réussir mais si le ton est neutre, n’importe qui pourrait avoir écrit le livre et on l’oubliera. Le ton, c’est la voix de l’écrivain, cette voix ni parfaitement parlée ni parfaitement écrite, cette voix qui semble se déployer naturellement comme si l’écrivain écrivait le livre au fur et à mesure que tu le lis. Car le ton doit paraître naturel même si l’écrivain a sué sang et eau pour l’inventer, le travailler, enfin le maîtriser. L’écrivain est élégant : il ne te donne pas sa sueur à lire mais son apparente facilité. Sa respiration.

C’est le ton qui te retient en librairie quand tu feuillettes la première page, qui t’attire comme un aimant, qui t’agrippe comme un bonheur, qui te force à dévorer des pages au lieu d’aller te promener au grand soleil ou dormir.

Alors voici : si tu es content de ton intrigue, tant mieux. C’est bien. De tes personnages, c’est bien. De l’émotion dégagée par ton texte, c’est bien. De ton humour, c’est bien. De ton intelligence, c’est parfait. De ton style, c’est encore mieux. Du sentiment qui émane de l’ensemble, c’est impeccable. De tes surprises, c’est bien. De ton suspense, c’est bien. Des questions que tu soumets en douce à ton lecteur, c’est bien. Des réponses que tu lui suggères discrètement, c’est bien. Mais ça ne suffit pas. Tout cela est utile. C’est indispensable. Il fallait le faire. Ouf ! C’est fait ! Mais insuffisant. Ce sont tous des préliminaires au plaisir, en quelque sorte. Sans eux, à quoi bon ? Mais le moteur et le cœur du plaisir, c’est le ton de l’auteur. Le tien.

Pour que ton lecteur grimpe aux rideaux, il va te falloir trouver un ton. Unique. Irremplaçable. Différent. Le ton, c’est ton empreinte, la marque de ta personnalité.

Ne te cache pas derrière des lieux communs ! Livre-nous ta sensibilité, ta vision du monde, ton intelligence. Ne te camoufle pas derrière des déguisements. Les mots ne sont pas un paravent derrière lequel se cacher. Tes personnages, tes décors, tes intrigues le font déjà. Mais le fond, la substance doivent être authentiques.

Crédit photo : Samson Picard

 

Différence entre le style et le ton

 

Le ton, qu’est-ce que c’est alors ? Ce n’est pas tout à fait ton style quoiqu’il se mêle intimement à ton style. C’est ce qui suinte de toi, ton parfum, ton aura, ta présence, et c’est plus nuancé que le style. Le style, c’est la façon dont tu agences tes mots, tes métaphores, la longueur de tes phrases, ta ponctuation… Le ton est ce que tu y mets comme contenu. Le style est l’enveloppe, le réceptacle, le vase. Le ton est le nectar que tu y verses. Le style est l’extérieur, ce qui se voit en première lecture. Le ton est à l’intérieur, et c’est ce qui restera à la mémoire du lecteur. Le ton que tu donnes à tes textes te rend plus attirant, plus charismatique, plus vibrant, plus personnel, il révèle des lointains échos de ta véritable nature. Le ton, c’est ton intimité mise en mots. Sans lui, tu ne te distingueras jamais de la masse des textes produits. Si le ton est si difficile à obtenir, c’est parce qu’il nous révèle. Il nous fout à poils ! Il faut oser être à poils en littérature. C’est le seul lieu où tu seras complimenté pour cela au lieu d’être taxé d’exhibitionnisme, alors profite-en ! Je sais : ce n’est pas facile. On nous a tant baratiné sur les vertus de la pudeur… On nous a tellement rabâché de rester à notre place, de ne pas faire de vagues, de ne pas nous faire remarquer… Je sais. Et pourtant, il faut oser !

Sinon ton livre risque d’être insipide. Il manquera le piment, les saveurs, les épices. Ce sera fade comme une quenelle à la crème sans sel ni sans poivre. Le ton, c’est ton ironie, ta tendresse, ta quête de bonheur, ton lyrisme, ta naïveté, tes fêlures, ton insouciance ou au contraire ton inquiétude, ta folie ou ta sagesse, tes doutes, tes certitudes… Le ton, c’est la femme, c’est l’homme juste derrière l’écrivain. Le ton, c’est toi.

Tu vas me dire : tu y vas fort, j’ai l’habitude de tes envolées, mais quand même ! Des preuves !

Je te réponds par des extraits de livres d’écrivains vraiment puissants, des écrivains que l’on reconnaît dès la première phrase, des écrivains inimitables grâce, justement, à leur ton particulier. Ils nous embarquent et nous mènent à sentir, penser, être comme si nous étions dans leur peau. Un écrivain dont le ton est réussi est un écrivain qui te fait sortir de ta peau pour t’emmener dans la sienne ! Tu vois le monde par son intériorité et c’est bien cela qui fait la grande différence : il t’expatrie sur sa propre terre et tu en viens à douter de ce que tu ressentais, vivais, pensais jusque là. Ou encore tu adoptes tout de sa pensée, sa vision, sa sensualité, sa manière de tout appréhender. Tu ne te poses pas la question. Tu es dans la peau de celui qui raconte et tu ne t’en aperçois pas ! Le ton exprime une vision personnelle de l’existence, la tonalité que son auteur lui donne. Le ton exprime ses sentiments, ses émotions, ses doutes, ses certitudes mieux encore que ses personnages, ses intrigues. Mais assez jasé, je te donne des exemples de ce que je considère comme de parfaites réussites.

Des extraits d’auteurs au ton unique

 

Mais je tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie. Le bonheur, c’est une belle ordure et une peau de vache et il faudrait lui apprendre à vivre. On est pas du même bord, lui et moi, et j’ai rien à en foutre. J’ai encore jamais fait de politique parce que ça profite toujours à quelqu’un, mais le bonheur, il devrait y avoir des lois pour l’empêcher de faire le salaud.

La Vie devant soi, Emile Ajar

Au début, je ne savais pas que Madame Rosa s’occupait de moi seulement pour toucher un mandat à la fin du mois. Quand je l’ai appris, j’avais déjà six ou sept ans et ça m’a fait un coup de savoir que j’étais payé. Je croyais que Madame Rosa m’aimait pour rien et qu’on était quelqu’un l’un pour l’autre. J’en ai pleuré toute une nuit et c’était mon premier grand chagrin.

La Vie devant soi, Emile Ajar

Elle me serra très fort dans ses bras et me caressa dans ce silence au goutte-à-goutte qui fait bien les choses. La tendresse a des secondes qui battent plus lentement que les autres. Son cou avait des abris et des rivages possibles. Elle était vraiment douée pour la féminité.

Gros-Câlin, Emile Ajar

Gros-Câlin, Emile Ajar

 

Et parce que les génies possèdent de multiples facettes et qu’Emile Ajar en était un (le seul écrivain à avoir eu deux fois le prix Goncourt !), voici l’autre ton, celui de Romain Gary, l’un de ses pseudos, sous lequel il montrait son vrai visage :

Et on ne peut pas juger les hommes pour ce qu’ils font quand ils enlèvent leur pantalon. Pour leurs vraies saloperies, ils s’habillent.

Les racines du ciel, Romain Gary

– Dis-moi, photographe, tu crois toujours que je suis fou ?
– Oui
– Tu as raison. Il faut être fou… Tu as de l’instruction ?
– Oui
– Tu te rappelles, le reptile préhistorique qui est sorti pour la première fois de la vase, au début du primaire ? Il s’est mis à vivre à l’air libre, à respirer sans poumons, en attendant qu’il lui en vienne ?
– Je ne me rappelle pas, mais je l’ai lu quelque part.
– Bon. Eh bien ! ce gars-là, il était fou, lui aussi. Complètement louftingue. C’est pour ça qu’il a essayé. C’est notre ancêtre à tous, il ne faudrait pas l’oublier. On serait pas là sans lui. Il était gonflé, il n’y a pas de doute. Il faut essayer, nous aussi. C’est ça, le progrès. A force d’essayer, comme lui, peut-être qu’on aura à la fin les organes nécessaires, par exemple l’organe de la dignité, ou de la fraternité… Ça vaudrait vraiment la peine d’être photographié, un organe comme ça. C’est pour ça que je te dis de laisser un peu de pellicule… On ne sait jamais.

Les racines du ciel, Romain Gary

L’humour est une dynamite silencieuse et polie qui vous permet de faire sauter votre condition présente chaque fois que vous en avez assez, mais avec le maximum de discrétion et sans éclaboussures.

Les racines du ciel, Romain Gary

Les racines du ciel, Romain Gary

A propos de cet immense écrivain, je t’invite à lire le court article que je lui ai consacré dans ma rubrique : Livres à lire, la bibliothèque.

Tu vois, ce sont des métaphores jamais lues, des retournements de raisonnements là où on ne les attend pas, des réflexions profondes, des inventions désespérées (l’organe de la dignité, de la fraternité : génial, non ?), une ironie polie mais tranchante.

Je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champ de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux, je veux dire pas de grandes personnes – rien que moi. Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est attraper les mômes s’ils s’approchent trop près du bord. Je veux dire, s’ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serais l’attrape-cœurs et tout.

L’attrape-cœurs, J.D. Salinger 

La vie est un jeu, mon garçon. La Vie est un jeu qu’on doit jouer selon les règles.»
«Oui, m’sieur. Je le sais. Je le sais bien.»
Un jeu, mes fesses. Quel jeu. Si vous vous mettez du côté où il y a tous les coups intéressants, alors c’est un jeu, d’accord – je veux bien l’admettre. Mais si vous êtes de l’autre côté, celui où il n’y a rien d’intéressant, à quoi rime le jeu ? A rien. Il n’y a pas de jeu.

L’attrape-cœurs, J.D. Salinger 

Un adolescent en fugue te raconte sa vision du monde. Il voit les choses comme personne d’autre ne les voit. Il considère le monde d’une manière différente de la « normale. » Et évidemment, il a raison à tous les coups ! Il nous révèle la vérité sans fard. Sous sa dureté apparente, un énorme besoin de tendresse transparaît. Gros mots, tics de langage, tournures familières, expressions inventées, Salinger ne s’est rien refusé pour créer un ton inimitable. Et son personnage nous va droit au cœur.

L’attrape-cœurs, J.D.Salinger

Deux gallons, c’est beaucoup de vin, même pour deux paisanos. Moralement, voici comment on peut graduer les bonbonnes. Juste au-dessous de l’épaule de la première bouteille, conversation sérieuse et concentrée. Cinq centimètres plus bas, souvenirs doux et mélancoliques. Huit centimètres en dessous, amours anciennes et flatteuses. Deux centimètres de plus, amours anciennes et amères. Fond de la première bouteille, tristesse générale et sans raison. Epaule de la seconde bouteille, sombre abattement, impiété. Deux doigts plus bas, un chant de mort ou de désir. Encore un pouce, toutes les chansons qu’on connaît. La graduation s’arrête là, car les traces s’effacent alors et il n’y a plus de certitude : désormais n’importe quoi peut arriver.

Tortilla-flat, John Steinbeck

L’amour se mit à chanter dans sa tête, l’amour rugit à travers son corps comme un torrent en crue, l’amour le secoua comme une tempête tropicale secoue une forêt de palmiers. Il la garda tout contre lui un moment et la colère de la femme s’apaisa.

Tortilla-flat, John Steinbeck

Tortilla Flat, John Steinbeck

Dans ces deux extraits, c’est l’art du rythme que me frappe. La musique. Comme si l’âme de Steinbeck s’infiltrait en nous par là, par cette sensualité musicale. Quand on a commencé à lire des textes aussi chantants, on ne peut que les continuer. Son ton possède une musique qui nous fait entrer dans le fond de ce qu’il décrit (et le fond de la bouteille aussi !) Steinbeck savait écrire de très longues phrases dans lesquelles on ne se perdait pas, dans lesquelles on pénétrait plus profond à mesure qu’on les lisait. Comme si on s’y enfonçait. Voluptueusement.

Il faut essayer de construire avec son esprit et ses mains un rempart contre le froid et la nuit, un édifice dans le vide. Il faut essayer, sans relâche. C’est le devoir absolu de l’être qui a reçu en partage la conscience, l’imagination et la prévision. Si cette tentative engendre sottise et folie, qu’importe. Et il faut vaincre la peur. C’est une question de dignité.

J’ai cent ans. Un siècle est une éternité à vivre et, après qu’on l’a vécu, une pensée fugitive où tout, les commencements, la conscience, l’invention et l’échec, se ramasse en une expérience sans durée.

Et sans doute mon amertume de me trouver enfin terrassé par le poids du temps et des choses après avoir goûté à une espèce d’éternité et au pouvoir absolu de l’esprit s’efface-t-elle devant la douleur plus aiguë et plus commune d’embrasser en un regard les sites funèbres où gisent les trois êtres que j’ai le plus aimés.
Sans doute, en fin de compte, le deuil d’une chair est-il plus lourd à porter que celui d’un monde.

Merlin, Michel Rio

Un mélange extrêmement sensuel et noir de termes abstraits, de formules qui frappent et émeuvent, de conclusions sur ce qu’est l’existence. Un lyrisme poétique d’un extrême raffinement. Une beauté stylistique sans aucun relâchement, une tension dans le texte, quelque chose de définitif comme si chaque phrase était un monde en elle-même. Comme si chaque phrase, chaque pensée, chaque émotion est d’une importance extrême dans une vie. Rien de léger dans Merlin, mais que c’est beau !

Merlin, John Steinbeck

Adopte un ton personnel ! Sois unique. Sois différent.

 

Je pourrais te donner mille autres extraits de livres dont le ton particulier de l’auteur me frappe, m’émeut, me rallie finalement à lui, ses pensées secrètes, ses cheminements intérieurs. Aucun de ces auteurs n’a reculé devant ce qu’il voulait exprimer et c’est ce qui fait sa différence : grossièretés de J.D. Salinger, tendresse et fausse naïveté d’Emile Ajar, ironie et lucidité de Romain Gary, pure et austère beauté de Michel Rio, sensualité et humour de Steinbeck, chacun est ce qu’il doit être et comme il doit l’être. Et je m’incline devant l’art de ces écrivains. Devant leur courage au fond, leur personnalité bien assise. Aucune neutralité gnangnan et bien pensante : on ne s’ennuie jamais avec eux.

A nous de découvrir de quoi nous sommes faits en écrivant. Qui nous sommes véritablement. Notre ton, notre voix, notre intimité. Et le montrer aux autres sans honte ni pudeur. Parce que c’est ce qu’attendent nos lecteurs. Et c’est ce qui fait qu’un écrivain est lu. Ou pas. Osons ! Sois une découverte pour ton lecteur, une pépite, un diamant.

Si tu n’as pas encore téléchargé le guide gratuit d’écriture que je t’ai concocté, tu le trouveras à droite du blog, ça te prendra trois minutes. C’est un cadeau de 37 pages d’astuces utiles pour t’aider dans ton cheminement. Et si tu aimé cet article, tu me feras plaisir en le partageant. Peut-être rendras-tu service à quelqu’un qui se cantonne à écrire des banalités parce qu’il a peur de trop en faire. Mais dans le domaine de l’art, la liberté est de mise pourvu qu’elle n’offense pas. Elle est même recommandée. N’oublie pas : sois libre, unique, différent. Tu es maître de ton jeu.

Belle inspiration à toi, et à bientôt.

Comment écrire un roman avec persévérance et autodiscipline : les mots qui fâchent !

Persévérance et autodiscipline : des mots qui font fuir !

 

Comment écrire un roman sans cela ? La solution ici ! Non, non, je plaisante ! Sans persévérance ni autodiscipline, il est tout simplement impossible de venir à bout de ton roman. Paresseux s’abstenir. Mais si tu fais partie des courageux, je t’invite à écouter cette vidéo, que ce soit ici ou sur YouTube.

Si tu as aimé, laisse-moi un pouce bleu, cela me fera plaisir et aidera à référencer la vidéo sur YouTube. Et pardonne-moi pour ce cadrage qui me coupe un peu la tête ! Cela ne se reproduira plus, j’y veillerai.

 

Si tu n’es pas abonné au blog et que tu souhaites le faire, télécharge gratuitement le manuel d’écriture de 37 pages que je t’ai concocté. Il se trouve dans la barre latérale droite. Tu y trouveras de nombreux renseignements pour structurer ton roman, t’organiser et te motiver. Et tu seras abonné au blog pour être au courant de tous les nouveaux articles.

Et toi, comment parviens-tu à vaincre ces moments de découragement qui nous saisissent parfois ?

Quel contenu pour ton roman ?

Franchement, certains jours tu aurais voulu éviter ça… Ca quoi ? La jambe cassée, le patron insupportable, l’employé qui  a envoyé valdinguer ta meilleure cliente, ta voiture qui ne démarre plus quatre heures avant de prendre ton avion…  Tu vois le genre !

Avant-hier soir, une femme frappait à tour de bras son enfant de 11 ans et l’étranglait en pleine rue. Oui, tu as bien lu. J’ai dû appeler la police. Puis j’ai appris que la femme se drogue, boit, se bat à coup de couteaux avec ses amants, drogués, qu’elle reçoit à domicile, roule dans une voiture volée, n’a plus de carte grise depuis un an et demi, a un casier judiciaire bien fourni , a déjà menacé son enfant de mort, couteau en main, a un casier judiciaire, fait l’entraîneuse en boîte de nuit, et plus… Que du bonheur pour l’enfant ! La DASS refuse de bouger et le juge pour enfant a donné la garde partagée aux parents : une semaine chez l’un, une semaine chez l’autre. Comme un sac de pomme de terre. Le grand-père et le père ont un dossier de plus de 150 pages avec de multiples témoignages, se bat avec le père depuis des années, mais la justice trouve que c’est très bien que l’enfant soit « éduqué » par sa mère. La DASS aussi.

La police a refusé de prendre mon témoignage, si, si, c’est authentique, et m’a mal parlé. Trois policiers grossiers, arrogants, méprisants, à qui l’uniforme monte à la tête. Je les ai dérangés, ils étaient mieux au commissariat… Je ne me suis pas laissée faire, je leur ai dit que leur uniforme ne m’impressionnait pas. S’il le faut j’irai poser une main courante et ils ne pourront la refuser.

Tu vois, j’ai mal dormi cette nuit-là, et tard. J’étais bien contente d’avoir un bon livre pour me changer les idées car j’étais écoeurée et bouleversée. La lecture sert aussi à ça : t’envoyer sur un monde meilleur quand le monde te fait peur, te démoralise ou te met en rage. Là, c’était les trois à la fois.

 

Crédit photo : Dave Conner

Quel contenu pour ton roman ?

 

Où je veux en venir dans ce mail ? Juste te dire cela : mets de belles choses dans tes romans, tes textes, tes pièces de théâtres, tes poèmes… Mets-y de la beauté, des sentiments nobles, montre des personnages qui veulent s’élever moralement, humainement, et si tu montres l’horreur que ce soit toujours pour la critiquer et la condamner. Humanise tes récits, donne de l’amour, de l’amitié, du partage, montre aux hommes qu’ils peuvent s’élever et non se contenter de se vautrer dans la fange. Montre des valeurs nobles, sois très clair là-dessus car le monde en a besoin. Cruellement besoin. Le monde a besoin d’exemples. Sois le changement que tu veux voir dans le monde, écrivait Ghandi.

Le monde est cruel. Je voudrais t’écrire que le monde est bon mais je ne le pense pas. L’homme a besoin qu’on lui montre quand il se conduit mal, quand il abuse de son pouvoir, quand il se conduit comme une brute, quand il fait montre de manque de sensibilité et de stupidité. Le monde a besoin de ce message : ne sois pas lâche, ne détourne pas le regard, ne fuis pas tes responsabilités, assume-les. Hier, il y avait des braves gens dans la rue qui ont empêché la mère d’achever l’enfant alors qu’elle l’étranglait après l’avoir quasiment  assommé, et l’ont obligée à rester, physiquement, jusqu’à ce que la police arrive. Le monde a besoin de gens comme ceux-là, des gens humains, prêts à soutenir les faibles, les frappés d’injustice. Alors les livres, si nombreux, qui décrivent l’horreur avec pour seul but de s’y vautrer complaisamment, j’estime que le monde n’en a pas besoin, et qu’ils sont dangereux.

Le grand-père m’a téléphoné pour me remercier le lendemain ; voici ce qu’il m’a dit : la mère a ramené son fils à la maison puis elle est partie en boîte de nuit faire son lamentable métier. Le gamin est resté seul, terrorisé à l’idée que sa mère rentre. Il est resté sur Skype deux heures avec son grand-père jusqu’à s’endormir, épuisé. Car la police a bien entendu refusé de donner l’enfant au grand-père au moins pour la soirée… De toute façon, ces trois policiers jugeaient très bien que la mère tabasse son fils. Oui, tu as bien lu. Ils me l’ont bien fait sentir.

Se servir de l’écriture pour dénoncer l’injustice

 

Dans cette histoire, la DASS est complice, le juge pour enfant est complice et la police est complice (les trois policiers ont refusé de prendre mon témoignage, tu te rends compte !) Nous ne pouvons pas faire partie de ces gens-là. Nous ne voulons pas faire partie de ces gens-là. Ce sont des lâches. Qui ne dit mot consent. Donc tes livres peuvent aussi te servir à crier la vérité. Là où personne ne veut l’entendre. Ce peut être sur la pollution, les animaux battus, les enfants battus, les femmes battues, la guerre, la mondialisation, ce que tu veux. Si tu as envie de le faire, vas-y, fais-le, ne te gêne pas. Le monde a besoin d’entendre ta voix. Et si tu préfères la douceur, alors défends les beaux sentiments, les émotions nobles, les personnages qui ont de la gueule et du cœur. Si tu écris, tu possèdes une arme explosive entre tes mains : tes mots. Fais-en bon usage, défends ce qui en vaut la peine, et dénonce ce qui doit être dénoncé ! Ne te prive de rien. Avance avec la ferveur de celui qui a de bonnes causes à défendre. Et si tu n’en as aucune à défendre en particulier, alors propage l’amour  avec tes mots.

Que tes livres éclairent le chemin et donnent à penser et sentir que l’humain peut et doit s’élever plus haut, qu’il doit prendre ses responsabilités et défendre le faible, mettre à l’abri l’humanité des gens mauvais, et se soigner soi-même pour devenir meilleur. Qu’on ne vienne pas me dire que cette femme a des excuses. Elle est responsable d’elle-même et de ce qu’elle fait subir à son entourage (elle a d’autres enfants !) Les victimes sont les victimes et les bourreaux sont les bourreaux. Ne les confondons pas. Il ne s’agit pas de haïr, mais de mettre hors d’état de nuire les bourreaux. De protéger ceux qui doivent être protégés. Cosette fait davantage pleurer dans les chaumières que cet enfant, bien réel, qui subit sa génitrice avec l’assentiment et la bénédiction de trois institutions !

 

Crédit photo : stuart Anthony

Se servir de l’écriture pour pacifier le monde

 

Oui, que nos livres apportent de la douceur dans ce monde de furie et de barbarie. Je suis rentrée chez moi, bouleversée, j’ai fait manger et coucher ma fille avec beaucoup de retard, puis je me suis dit que j’allais me détendre. J’ai pris l’ordinateur et là, qu’ai-je lu ? Quelques heures auparavant, un attentat sur les Champs-Elysées… Oui, notre monde a besoin de douceur et d’humanité… Le monde saigne par tous ses pores.

Les mots sont douceur, les mots sont tranchants. Utilise-les comme un glaive pour trancher dans le mal, utilise-les comme des caresses pour cajoler le bien. Mais que ton lecteur sache toujours de quel côté tu te places, quels idéaux, quelles valeurs tes personnages défendent et promeuvent. Bien entendu, il existe une forme de naïveté à croire qu’on peut changer le monde avec des mots. C’est seulement que nous n’en sommes pas là mais il faut le promouvoir. Montrer la voie. Si les hommes réglaient leurs problèmes grâce à la diplomatie cela se verrait : plus de guerres. Mais la Diplomatie, qui devrait être un art, est balbutiante, le dialogue entre les hommes est balbutiant. Ce ne sont que pouvoir, autorité, force brute partout imposés sur la planète. Dieu, l’univers, le destin, la chance, qui tu veux, a mis cet instrument magnifique et magique dans les hommes : la parole. Et qu’en faisons-nous ? La parole, c’est aussi l’écriture, et elles doivent être, avant tout, des instruments de pacification. Qu’importe que cela paraisse naïf !

Je ne crois pas à la violence. Elle n’engendre que davantage de violence. Jusqu’au moment où l’on ne peut rien faire d’autre que d’en user toujours plus. Parce qu’on n’a pas su l’endiguer avant et qu’on en arrive au point où il faut bien se défendre. Je crois à l‘éducation et la persuasion douce sur des millions d’années, à une lente évolution de l’espèce humaine qui rampe toujours, moralement, aujourd’hui.  Je crois qu’elle mettra encore des millions d’années avant d’inventer que les conflits doivent se régler uniquement par des joutes verbales. Par des mots. Je préfère écrire cela à adopter une attitude cynique qui dirait : après moi le déluge, qu’importe la violence pourvu que je sois protégée ! Je n’accepte pas cette posture. Car : qui ne dit mot consent.

 

Crédit photo : quattrostagioni

 

Connaître tes valeurs pour écrire un roman qui fait la différence

 

Alors si tu veux faire la différence quand tu écris, si tu veux être suivi par tes lecteurs parce que tu apportes de la bonté et de la décence au monde, sers-toi de tes mots, de ton verbe, tes histoires, tes héros pour propager des valeurs hautes : amour, générosité, courage, intelligence, sensibilité, abondance, beauté, harmonie, estime de soi et des autres… Mon ton est vif, mais je sais que tu comprends mon enthousiasme pour un monde meilleur, et mon indignation pour le monde dans lequel nous vivons. Ecrire en propageant de belles  valeurs, c’est une suggestion. Une simple suggestion. Qui ressemble à un rêve. Mais c’est avec des rêves réalisés et mis bout à bout, pas à pas, que le monde change sans cesse. Alors pourquoi ne pas faire, ensemble, partie de cette communauté de gens qui écrivent pour défendre de belles valeurs ?

Cet article n’est pas comme les autres et j’espère que tu ne m’en voudras pas. Il est beaucoup plus personnel. Et ce n’est pas un article technique comme souvent. Mais la technique seule ne suffit pas à écrire un excellent livre. Tu peux écrire avec les meilleures techniques, cela ne te donnera pas le contenu qui apportera de la valeur aux lecteurs, et le rendra vraiment attentif à ton propos, ton histoire, ta sensibilité.

Apporte de la valeur à tes lecteurs, étonne-les, donne-leur de l’amour, de la compassion, de l’amitié, dénonce l’horreur, ne l’utilise jamais gratuitement comme je le vois dans certains thrillers, dans certains films, dans des œuvres vides mais dangereuses qui n’existent que pour attirer le voyeurisme et l’argent. Car promouvoir la violence, la banaliser, c’est dangereux et immoral.

Un exercice indispensable

 

Quelles sont tes valeurs ? Le sais-tu ? Que veux-tu dire, propager, faire sentir, comprendre ? Que veux-tu offrir à tes lecteurs ? Prends un moment pour toi, une feuille, un stylo, et note tout cela. Prends vraiment ce moment pour y réfléchir consciemment. Prends ton temps. Reviens sur ta feuille de temps à autre, une ou deux fois l’an, pour ajuster ta pensée. Car nous changeons au fil du temps et nous avons peut-être des valeurs différentes à montrer, des subtilités supplémentaires à distiller dans nos romans, nos textes. Combien de gens qui écrivent font cet exercice? Cet exercice pas si facile car il demande de se connaître et connaître ses idéaux et ses valeurs. Ce devrait pourtant être à la base de notre désir d’écrire. A la base de notre réflexion sur l’acte d’écrire.

Je te cite l’un de mes livres préférés, Ecoute, petit homme, de Wilhelm Reich : Tu es grand, petit homme, quand tu n’es pas petit et misérable. Ta grandeur est le seul espoir qui nous reste. Tu es grand, petit homme, quand tu exerces amoureusement ton métier, quand tu t’adonnes avec joie à la sculpture, à l’architecture, à la peinture, à la décoration, à ton activité de semeur ; tu es grand quand tu trouves ton plaisir dans le ciel bleu, dans le chevreuil, dans la rosée, dans la musique, dans la danse, quand tu admires tes enfants qui grandissent, la beauté du corps de ta femme ou de ton mari ; quand tu te rends au planétarium pour étudier les astres, quand tu lis à la bibliothèque ce que d’autres hommes et femmes ont écrit sur la vie.

A nous de jouer notre existence avec joie. A nous de vivre dignement. A nous d’écrire intelligemment. A nous de tenter d’apporter de la valeur à nos lecteurs, et de l’espoir. De participer, à notre modeste mesure, à transformer le monde.

 

Ecoute, petit homme ! Wilhelm Reich  

20 fautes de syntaxe, barbarismes et autres erreurs de français à bannir

ӿӿӿ Pour connaître mes livres, c’est ici. ӿӿӿ

20 fautes de français à bannir de tes romans

 

Tu fais des erreurs de français ? Ta syntaxe est imparfaite ? Tu emploies des barbarismes sans t’en rendre compte ? Moi aussi. Pas de panique. Je te donne une liste de fautes très courantes. Tu les as déjà lues, déjà entendues. Tu les liras, tu les entendras encore. Mais qu’importe : ce qui compte, c’est que toi, tu les évites quand tu écris. Donc se relire, plonger sur tes dictionnaires au moindre doute, te corriger, et on recommence. Je sais, ce n’est pas le plus passionnant quand on écrit mais il faut en passer par là.

La langue française est vraiment complexe et parfois, comme toi, je râle, mais je suis obligée de me corriger car ma langue est encore loin d’être parfaite naturellement. Et puis, je t’avoue : dès le collège, je me suis montrée excellente en rédaction mais ni en orthographe ni en grammaire. Je m’améliore d’année en année au prix d’un travail acharné.

Alors je me suis dit qu’une liste d’erreurs courantes te serait utile. Il y a bien d’autres fautes encore ; elles seront l’objet d’autres articles rapides, comme celui-ci. Rapide mais pragmatique.

 

Crédit photo : patricia m

20 fautes de français courantes à bannir impérativement

 

1 . « Se succéder » ne s’accorde jamais car ce verbe n’a jamais de COD.

Les avalanches se sont succédé ce jour-là, dans la montagne : OUI.

2 . Je suis en Angleterre, à Paris, au Pérou : OUI.

N’écris pas, ne dis pas : je suis sur l’Angleterre, sur Paris, sur le Pérou. A moins que tu ne sois en avion, au-dessus du lieu que tu nommes ! Sur, c’est au-dessus.

3 .  Pallier : ce verbe veut dire combler, compenser.

On pallie quelque chose mais on ne pallie pas à quelque chose.

Je pallie ses bêtises depuis trop longtemps : OUI.

Je pallie à ses bêtises depuis trop longtemps : NON !

C’est une erreur très courante. Je ne suis pas certaine que moi-même, de temps à autre…

4 . Très courante faute de syntaxe, là également : c’est de cela dont je m’étonne. Eh bien NON !

On doit dire et écrire : c’est cela dont je m’étonne. Ou encore : c’est de cela que je m’étonne.

5 . Sensé et censé ne veulent pas dire la même chose.

Sensé : qui a du sens

Censé : qui est supposé

Ils sont sensés aller au travail et non faire la grève. NON !

Ils sont censés aller au travail et non faire la grève. OUI

6 . Après qu’il soit arrivé, il est allé chez sa mère. : NON !

Après qu’il est arrivé, il est allé chez sa mère : OUI

Utilise donc l’indicatif et non le subjonctif avec « après que ».

7 . Avant qu’il soit arrivé, il est allé chez sa mère : OUI

Par contre, utilise le subjonctif avec « avant que ».

8 . « Savoir gré » veut dire : être reconnaissant. Ce n’est pas « être gré » comme la plupart des gens le croient !

Je vous serais gré de lire ce courrier : NON !

Je vous saurais gré de lire ce courrier : OUI.

9 . Accorder un verbe pronominal.

Je me suis permise de manger des pâtes malgré mon régime : NON !

Il suffit de remplacer être par avoir. J’ai permis quoi ? J’ai permis de manger des pâtes. Le COD est placé après le verbe donc tu n’accordes pas le participe passé.

Je me suis permis de manger des pâtes malgré mon régime : OUI.

(Tu noteras au passage l’intelligence de mes exemples !)

10 . Se souvenir est un verbe transitif indirect.

Elle se souvient de son enfance : OUI.

Mais rappeler est un verbe transitif direct.

Elle se rappelle de ses voyages : NON !

Elle se rappelle ses voyages : OUI.

 

Crédit photo : Gene Wilburn

 

11 . Lui aussi n’a pas compris pourquoi elle chante : NOOON !

Lui non plus n’a pas compris pourquoi elle chante : OUI.

Lui aussi a compris pourquoi elle chante :OUI.

En résumé : « aussi » s’applique à une phrase affirmative. « Non plus » s’applique à une phrase négative.

12 . Ce n’est pas de ma faute : NON !

Ce n’est pas ma faute : OUI.

C’est une faute extrêmement courante que j’entends tout le temps. Quant à l’écrire, évitons !

13 . Bailler ou bayer ?

On ne baille pas aux corneilles ! NON !

On baye aux corneilles : OUI.

14 . Un petit peu : NON ! C’est un pléonasme.

Un peu : OUI.

15. Une erreur que mes professeurs n’ont jamais corrigée ! Eh oui ! Même mes professeurs de français ! C’est incroyable mais c’est vrai.

Etc… NON !!

Etc. OUI ! Un seul point après « etc. »

16 . Le 5ème arrondissement de Marseille : NON !

Le 5e arrondissement de Marseille : OUI.

C’est davantage une erreur de typographie. Quand on écrit, ça a son importance.

17 . Il a ré-intégré ses pénates : NON !

Il a réintégré ses pénates : OUI.

18 . On ne délivre pas un secret : NON !

On livre un secret : OUI.

19 .  Au masculin :

Un haltère.

Un auspice.

Un augure.

Un armistice.

Un exode.

Un astérisque.

20 . Au féminin :

Une acné.

Une autoroute.

Une écritoire.

Une oasis.

Une échappatoire.

Une réglisse. Ex : ces bonbons à la réglisse sont bons. (sous-entendu : à la racine de réglisse)

(Il est cependant toléré de dire et écrire, en parlant de ces mêmes bonbons : ces réglisses sont bons.) Je sais, c’est étrange mais c’est comme ça ! Je trouve même la règle un peu floue pour ce mot.

 

Le Bescherelle des difficultés    

 

C’était un bref tour d’horizon pour te titiller les neurones et te réveiller si tu t’endors sur tes fautes de français et ne les vois plus ! Éveille ta vigilance et force-toi à améliorer ta connaissance de la langue française. Je ne peux faire la liste complète de toutes les fautes éventuelles que nous risquons de faire dans la plus jolie inconscience. Il y faudrait dix vies !

Tu peux consulter le Larousse en ligne, acheter des Bescherelle, apprendre de ton logiciel Antidote, te plonger dans la lecture du Robert ou du site de l’Académie française dans la section Dire, ne pas dire… Tu peux aussi lire ou relire mon article : 10 erreurs faciles à corriger pour écrire un bon roman car il est complémentaire de celui-ci.

À chacun de trouver ses trucs. Ce qui importe, c’est de rester vigilant. Après avoir subi cette piqûre de rappel, n’hésite pas à me faire part de ton ressenti sur tes difficultés avec notre langue française. Je la trouve très belle mais parfois, je lui tordrais bien le cou ! Et toi ?

 

Le coffret Bescherelle    

ӿӿӿ En savoir davantage sur mes livres ? C’est ici. ӿӿӿ