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Donne à ton roman l’air d’avoir été écrit facilement !

Ton roman donne-t-il l’air d’avoir été écrit facilement ?

 

Ton lecteur doit te lire avec facilité. Le grand art, c’est la fluidité. Donner la sensation que tu as rédigé avec naturel, sans embûches, que tout c’est déroulé avec évidence comme si tes mot, tu les avais puisé à une source. Comme s’ils t’étaient venus naturellement, organiquement.

Les nuits de veille, c’est pour toi. Les coups de colère et de désespoir, c’est pour toi. Les heures passées dans le dictionnaire, en recherches sur internet, dans des livres, c’est pour toi. Ta transpiration, c’est pour toi. Tes efforts, c’est pour toi. L’envers du décor, c’est pour toi.

Quel cadeau fais-tu à ton lecteur ?

 

A ton lecteur, tu donnes de la facilité, de la fluidité, de la beauté. Si ton livre sent la transpiration, c’est foutu… Tout au plus, ton lecteur peut se dire : « Ca n’a pas dû être facile ! » C’est tout. Pas davantage. Il doit se replonger dans les méandres de ton récit avec gourmandise, avec délectation. Parce que c’est fluide, facile à lire. Même quand tu racontes des intrigues complexes, des sentiments et des émotions complexes, une vision de la vie complexe. Tu dois être au-dessus de la mêlée car c’est toi qui apportes à sentir, penser, vibrer. C’est comme ça. Et ce n’est pas facile ! Mais ça doit paraître facile.

Regarde la nature. Elle est belle et elle pousse avec évidence. Naturellement. Ton livre doit être beau comme un galet, comme un arbre, comme l’eau. Parce qu’il doit être évident pour ton lecteur. Ton roman, tu dois faire croire qu’il a poussé comme une fleur !

 

 

C’est une très courte capsule mais je crois qu’elle a son importance. Les livres qui semblent laborieux, dont la langue est imparfaite, les intrigues bancales, les propos banals, les conversations sans crédibilité, le style inachevé, nous ennuient tous. Nous ne les finissons pas. Parce que l’auteur n’est pas allé jusqu’au bout de son travail. Parce qu’il a abandonné en route. Parce qu’il s’est contenté de peu. Et nous, lecteurs, nous avons entre les mains, sous les yeux, une œuvre incomplète, heurtée.

Nous voulons de la fluidité et la merveilleuse impression de la facilité quand nous lisons. Et nous les devons à nos lecteurs.

Et toi, vas-tu jusqu’au bout de ton labeur ? Vas-tu jusqu’au moment où ton livre donne l’impression de s’être écrit tout seul -ou presque ?

 

21 habitudes d’écrivain indispensables !

21 habitudes d’écrivain indispensables !

 

L’écrivain possède plein de petites manies très utiles au bon déroulement de son écriture. Ses manies, il les a érigées en habitudes et ne s’en rend même plus compte. Comme tu le sais, nous sommes la somme de nos habitudes. Selon celles que nous avons adoptées dans notre existence, nous sommes minces et musclés ou gras et mous car manger des chips devant la télé ou faire du sport et manger des légumes ne donne pas les mêmes résultats… Selon ce que nous avons mis en place dans notre vie, nous sommes donc nerveux ou apaisés, travailleurs ou paresseux, etc. Oui, oui, pas la peine de fuir, nous sommes responsables de la plupart de ce que nous avons choisi pour nos vies et donc des résultats qui en découlent. (Il est possible que je vienne de me faire quelques ennemis !) Alors autant adopter les habitudes des bons écrivains, non ? J’ai rédigé une longue liste d’attitudes, habitudes et manies où tout ne te correspondra pas forcément. Mais je pense judicieux d’en adopter de nombreuses. À toi de choisir lesquelles. et d’inventer les tiennes. Inspirons-nous. Et n’oublie pas : ton attitude détermine ton altitude.

Quelles sont les bonnes habitudes de l’écrivain ?

 

1.  L’écrivain lit au moins un livre par semaine

2.  L’écrivain a pour habitude de noter tout ce qu’il apprend, le surprend et l’intéresse, l’émeut, etc, s’il sait qu’il va l’oublier. Par exemple : un dialogue entendu qui lui paraît incroyable et dont il pourra se servir, une expression populaire qu’il ne connaissait pas, etc.

3.  L’écrivain a pour habitude de noter ses questions à propos de son roman en cours, de la littérature, l’écriture, etc. Et de se poser de temps à autre pour tenter d’y répondre. Et de noter ses réponses pour pouvoir s’y référer en temps voulu. Si tu veux, tu peux même noter tout cela sous forme de mind mapping. Je te renvoie à mon article : comment structurer un récit facilement avec le mind mapping ?

4.  L’écrivain a toujours un stylo et du papier sur lui, même à l’extérieur, ou à défaut il s’enregistre sur son mobile ou s’envoie un sms. Personnellement, j’ai toujours un cahier et un stylo dans mon sac.

5.  L’écrivain mémorise, observe, s’imprègne des atmosphères, regarde attentivement les couleurs, textures, matières, écoute l’intonation des voix, les accents, sent les parfums avec intérêt, et même les mauvaises odeurs (souviens-toi du roman Le parfum de Patrick Süskind, qui a tant fasciné). Il goûte vraiment ce qu’il mange, déguste (pense à la madeleine de Proust, si célèbre), écoute la musique consciemment et ne subit pas un bruit de fond radiophonique débilitant sans broncher (sauf si c’est pour s’en servir dans un livre.) Bref, il développe tous ses sens et sa sensibilité sans cesse.

 

Crédit photo : Gene Wilburn

 

6.  L’écrivain travaille sa vision car il y pense souvent. Tu peux faire pareil, que dis-je, tu dois faire pareil : qui es-tu ? Que veux-tu ? Que veux-tu transmettre ? Quels messages ? Quelle vision du monde ? Analyse la société, ta place dans celle-ci, ce que tu veux apporter à tes lecteurs à travers tes livres, fais fonctionner ton sens critique.

7.  L’écrivain se repose, il se repose vraiment. Il oublie ses soucis. Il profite de l’instant présent. Quand un écrivain ne sait pas se détendre, s’amuser, vivre, il risque comme tout le monde le burn-out. Et l’assèchement de son inspiration. Là, c’est la plaie… Pour ma part, je trouve souvent mes meilleures idées dans mes moments de relâchement, mes promenades, et souvent… sous la douche !

8.  L’écrivain est très soucieux de son style et du ton de son récit. Il ne les confond pas. Il sait qu’il faut travailler les deux. Ils sont liés, oui, mais fais attention de ne pas produire un texte avec seulement un ton sans style ou un style sans ton. C’est mon principal grief quand je furète en librairie. Combien de livres possèdent un ton intéressant mais ne sont pas soutenus par le style ! Je les trouve illisibles. D’autres fois, le style est intéressant mais le ton n’est pas travaillé et on ne sent pas où l’auteur veut nous emmener.

Rappel : le style, c’est le choix du vocabulaire, l’agencement des mots, la longueur de la phrase, la musicalité du texte… Le ton, c’est l’intonation et l’intention de l’auteur : dramatique, humoristique, tendre, amer, aigre-doux, enthousiaste, blasé… On peut en combiner plusieurs pour plus de subtilité : humoristique-amer, cynique-tendre, intellectuel-blasé, etc.

On peut aussi inclure différents tons et styles dans un roman à travers plusieurs personnages traités séparément à la première personne.

L’écrivain cherche donc autant à améliorer son style, son ton, que son histoire. Il sait qu’une bonne histoire ne suffit pas à faire un bon roman. Sans ton et sans style, la meilleure histoire du monde produit un navet.

9.  L’écrivain rêve éveillé. Il adore inventer de belles histoires, des intéressantes, des révélatrices, des déprimantes, des folles, chercher à enrichir l’intrigue, la structure, trouver le petit plus qui va rendre irrésistible l’histoire qu’il rédige. Il rêve… Il imagine. Rêve, imagine ! Ce que les autres appellent avec mépris « rêvasser », admire-le, vis-le, fais-le ! Rêve ! L’écrivain est un grand rêveur. Et il aime cela et l’assume pleinement. C’est dans l’imaginaire et la pensée que naissent d’abord les œuvres.

 

Crédit photo : Hartwig HKD

 

10.  L’écrivain est audacieux. Il n’a pas peur de se différencier. C’est un artiste. Il prend tous les droits et toutes les responsabilités. C’est un réflexe et une manière d’être. Il n’a pas peur d’écrire différemment, d’inventer. Il ne se dit pas : je ne vais pas être lu, c’est trop différent, je n’ai jamais lu ça ailleurs…

Invente, invente, invente ! Si tu inventes des images, des façons de voir, des procédés nouveaux, un ton qui n’appartient qu’à toi, tout en restant compréhensible, pertinent et passionnant pour ton lecteur, c’est le Graal ! Écrire, c’est créer. Pas appliquer bêtement des recettes (y compris les miennes !) Elles sont la base de ta création, pas son aboutissement. L’écrivain crée, invente. L’écrivain est audacieux, je ne le dirai jamais assez.

11.  L’écrivain est un grand travailleur. L’écrivain n’a pas peur d’en faire trop. Il a plutôt peur de ne pas en faire assez ! Pas assez de relectures, de corrections, de travail, de questionnements, de recherches… dans les manies de l’écrivain, il y a celle de beaucoup travailler. Ce qui fait peur à l’écrivain n’est pas de beaucoup travailler un roman, c’est de ne pas l’avoir assez travaillé !

12.  L’écrivain cherche l’inspiration partout : dans sa vie quotidienne, ses voyages, ses aventures, ses défis, et aussi dans la culture. Apprend des films, des concerts, des CD, des pièces de théâtres, des expositions, des livres évidemment, des auteurs, des conférences… Cultive-toi tous les jours, apprend sans cesse, forme-toi. Ne pense pas que cela finira un jour. L’écrivain nourrit sa vie de façon à nourrir son inspiration. Si tu ne sais pas quoi lire, jette un œil sur ma petite bibliothèque.

13.  L’écrivain saisit du reste toutes les occasions de s’instruire. Il ne les fuit pas par paresse. Il se jette dessus !

14.  L’écrivain pose des questions. Surtout quand il ne connaît pas le domaine dont les gens parlent. L’écrivain est avide de connaissances.

15.  L’écrivain sait qu’il ne peut pas tout contrôler. Prends donc plaisir à écrire chaque jour sans attendre des résultats fantastiques. Pour le résultat, tu travailleras ensuite. Mais commence : prend une feuille et écris. Lâche tes désirs de contrôle. Tu seras surpris par ton inventivité.

 

Crédit photo : Stephen Poff

 

16.  L’écrivain pense qu’écrire, c’est du plaisir. Trop de gens qui veulent écrire pensent qu’écrire, c’est de la douleur. Non : écrire, c’est du plaisir, travailler sur l’écriture, c’est du plaisir. Et si certains écrivains écrivent dans la douleur, je ne pense pas que cela les rende heureux… Écrire est un travail qui fait plaisir. Écrire est un bonheur. Sinon, à quoi bon ?

17.  L’écrivain est prêt à faire plusieurs jets et de multiples relectures et corrections de son roman. Il ne croit pas que c’est dur, contraignant, que c’est trop de travail. Non, il considère que c’est normal, cela fait partie de l’écriture de roman. Il sait que son premier jet n’est qu’une ébauche.

19.  L’écrivain sait qu’il a fini d’écrire son roman quand il n’a plus rien à enlever et plus rien à rajouter. C’est simple, non ?

20.  L’écrivain a une petite manie innocente que je te conseille d’adopter car elle va te donner beaucoup de discernement et décupler ton imagination : observe les gens, écoute leurs conversations, tente de deviner qui ils sont, ce qu’ils désirent, ce qu’ils veulent, dans quel milieu socioculturel ils évoluent, quels sont leurs goûts, combien ils ont d’enfants, s’ils fument ou pas, etc. Il existe de nombreux lieux de prédilection pour t’exercer : les plages, les cafés, les restaurants, les hôtels… Développe ton ressenti et ton intuition.

21.  L’écrivain apprécie sa solitude. Il ne se plaint pas des longues heures solitaires passées à écrire : il les aime. Il est en bonne compagnie avec lui-même.

Et toi, es-tu un écrivain qui a de bonnes habitudes ? Ou va-t-il falloir que tu ajoutes quelques nouvelles attitudes  à ton existence ? N’oublie pas : ton attitude détermine ton altitude.

Si tu as envie d’aller plus loin en écrivant régulièrement, vraiment régulièrement, ce qui est l’habitude la plus professionnelle d’un écrivain, j’ai créé des Ateliers de jeux d’écriture. Ils te permettront d’affiner et maîtriser tes compétences efficacement et rapidement.

Pour en savoir plus, clique ici : Écrivez de courts textes et augmentez drastiquement votre qualité d’écriture

Quant à moi, je vais remettre en place quelques saines habitudes d’écriture que j’ai un peu oubliées. Et toi, que vas-tu décider ? As-tu des habitudes utiles auxquelles je n’ai pas pensé ?

Mon plus beau voyage, et comment tes voyages enrichissent tes romans

Mon plus beau voyage, et comment tes voyages enrichissent ton roman

 

Je réponds cette semaine à une excellente question de Caroline, du blog Le monde dans sa valise, que je te recommande de visiter si, comme moi, tu aimes le monde entier et que tu as souvent envie de tout plaquer pour en faire le tour. Caroline a organisé un événement entre blogueurs, cette drôle et sympathique espèce humaine dont je fais désormais partie. Cet événement, dans le jargon des blogueurs, s’appelle un Carnaval d’articles. Il s’agit pour une communauté de blogueurs d’écrire un article autour d’un thème. Ce thème, lancé par Caroline, c’est :

Mon plus beau voyage  

 

Quel est mon plus beau voyage ? Difficile de répondre. Enfant, j’ai beaucoup voyagé : le Sahara, les Aurès, la Tunisie… J’ai habité l’Algérie et le Maroc durant 12 ans. L’été, c’était l’Europe, Espagne, Suisse, Belgique, Italie… J’ai fait mes études à Paris : nouvelle découverte. Paris est un pays en soi. Puis je suis retournée en Afrique pour deux ans, cette fois-ci à l’Ouest : le Niger. J’ai voyagé encore : Burkina, Mali, Togo, Bénin. J’ai « fait » la Transsaharienne, l’Aïr, le Ténéré, comme disent les vieux routards. Plus tard, j’ai travaillé brièvement aux Etats-Unis, encore une autre planète.

 

Crédit photo : Magharebia

Maintenant je vis sur la Côte d’Azur et je m’y ennuie un peu. Il n’est pas exclu que je reparte un jour. Ceci pour poser le décor et expliquer pourquoi la question proposée par Caroline du blog Le monde dans ma valise me touche. Je la remercie de me permettre d’y répondre car je n’aurais sans doute jamais pensé à me la poser ! Et pourtant…

Deux voyages se détachent dans ma mémoire : la traversée du désert, Biarritz-Niamey, 5000kms dont les fameux 400kms sans piste dans le Sahara algérien, juste la boussole et les étoiles pour se repérer. En ce temps-là, ni téléphone portable ni GPS. L’autre voyage, ce sont deux années passées au Niger sans rentrer en occident. J’y ai connu, entre autres, les brousses grandioses d’Afrique de l’Ouest, l’Aïr et le Ténéré, et les moiteurs de Lomé sur le Golfe de Guinée.

Pourtant, durant ces années, j’ai toujours vécu, en parallèle de ces voyages bien réels, d’immenses et fructueux voyages imaginaires : j’écris. Des romans, des poèmes, des pamphlets… Je me suis lancée dans l’édition depuis peu avec un roman, Racines mêlées, qui se passe en Afrique de l’Ouest. Et je vais éditer bientôt Le Cheval de L’Irlandais qui se déroule principalement en Grèce. Dans les deux romans, mes personnages sont de diverses nationalités, et ce n’est pas un hasard, tu l’as compris.

A la question : quel est ton plus beau voyage ?, je réponds : mon voyage intérieur du moment. Et celui-ci se nourrit de tous mes voyages. Et je le vis toujours à travers le livre que j’écris.

 

Crédit photo : Roland

Voyager et écrire : deux processus de découverte du monde

 

Car écrire, c’est s’immerger totalement dans un univers. Comme en voyage, tu découvres des êtres, des situations, des personnes, éclaires des mystères, ouvres ton esprit, te renseignes sur la culture locale, apprends de tes propres réactions, émotions, et de celles de ces êtres que tu n’avais jamais rencontrés auparavant. Tu t’adaptes.

En voyage, tu ouvres grands tes yeux pour ne rien rater. Tu absorbes comme une éponge, tu te sens plus vivant, plus réel, plus vrai. Souvent aussi, tu es en effet plus authentique, t’intéresses à nouveau à tes sensations physiques, ce que tu ressens réellement, et non plus à travers les rôles que tu joues habituellement et que la société t’impose : père, mère, patron, employé, bon fils, bonne copine… Tu laisses tomber tes masques. Tu te retrouves, te redécouvres en découvrant un autre univers. Tu fais des parallèles, te poses des questions : qu’est-ce qui est différent par rapport à ce que je vis, au monde d’où je viens, à ma culture ? Qu’est-ce que j’apprécie, qu’est-ce que j’ai envie d’adopter ? Qu’est-ce qui me heurte et que je n’aime pas ? Est-ce que ce rejet a un fondement, une bonne raison d’être ? Est-ce par habitude que je réagis mal, parce qu’on m’a appris à juger négativement ce comportement, ou est-ce vraiment moi qui réagit à cette situation ? Est-ce que je peux m’en accommoder sans me renier ? Comment ?

 

Crédit photo : Samson Picard

Voyager et écrire : deux aventures qui nous transforment

 

Et l’aventure ! L’aventure car, tu l’as compris, voyager n’est pas pour moi s’étaler sur une plage dans un complexe touristique à l’autre bout du monde pour y vivre comme on vit chez soi –avec le confort et le luxe en plus. Voyager, c’est se confronter parfois à l’inconfortable, l’inconnu, les bonnes et mauvaises fortunes, parfois le danger. C’est dans cette dernière situation que l’on apprend le mieux à se connaître.

Et bien, l’écriture d’un livre, et particulièrement d’un roman, me fait vivre tout cela. Je découvre, m’aventure, invente des solutions, je me renseigne, découvre des cultures différentes, des contextes sociaux-politiques différents, des personnages qui ne réagissent pas comme moi, me soumets aux caprices des intrigues et de la destinée (car mes personnages me mènent par le bout du nez comme un guide dans le souk de Jemaa el-Fna, à Marrakech, quand il a décidé de te faire passer chez tous ses amis vendeurs de tapis, de poteries, et autres…) Il ne reste qu’à garder le sourire et profiter des rencontres. Je suis immergée dans des atmosphères jusqu’alors inconnues, je prends des risques, essuie des déceptions, bondis de joie quand la beauté d’un paysage me traverse, ouvre mon esprit. Je me trouve face à des défis. Et il faut les résoudre.

 

Crédit photo : FaceMePLS

Quand écrire fait voyager…

 

Ecrire, c’est voyager. Ecrire est le plus beau voyage intérieur qui soit. Je crois même qu’écrire sauve des vies. La sienne ou celle des autres. Certaines personnes trouvent des ressources inouïes dans l’acte d’écrire. Certains partent au bout de la terre pour braver leur destin, lui donner tort quand il est défavorable, et se créer une nouvelle -et belle- vie. D‘autres écrivent le journal secret où elles mènent leur véritable existence, que nul ne soupçonne sous leur masque social. Elles s’extirpent de leur réalité banale ou exécrée, d’un monde qui les déçoit ou ne les comble pas suffisamment. Leur stylo est un véhicule, leurs mots un continent.

D’autres écrivent un roman, un conte, ou s’épanchent dans leurs souvenirs réels ou inventés. C’est encore voyager.

Elles reviennent de leurs voyages plus fortes, plus joyeuses, plus assurées, plus entières, plus authentiques forcément. Car dans l’écriture, il existe deux voyages intérieurs : on y découvre non seulement ce que l’on écrit mais soi-même. Qui est-on ? Qu’à-t-on à partager ? A exprimer ? A quoi est-on sensible ? Que sait-on exprimer le mieux ? Ecrire est un voyage à la découverte de son imaginaire. Ecrire est un voyage à la découverte de soi. Ecrire est un espace de liberté.

Oui : écrire, c’est aussi voyager.

 

Crédit photo : Denis Bocquet

Quand voyager fait écrire…

 

Et mes livres ont nourris de cela : des rencontres que j’ai faites, des paysages que j’ai traversés, des sourires partagés, des incompréhensions mutuelles. J’écris sur le temps et l’espace, les hommes et les bêtes, l’amour et la haine, la compassion et l’indifférence, le partage et la liberté… Chaque chapitre est une étape, chaque livre un pavé de la route que je construis sur mon voyage de toute une existence, m’émerveillant de posséder ce don qui me permet de quitter ma vie à toute heure, tout moment, pour entrer dans la vie de mes personnages, me fondre dans des pays et des paysages imaginés, et inventer un monde où mes lecteurs voyageront à leur tour.

Car mon plus beau voyage se renouvelle sans cesse, et sans cesse je peux le partager avec mes mots, mes images, mes techniques d’écriture. Les mots sont des portes ouvertes sur l’infini.

Certains écrivent des souvenirs de voyage, d’autres dessinent des carnets de voyage, nourrissent leurs romans ou leurs contes de leurs voyages, écrivent même des guides de voyage. Il existe les écrivains-voyageurs comme l’incroyable Sylvain Tesson. Quelle qu’en soit la manière, c’est voyager deux fois !

Ma vie oscille entre voyage réel et voyage intérieur, fictif. Et chaque fois que je commence un nouveau livre, je m’engage dans une nouvelle aventure. Je ne sais pas où j’irai, mais je signe les yeux fermés car mon plus beau voyage, c’est toujours mon dernier livre, celui que je suis en train d’écrire. En ce moment, tu le sais si tu me suis depuis un petit moment, c’est Le Cheval de l’Irlandais.

Et toi, comment vis-tu l’écriture ? Voyages-tu avec elle ? Est-ce une belle aventure ? Te sers-tu de tes voyages pour enrichir ton écriture ? Et quel est ton plus beau voyage ? Je me suis confiée à toi. A ton tour…

 

 

Les corrections de mon roman me donnent une belle claque !

Les corrections de mon roman me donnent une belle correction !

 

Je t’explique tout cela dans cette vidéo afin de t’éviter la même bévue que la mienne. Je t’y lis aussi deux extraits de mon nouveau roman, Le Cheval de l’Irlandais. Ils ne sont pas encore corrigés suffisamment, j’ai omis de te le préciser dans la vidéo. Je te les propose donc à la lecture sous la vidéo, tel qu’ils sont maintenant, après les dernières corrections, et tels qu’ils seront publiés très prochainement. Je te propose également à lire un troisième extrait, corrigé.

 

 

Le héros, l’Irlandais :

 

C’est ma deuxième nuit à la belle étoile ; un bivouac agréable avec un feu crépitant, grâce aux pommes de pins que j’y jette, et même un certain confort : café, pita, féta, vin grec, feuilles de vignes, et un morceau de lard salé. Cela me ramène aux parties de pêche avec mon père, la nuit, sur la mer de Cortez. Nous faisions les cinq cent kilomètres trois ou quatre fois l’an, depuis Los Angeles jusqu’au Mexique, pour passer une semaine à bord d’un bateau que nous louions sur place. Nous naviguions loin, de façon à nous trouver seuls. Nous croisions rarement un bateau. Nous aimions y dormir comme des sauvages, loin des hommes, en compagnie d’oiseaux inconnus, de goélands, hérons gris, pélicans, d’animaux marins, otaries, marsouins, dauphins, lions de mer et même – nous en apercevions quelquefois – de baleines bleues. Le jour, nous étions entourés de bancs de bonites par centaines, daurades, sierras qui brillaient d’un éclat métallique au travers de l’eau, comme des éclats de miroir, et quand nous plongions, il nous arrivait d’approcher de gigantesques raies Mobula de sept ou huit mères d’envergure. C’était fascinant, émouvant et effrayant, et nos cœurs battaient à tout rompre en frôlant les magnifiques monstres marins à la grâce inouïe. Parfois, elles volaient au-dessus de l’eau comme des plumes, et jamais on aurait pu penser qu’elles pesaient deux ou trois tonnes. C’était d’une telle beauté ! Chaque chose était à sa place ; nous-mêmes, humains, ressentions que nous étions au bon endroit, au bon moment. Tout était parfait, aligné, juste. Papa et moi en avions les larmes aux yeux. Nous pensions toujours avec émotion à Steinbeck qui affectionnait la mer de Cortez et l’avait tant sillonnée avec son ami Ed Ricketts, le biologiste. Nous faisions sur le pont des repas frugaux et merveilleux : gordillas ou tortillas dont nous faisions provision dans un puesto avant d’embarquer, poissons grillés que nous péchions, arrosés de vin de Californie, mangues, goyaves et café fort. La nuit surtout, sous le coromuel, la brise du golfe de Californie, comme l’appellent les Mexicains, nous prenions grand plaisir au balancement du bateau, aux étoiles éclatantes piquées dans le ciel par une couturière invisible, au silence de la mer qui n’est pas tout à fait du silence.

 L’héroïne, la Française :

 

Au bout de la ruelle, la place centrale nue, magnifiquement pavée de galets blancs, offrait le spectacle de sa désolation. Pas un arbre, pas un homme, pas une bête ne l’égayait. Impatiente, j’en traversai le désert, poussai une porte. J’entrai dans l’épicerie la plus odorante du monde. C’était toujours un enchantement. Il n’y avait personne mais toutes les odeurs étaient là. Comment décrire ce mélange intime de parfums qui s’affrontaient, restituant à l’homme la multitude des sensations olfactives que procure la planète ? Dans une boutique de vingt mètres carrés se trouvait tout ce dont les femmes avaient besoin pour leur ménage. C’était de fait la seule boutique du village. Des couffins débordants d’épices étaient alignés en rangs de chaque côté du magasin, tels des soldats au garde-à-vous, sur la terre battue soigneusement balayée. Ils formaient une tranchée dans laquelle l’épicier et les clients évoluaient précautionneusement. Le jaune éblouissant, l’or et le miel se mêlaient, le safran discutait avec le cumin, le poivre rouge avec le poivre noir, et les clous de girofle étaient les trois pointes du Christ des Orthodoxes. La cannelle enivrait, le thym émoustillait. Tout cela semblait monter des entrailles de la terre. Sur des étagères, le long des murs, se dressait une batterie de produits grecs ou importés : conserves, paquets de biscuits, pâtes, riz, semoule, légumes secs à vendre au détail, prisonniers d’immenses bocaux en verre, seaux d’olives, bouteilles et limonades diverses, ouzo, pita cuite par la femme de l’épicier, et même des piles électriques, de la lessive, des objets hétéroclites, un réveil vieilli, des icônes naïves aux coloris criards… De derrière le comptoir de bois brut où trônait l’indispensable balance à poids octogonaux, un chien jaune hagard, épuisé, sortit lentement. Il me considéra indifféremment, renifla brièvement mes jambes. Je le caressai entre les oreilles comme j’avais fait pour l’âne. Il s’éloigna placidement et reprit son existence apathique, derrière le comptoir où il se recoucha. De l’ail en tresse, des bouquets d’oignons blancs et rouges, des branches de lauriers attirèrent mon attention. Je désirai aussitôt m’en procurer. Accrochés à un clou, sur la blancheur austère et très belle des murs, crépis de gros grains irréguliers, de ma petite maison, ils seraient plus beaux que les plus inspirés des tableaux. Mais Kronos, l’épicier, ne vint pas. Je sortis ; la claque brutale du soleil m’attendait. Mes paupières clignotèrent devant ce monde immaculé et incompréhensible.

 L’héroïne, la Française :

 

Tout cela sentait la fable et je pensais inévitablement à Alice au pays des merveilles. Comment m’étonner désormais de ne pas trouver de sentier, même le plus étroit, pour parvenir à la grange ? Et était-ce une grange ou une écurie ? Le vieux avait disparu comme Alice derrière le miroir. Je m’enfonçai à l’aveuglette dans la végétation compacte. Nous foulions des haies sauvages, des ronces, des lentisques. Je sentis une longue estafilade tracer son sillon sur mon bras ; ma chemise de nuit blanche, déchirée, se teinta de sang. J’eus un haussement d’épaule. Nous avancions. La lumière était belle dans la jungle des herbes hautes et le silence plus dense au fur et à mesure que nous battions les fourrés. J’abandonnai définitivement l’idée de trouver une piste dans le désordre époustouflant de la nature. Des araignées au large ventre jaune strié de noir, telles de minuscules zèbres, se chauffaient paresseusement au soleil. Le cheval, conscient de ma difficulté à ouvrir la voie à mains nues ne me bousculait plus. Mes pieds nus chaussés d’espadrilles étaient striés d’éraflures. Merveilleux animal, songeai-je, l’intelligence n’est rien sans la sensibilité. Je me tournai et posai la main sur son chanfrein. Il s’immobilisa. Je caressai sa tête pour le remercier de sa patience et sa douceur. Ah, si les humains étaient semblables… Nous gagnerions tant à être plus sensibles que bavards.

Corrections à corriger !

 

J’ai voulu te présenter un peu mon travail, et te faire profiter de ma mésaventure. J’avoue avoir eu une grande et désagréable surprise à la lecture de mon roman. Des corrections à corriger ! Je croyais ne plus faire ce genre d’erreur et pourtant… Oui, il faut vraiment lire son texte sans aucune pitié, aucun sentimentalisme, et c’est ce qui si difficile : être aussi rigoureux pour soi, et même davantage car c’est l’idéal, qu’on ne l’est pour les autres. Prendre du recul. J’espère ne plus refaire la même erreur et savoir discerner, dorénavant, quand mon texte est réellement prêt à être édité. Mais nul n’est infaillible, c’est pourquoi je redoublerai d’attention désormais durant mes corrections et particulièrement mon dernier jet.

Et toi, as-tu déjà vécu ce genre de mésaventure ? N’hésite pas à la partager et à me donner ton sentiment sur tout ceci.

A bientôt, et écris avec passion -et discernement !

30 raisons qui me décident à publier sur Amazon

J’ai décidé de publier un roman sur Amazon d’ici 3 semaines ! Je t’embarque dans mon aventure ! J’ai beaucoup réfléchi et j’ai fait une liste de 30 raisons qui m’ont convaincue d’éditer mon livre sur Amazon. Je suis en plein travail et je dois dire que mes nuits sont courtes. Cela fait des années que j’hésite et voilà : je me sens prête. Enfin, presque. Mais il faut bien se lancer, n’est-ce pas ?

Pourquoi ai-je choisi de publier sur Amazon, en numérique et papier ?

 

Mon roman, Le Cheval de l’Irlandais, pourra être lu sur n’importe quel ordinateur, tablette, téléphone portable, et papier (Kindle et applications Kindle pour PC, Mac, iPhone, iPad, iPod Touch et Android.) C’est beaucoup mieux que chez un éditeur classique car généralement ceux-ci se contentent du livre papier. Comment en suis-je arrivée là ? Je te donne les 30 bonnes raisons qui me décident à abandonner les maisons d’édition classiques.

30 raisons d’abandonner les maisons d’éditions classiques et d’éditer sur Amazon

 

1 – Tu n’as pas le contrôle de la maison d’édition dans laquelle tu édites. C’est elle qui décide de tout. Les éditeurs ne négocient pas mais imposent à leurs auteurs. En France, l’auteur est considéré comme la dernière roue du carrosse.

Ta maison d’édition peut disparaître. Ma maison d’édition a malheureusement mis la clef sous le paillasson (c’était une bonne maison mais elle avait des difficultés financières, comme beaucoup d’entre elles.) Sans même me prévenir, me passer un coup de téléphone ! Oui, oui, tu n’as pas la berlue, tu as bien lu : sans me prévenir ! Le mépris total et, pourtant, nous étions en excellents termes. Je l’ai appris en recevant une lettre du cabinet judiciaire qui se charge de sa liquidation (et qui ne me tient au courant de rien.) Imagine ma déception en lisant cette lettre !

Ce cabinet refuse de me rendre mes droits sur mon roman, Racines mêlées, arguant que la maison va peut-être être vendue à une autre maison d’édition et que je fais partie du fond. Qui sera cette maison ? Quand ? Je n’ai reçu aucune réponse. Cette future et hypothétique maison me gardera-t-elle au catalogue ou me fera-t-elle disparaître ? Suspense. En attendant, Racines mêlées se vend toujours sur Amazon ! Et je pense que je ne verrai jamais la couleur de mes droits d’auteur sur ces ventes-là.

Donc tu ne maîtrises rien quand tu signes avec une maison d’édition. C’est dangereux.

 

Racines mêlées, Laure Gerbaud        

 

2 – Tu cèdes tes droits d’auteurs. Vais-je pouvoir récupérer mes droits sur Racines mêlées et le rééditer un jour ? Rien n’est moins sûr ! Dans l’édition, tout le monde se sert d’abord, et toi, l’auteur, en dernier ! Le mépris des artistes a toujours été une constante dans toutes les économies artistiques.

3 Tu n’as aucun contrôle sur le fait que tu seras édité quand tu prospectes pour trouver une maison d’édition. Tu n’es pas certain d’être seulement lu quand tu envoies tes tapuscrits.

4 – Tu dépenses des fortunes en envois par la poste car très rares sont les maisons d’édition qui acceptent les tapuscrits numériques. Quand je dis des fortunes, je sais de quoi je parle : timbre + grande enveloppe Kraft + gros rouleau de scotch + manuscrit spiralé. Pour ma part, 10€ au minimum par envoi ! Sans garantie aucune que ton manuscrit soit lu, retenu pour passer en comité de lecture, choisi enfin pour la publication.

Pour ma part, je n’ai pas réussi à percer le mur de l’édition une deuxième fois, malgré la publication de mon premier roman qui avait été remarqué. Racines mêlées, prix Matmut du 1er roman, avait aussi fait partie de la sélection du Coup de cœur des lycéens de la fondation Prince Pierre de Monaco 2014 et de la sélection du prix Lions Club régional 2014, à côté de livres aux auteurs très connus.

Rien n’y a fait : surchargés de manuscrits, les comités de lecture sont totalement débordés. J’ai fait face à un dilemme : continuer à présenter mon manuscrit et perdre du temps jusqu’à trouver un éditeur, ou m’autoéditer.

5 – Tu es beaucoup plus certain d’être lu et repéré par une maison d’édition si tu es introduit par quelqu’un, si tu es journaliste, si tu possèdes déjà une certaine notoriété, etc. Par contre, tu peux vivre dans ta brousse, heureux au milieu de tes chèvres, sans connaître personne d’autre que tes voisins paysans, et d’éditer sur Amazon du jour au lendemain, sous le toit de ta ferme !

 

Crédit photo : yabasan

 

6 – Une maison d’édition va te distribuer dans une dizaine de pays au maximum. Avec Amazon, tu touches potentiellement 280 millions de francophones dans le monde !

7 – Tu n’as aucune maîtrise de tes dates de publication. L’éditeur décide.

8 – Tu n’as aucune maîtrise de tes dates de salons, signatures… Ca, c’est dans le meilleur des cas, quand ton éditeur t’en propose. Tu es tellement content que tu sautes dessus, quelles que soient les dates, et même si ça ne t’arranges pas du tout !

9 – Tu n’es pas la maîtrise de tes comptes. Le monde de l’édition est parfaitement opaque avec ses auteurs. La feuille de comptes est ridicule, elle ne rend pas compte d’où tu as vendu, dans quelles librairies, etc. Quelques chiffres à peine. Je te l’écris en connaissance de cause. Certaines maisons d’édition peinent à te rendre tes comptes une fois par an… Sur Amazon, tu peux consulter ton compte nuit et jour si ça te chante. Tout est clair et mis à jour en permanence.

10 – Tu ne maîtrises pas ta couverture car ce n’est pas toi qui la choisis. Un éditeur sympa te demande ton avis mais ce n’est pas toujours le cas. J’ai eu cette chance pour Racines mêlées. Heureusement car je n’aimais pas du tout les autres propositions.

11 – Tu n’as pas la maîtrise de ton titre. Les éditeurs ne gardent pratiquement jamais le tien et t’imposent le leur ! Racines mêlées (j’ai fini par m’habituer à ce titre, il n’est pas mauvais) s’appelait au départ La Négriblantude, mot composé, que j’avais inventé, entre blanc et négritude (concept d’Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor), mot expliqué dans le roman même, et qui signifie l’attitude de quelqu’un dont à la culture est un mélange entre culture de Blanche et Noire.  Ma maison d’édition a eu peur car elle a trouvé que ce titre n’était pas consensuel. Je pense pourtant qu’il aurait attiré l’attention par son étrangeté et sa référence directe aux écrivains africains.

12 – Tu n’as pas la maîtrise de ta quatrième de couverture. Ce n’est pas toi qui la rédige. Ce n’est pas toi qui décide de ce qu’il faut dévoiler ou non de ton roman.

13 – Tu n’es pas libre de rédiger ta biographie (en général sur la quatrième de couverture.) Donc tu n’es pas maître de l’image que tu véhicules.

14 – Plus grave encore : tu n’es pas libre de choisir le prix de ton livre.

15 – Tu n’es pas libre de créer des promotions de ton livre, si cela te chante. De le vendre comme tu veux, quand tu veux.

 

Crédit photo : Dennis Skley

 

16 – Tu n’as pas la maîtrise de ton marketing. Dans les faits, un marketing efficace est mis en place si tu es une star de l’édition. Tu ne le contrôles absolument pas mais il existe et tu es ravi puisque tu vends tes livres. Mais si tu n’es pas une star de l’édition, la réalité est qu’aucun marketing n’est fait pour ton livre. Il est censé se vendre par miracle. On ne te le dira jamais clairement que c’est à toi de faire le boulot pour trouver tes lecteurs. Toi, naïvement, tu crois que tu as justement pris un éditeur pour ça ! Comment s’étonner du nombre de bons livres qui disparaissent chaque année tandis que des cochonneries bien marketées continuent à se vendre malgré le dépit des lecteurs qui se sont laissé prendre ?

17 – Tu n’as pas la maîtrise du nombre d’exemplaire tiré de ton livre. Sur Amazon, le tirage numérique est évidemment illimité, et les livres papiers (programme Createspace d’Amazon) sont imprimés et envoyé à la demande ! C’est incroyable d’efficacité.

18 – Tu n’es pas la maîtrise des réassorts en librairies. Si le réseau de distribution de ton éditeur fait mal son travail, pas de livres en librairies.

19 – Tu n’as pas la maîtrise de la réimpression de ton livre en cas de rupture de stock. Combien de livres coulés, qui se sont pourtant bien vendus au départ, mais que l’éditeur a négligé de réimprimer ? Et cela pour une raison inconnue et incohérente (le directeur de collection est parti en vacances…)

20 – Tu n’as pas la maîtrise de tes droits numériques. En général, tu cèdes tes droits numériques aussi quand tu signes ton contrat. Dans les faits, ils ne s’occupent pas de te publier numériquement mais toi, tu n’as plus le droit de le faire ! Tu peux négocier au contrat pour les garder mais… Bonne chance !

21 – Tu n’as pas la maîtrise de tes droits audiovisuels. Le problème est le même que pour les droits numériques.

22 – Tu n’as pas la maîtrise de ton texte puisque ton éditeur peut te demande de le retoucher X fois avant de décider sa publication. De le retoucher comme il veut, pas comme tu veux.

23 – Tu n’as pas maîtrise du délai de publication. En général, il s’écoule au moins un an entre le moment où tu as terminé de rédiger ton roman et sa publication et distribution en librairie.

24 – Tu es privé de ton plaisir d’être ton propre patron dans toutes les étapes qui te mènent de l’écriture à la publication.

25 – Tu n’as pas la maîtrise de la date de sortie de ton livre. Ce n’est pas toi qui décide.

26 – Tu n’as pas la maîtrise de la communication sur ton livre (hélas, inexistante dans la majorité des cas.)

27 – Tu n’as pas la maîtrise du lancement de ton livre. Ta maison d’édition annonce-t-elle seulement la sortie de ton livre ou se contente-t-elle de le placer en librairie ?

Cela s’apprend et je pense qu’il me faudra plusieurs lancements de livres sur Amazon avant d’en réussir un correctement. Mais je crois aux vertus de l’expérience, ça tombe bien !

28 – Tu n’es pas la maîtrise du pourcentage que tu touches sur le prix de vente de ton livre. Très peu, de toute manière. Dans l’édition française, l’auteur est le plus mal payé de toute la chaîne du livre. C’est littéralement honteux. Je te renvoie à mon article sur la chaîne du livre, qui est très fourni et te permettra de saisir bien des choses : Pourquoi l’écrivain est-il concerné par la chaîne du livre ?

Les éditeurs français considèrent les auteurs comme des clochards qui doivent survivre de gloire et d’eau fraiche. Sois content qu’on t’édite et tais-toi ! Telle est leur devise. Considère que si tu touches 10% du prix hors taxe de ton livre, tu es un auteur heureux. Certaines maisons ne donnent que 8%. La charité, mon bon M’sieur ! Même ton libraire est mieux rémunéré que toi !

Chez Amazon, selon le prix de vente que tu choisis pour ton livre, tu touches de 30 à 70% ! Tout est dit.

29 – Tu ne pourras jamais vivre de ton art d’écrire avec les maisons d’éditions. Sauf si tu écris des best-sellers.

Avec Amazon, tu peux espérer en vivre un jour. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faudra pas fournir d’immenses efforts pour y parvenir. Mais tes chances sont infiniment plus grandes.

30 – Tu n’as pas la maîtrise de te faire traduire et éditer à l’étranger.

Sur Amazon, tu peux le faire. Tu te trouves un traducteur, et tu t’édites toi-même.

 

Crédit photo : Frédéric Bisson

 

Les objections à ne pas éditer dans une maison d’édition classique

 

Tu n’auras pas le plaisir de rencontrer tes lecteurs sur les salons littéraires, durant des séances de signature chez les libraires… C’est vrai qu’Amazon a très peu souvent un stand sur les salons, et qu’il n’y invite que ses best-sellers. Mais : qu’est-ce qui t’empêches d’imprimer tes livres en parallèle d’Amazon et d’organiser des signatures chez les libraires, de participer à des salons en te groupant avec d’autres auteurs (de nombreuses associations d’écrivains le font) ? Ou de proposer une rencontre de temps en temps à tes lecteurs ? Ils peuvent aussi venir avec leurs livres pour que tu les leur dédicaces. Ambiance chaleureuse garantie.

Tu n’auras pas la sympathie du milieu germanopratin littéraire, des journalistes et de la critique parisienne. C’est un fait. Ils sont très ignorants de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Ils s’occupent aveuglément de se promouvoir eux-mêmes, mais ils ignorent les autres. Est-ce important ? Ce n’est plus seulement à la télévision, la radio, et à Paris que les choses se passent maintenant. Développe ta communauté, ouvre un blog littéraire, montre-toi sur les réseaux sociaux, c’est là que ça se passe vraiment !

Bien entendu, tu ne seras jamais l’invité de La grande librairie et, honnêtement, ce doit être une formidable expérience à vivre. Mais qui sait ? Tu seras courtisé par les maisons d’éditions si tu perces sur Amazon ! Souviens-toi de ce qui s’est produit pour Agnès Martin-Lugand.

Par contre, qui t’empêches de contacter les blogueurs littéraires les plus en vue ? De leur envoyer ton livre ? Qui sait ? Les réseaux sociaux sont très riches, et certains blogueurs sont des prescripteurs importants qui fournissent un travail de critique remarquable. Ce sont des passionnés. Cela fait un moment déjà que je me fie à leurs avis de lecture.

A toi de jouer !

Le Cheval de l’Irlandais

 

De mon côté, je me lance ! Maladroitement sans doute, mais avec beaucoup de cœur à l’ouvrage. Je ne possède pas un plan de lancement et de communication bien construit, j’avoue que j’y réfléchis en ce moment, que je tâtonne, mais au fond, en lançant Le Cheval de l’Irlandais, je sais que je rends un risque mesuré. C’est une belle expérience et je sais que je vais apprendre de mes erreurs. Le prochain livre sera surement lancé plus judicieusement.

Je corrige et peaufine avec maniaquerie mon roman. Je prépare ma couverture et ma quatrième de couverture, ma biographie. J’hésite, essaie différentes versions. Demande avis à mon entourage. Je me renseigne. Je lis des articles de blog sur la publication en ligne. Bref, je me mobilise.

J’espère publier Le Cheval de l’Irlandais d’ici 3 semaines. Bien entendu, je te présente mon roman bientôt, dans un prochain article, et je te tiens au courant de tout.

D’ici là, écris avec passion, et n’hésite pas à me parler de tes expériences avec Amazon dans les commentaires. Et si tu as des conseils, des renseignements à me donner, sache que je serais ravie de t’écouter.

 

 

Le secret pour garder tes lecteurs

Comment garder tes lecteurs ? Ne pas les lasser ?

 

Quand on écrit, il existe un risque : sombrer dans l’immobilisme, surtout si on a beaucoup écrit, et plus encore après plusieurs romans. Le risque est d’écrire d’une manière figée. De se répéter. Ne plus inventer.

Je t’explique cela dans cette vidéo. Mais comme je me suis rendue compte en la visionnant que je n’ai pas tout exprimé, je t’invite à la regarder en premier, puis à poursuivre ta lecture ci-dessous. N’oublie pas de m’offrir un petit pouce bleu si tu as aimé la vidéo. Ca m’encourage à poursuivre.

 

L’intérêt d’un système d’écriture

 

Le système est une bonne chose pour la productivité de l’auteur. En peinture, par exemple, on peint en général  » une série  » pour une exposition. Ceci permet au spectateur de ne pas se sentir perdu en sautant du coq à l’âne. Il comprend l’ensemble de l‘exposition en appréciant un tableau après l’autre. Ceci l’aide à comprendre le propos du peintre. Du côté de l’artiste, peindre  » une série  » lui permet de se découvrir plus profondément, creuser son sujet, active son inspiration et sa productivité.

En littérature, nous avons des exemples de réussites exceptionnelles d’écrivains qui ont bâti leur système et même des séries : un ou des personnages récurrents, des atmosphères, un style, une manière de voir le monde…

Georges Simenon a créé le commissaire Maigret et cette ambiance si particulière qui baigne ses romans policiers.

Agatha Christie a créé Hercule Poirot et Miss Marple, et l’atmosphère caractéristique de ses romans.

Zola a créé Les Rougon-Macquart, immense fresque naturaliste.

Balzac a créé La comédie humaine, summum de psychologie sociale, univers gigantesque de 90 livres où les personnages se croisent et rencontrent de roman en roman.

Franck Herbert a créé Dune (7 tomes.)

Etc.

Il existe de bonnes raisons pour inventer son système. Le lecteur, ravi, retrouve l’univers qu’il adore et attend : comme dans Harry Potter.

Le défaut d’un système d’écriture

 

Le système devient un problème quand il est insuffisant ou médiocre. Un personnage trop faible, une intrigue redondante, une atmosphère sans nuances, des péripéties baclées… On peut faire tant d’erreurs en écrivant de la fiction ! Je considère d’ailleurs toujours qu’un livre réussi est un petit miracle.

De là, ma mise en garde. Je n’ai rien contre les systèmes en soi, mais contre les systèmes où l’auteur n’a plus rien à dire, a tout exploité de son sujet mais continue quand même parce que c’est confortable. Il ne se remet plus en question mais ronronne.

Quand on a inventé un système (pas obligatoirement une série de livres mais un style, un type d’histoire ou autre), il faut oser varier à l’intérieur même du système. Sinon c’est la répétition du même thème, mais sans aucune imagination. Pensez à ces navrants blockbusters de mauvaise qualité : avec 3, 4, 5, 6 films sans surprises, mal ficelés, tout cela à la suite d’un premier film pourtant intéressant, lui. Mais il a malheureusement été décliné en produits manufacturés et aseptisés. Il aurait fallu s’arrêter ou proposer de la nouveauté. Se renouveler, donc. Toujours se renouveler.

Crédit photo : Angela Schlafmütze

 

L’exemple d’un système d’écriture réussi

 

Simenon avait même créé sa méthode pour le processus d’écriture lui-même ! Il en était arrivé, durant une longue période de sa vie, à écrire un Maigret en trois jours ! Cela a varié : de trois à dix jours au maximum. Quelle puissance ! Jamais, pourtant, un Maigret n’a déçu ses lecteurs ! Pour ma part, j’adore l’écriture, le style précis, lapidaire et évocateur de Simenon, et l’intelligence de sa psychologie. Car il savait créer du renouvellement à l’intérieur même de son « système Maigret. » Car Maigret, ce sont les mêmes personnages immuables : Maigret, Madame Maigret, le docteur Pardon, les inspecteurs du Quai des Orfèvres… Le caractère de Maigret demeure constant : bougon quand il a du mal à parvenir au résultat de son enquête, humain, passionné par son métier, amateur de bonne chère et de pipe, etc. Sa manière de mener l’enquête est toujours la même : proche des gens, il se mêle à eux, et provoque les confidences. Il n’interroge pas : il écoute. Et pourtant, c’est avec bonheur qu’on le retrouve dans toutes ses péripéties. Parce que les lieux changent, parfois les pays, les milieux sociaux changent, les assassins et les victimes sont différents, les intrigues ne se ressemblent pas et se présentent comme de véritables énigmes, bref Simenon ménage des changements à l’intérieur même de son système.

L’exemple d’un système de processus d’écriture réussi

 

Même sa manière d’écrire de Simenon était un système en soi. Son système, chronologiquement :

  • une promenade la veille de commencer son Maigret, qui provoquait la remontée de souvenirs d’enfance dont il « tirait » ses héros,
  • le choix de leur nom,
  • la rédaction d’une fiche sommaire de leurs caractéristiques,
  • le dessin de la maison où se déroulait l’intrigue,
  • la recherche du pourquoi (ce qui avait emmené le héros à faire ce qu’il avait fait.)
  • Quand tout cela est décidé, Simenon entre totalement dans la peau du personnage, jusqu’à adopter sa démarche particulière !
  • Il écrit son premier chapitre en trois heures, puis les suivants en deux. Chaque jour, il rédige un chapitre.
  • Il se lève à six heures, prépare son café, travaille jusqu’à 9 heures.
  • Puis il fait une promenade jusqu’à midi,
  • déjeune en famille,
  • s’octroie une sieste d’une heure.
  • Il repart en promenade avec sa femme mais ne parle jamais du roman.
  • Dîner, lecture de journaux, télévision en famille, que des choses simples. Aucun autre travail  durant la rédaction du roman. Aucune réponse aux coups de téléphone.
  • A chaque heure sa fonction. Ses journées étaient prévues méthodiquement.

Mais cela ne lui suffisait pas. De temps en temps, il écrivait un roman « dur », selon ses termes. Les Maigret, il disait les écrire pour se « détendre ». Je reprends réellement ses mots. A ce propos, lisez dont Mémoires intimes de Simenon. Rien de mieux pour connaître ce qui se trame dans la tête d’un écrivain. J’ai dévoré cet énorme pavé. Simenon, ce n’est pas seulement 103 Maigret mais aussi 115 romans « durs » et textes divers !

Un système n’est donc pas à bannir en soi. Le défi, c’est ce qu’on y fait. Tout le monde n’est pas Simenon. Il faut savoir ne pas s’embourber dans son propre système.

Se renouveler. Toujours se renouveler.

La liberté dans l’écriture

 

Et puis, la littérature est sans frontières, sans limites. Elle n’a pas à entrer dans de petites cases. Aucun auteur n’a l’obligation de se cantonner dans une case. Ce que l’on écrit est affaire de goût, de plaisir, de désir, curiosité, audace, expériences, souvenirs, projections, imagination, inventions…

Un auteur peut écrire des romans, des pièces de théâtre, des poèmes, des chansons, des pamphlets, des contes, des souvenirs, des autobiographies, des lettres, des journaux. Je dois en oublier.

Ne te restreins jamais. Un créateur doit s’amuser. Si tu t’amuses vraiment, ton lecteur ne s’ennuiera jamais. Ne sois pas systématique, même dans ton système, si tu en as un. Crée, renouvelle-toi, invente. C’est le secret. Un secret tout simple. Qui demande du travail et de l’inspiration.

 

Politique et société dans le roman : Les fous du roi de Robert Penn Warren

Politique, société et mon roman préféré : Les fous du roi, de Robert Penn Warren


Si je devais finir mes jours sur une île et n’emporter qu’un seul livre, ce serait celui-ci : Les fous du rois de Robert Penn Warren, un roman américain de 1946. J’avais vingt ans quand une amie me l’a fait découvrir dans la seule version alors disponible : une version d’occasion de 1968, dotée d’une préface fantastique de 21 pages de Michel Mohrt, sans doute la meilleure préface de roman de tous les temps ! Par la suite, je me procurai deux exemplaires des Fous du roi chez Gilbert Jeune, à Paris. Je les ai toujours bien que l’un d’eux ait souffert d’une inondation. Je suis restée fidèle à ce roman, je l’ai lu et relu. Je lirai et le relirai encore. A l’époque, j’y ai presque tout appris sur l’art d’écrire un roman, en le décortiquant mot à mot. Chaque fois que je le relis, c’est encore et toujours une magistrale claque.

Roman et vision du monde

 

Un roman est une vision du monde. Et une vision du monde est forcément politique et sociale puisque nous vivons sur une terre que l’homme a rendue politique et sociale. Il se trouve que Les fous du roi est un immense roman et, comme tout roman exceptionnel, il offre une vision du monde très fouillée et unique, reflet de celle de son auteur. Et il se trouve que son décor, sa toile de fond, c’est la politique. Alors, entre les deux tours de cette lamentable pitrerie que sont les élections présidentielles cette année en France, parlons de ce grand roman. Prenons exemple, et n’oublions pas d’offrir à nos lecteurs des livres qui sont notre vision du monde. Plus notre vision et riche et détaillée, plus notre roman est vaste et capte l’attention du lecteur.

 

Les fous du roi, occasion de 1968 !                             

 

La puissance du style

 

Je ne connais aucun roman au-dessus. C’est affaire de goût. J’y trouve tout ce que j’aime immodérément : la psychologie, l’art de la description, une sensualité vertigineuse dans l’écriture qui est comme « peinte », l’ironie, une intelligence inouïe, la question lancinante du bien et du mal, du jugement et du salut, du temps, la métaphysique, une langue riche et poétique, un style unique, éblouissant de métaphores qui touchent juste, une sensibilité à fleur de peau, des procédés stylistiques et une construction romanesque d’une puissance qui me laissent émerveillée, des dialogues qui paraissent enfin vrais, du lyrisme, des personnages plus vrais que nature, l’ambivalence des sentiments et des choix et décisions, l’intérêt de l’auteur pour la sociologie, l’Histoire, les conséquences de la politique sur la vie des hommes, la culpabilité latente des gens du Sud, et j’en oublie. Un style inimitable, vraiment, qui me bouleverse. C’est un roman fleuve de 700 pages dont je sors toujours éblouie. Et admirative. En un mot, c’est le livre que j’aurais voulu écrire.

   En quittant son appartement ce jour-là, j’allais à la banque chercher de l’argent ; je sortis ensuite ma voiture du garage, jetai quelques affaires dans une valise et pris la route. Une route longue et blanche comme un squelette, droite comme un fil à plomb, unie comme une glace étincelante et chatoyante dans la chaleur, ronflant sous les pneus comme un nerf écorché. Je faisais du cent, et pourtant on eût dit que je ne parviendrais jamais à rattraper la mare qui semblait apparaître au bout de la route, juste de ce côté-ci de l’horizon. Peu après, j’eus le soleil dans les yeux, car j’allais à l’Ouest. Les yeux éblouis, j’abaissai donc le pare-soleil et appuyai sur le champignon ; je continuai vers l’Ouest. Car l’ouest est la région où nous projetons tous d’aller un jour. C’est là où l’on va quand quand  la terre ne rend plus et lorsque les pins de Virginie gagnent du terrain. C’est là où l’on va quand arrive la lettre disant : Sauve-toi, tout est découvert. C’est là où l’on va, lorsque abaissant son regard sur la lame entre ses mains on y voit du sang ; lorsqu’on vous déclare que vous n’êtes qu’une goutte d’eau dans l’océan. C’est là où l’on va quand on vous raconte qu’il y a « ben sûr de l’or là-bas dans c’te montagne ». C’est là où l’on va pour y finir ses jours. Ou bien est-ce tout bonnement là où l’on va.

   C’était simplement là où j’allais.

  Et puis la Californie.

   Enfin Long Beach, qui est l’essence de la Californie. Pour moi du moins, parce que je n’ai jamais rien vu d’autre de la Californie, sauf Long Beach, et que par conséquent mon jugement n’est pas troublé par le jeu de la concurrence.

   Par la suite d’une crevaison dans la matinée, je n’arrivai à Long Beach que tard dans la soirée. Je bus un lait de poule, achetai une bouteille de whisky et montai à ma chambre. Je n’avais pas bu une goutte d’alcool de tout le voyage. Je n’en avais pas eu envie. Je n’avais eu envie de rien, sauf d’écouter le ronflement du moteur et de me laisser bercer par la voiture, et ça, je l’avais eu. Mais maintenant  je savais que si je ne buvais pas ce whisky, le continent tout entier, brûlant et palpitant, foncerait sur moi, hors de l’ombre, aussitôt que je fermerais  les yeux pour m’endormir. C’est pourquoi j’absorbai quelques verres, pris un bain et m’étendis sur le lit, sans lumière ; et j’observai les enseignes au néon, en face qui flamboyaient et s’éteignaient au rythme de mon cœur, et je buvais à même la bouteille que j’avais posée à terre, près du lit.

   Le lendemain, j’étais sur le chemin du retour.

   J’étais sur le chemin du retour, et les souvenirs qui m’avaient obsédé à l’aller se trouvaient maintenant abolis.

   Par exemple. Mais je ne peux pas vous donner un exemple. Ce n’était pas tant un cas concret ou une conjoncture particulière dont le souvenir était important, mais le cours, la trame des événements, car la signification des choses ne réside jamais dans l’ « événement » lui-même mais dans le mécanisme qui le pénètre. S’il en était autrement, nous pourrions isoler un instant dans l’événement et dire que c’est là l’événement lui-même. Sa signification. Mais cela est impossible. Car l’important est le mécanisme. Et le mécanisme m’emportait. Il m’emportait vers l’Ouest à cent à l’heure, dans la brume, à travers un pays d’une inestimable richesse et farci d’héroïque histoire, et j’étais emporté au-delà du temps dans le monde des souvenirs. On dit que l’homme qui se noie voit sa vie entière défiler devant ses yeux. Eh bien, je ne me noyais pas dans l’eau, mais dans l’Ouest. Je me noyais dans l’Ouest au cours des journées brûlantes et cuivrées, et des nuits de velours noir. Il ne me fallut pas moins de soixante-dix-huit heures pour me noyer. Pour que mon corps coulât jusqu’à l’extrême fond de l’Ouest et s’y reposât dans la vase inerte de l’Histoire, nu sur un lit d’hôtel, à Long Beach, Californie.

 

Crédit photo : FaceMePLS

 

Je n’ai pu résister au plaisir de vous proposer de lire ces extraits intenses d’un long passage de ce livre, passage qui me va droit aux tripes. Et quel art de la répétition ! Je lis partout qu’il faut éviter les répétitions. Quelle ânerie ! La répétition d’un mot, d’une expression, quand elle est bien menée, peut être d’une force inimitable. Je ne connais aucun écrivain qui sache la manier avec la dextérité de Robert Penn Warren.

La richesse de style de cet écrivain me semble inimitable, sa beauté, son foisonnement. Et il n’y a guère que L’amour au temps du choléra de Gabriel Garcia Marquez qui me semble atteindre aux mêmes profondeurs de l’âme humaine, et décrire aussi magistralement ses ambiguïtés et ses hésitations, ses doutes, ses compromis, et ses compromissions.

L’histoire

 

Les fous du roi (All king’s men, dans le titre original) est un roman sur le temps, l’Histoire, la vérité, l’amour, l’amitié, la trahison, la politique, la corruption et la rédemption -possible ou non. En Louisiane, dans les années 1930, le narrateur, journaliste et historien, est chargé par un gouverneur corrompu, inspiré de Huey Pierce Long, véritable politicien de Louisiane qui finit assassiné en 1935, de creuser la vérité pour trouver une preuve compromettante concernant un homme que le Sénateur veut faire chanter. Cette recherche et ses résultats vont créer une déflagration dans l’univers du narrateur, du Sénateur et de leur entourage. Les engrenages de l’histoire sont installés avec une intelligence minutieuse, chaque acte en emmenant un autre, et le lecteur se laisse mener par la main jusqu’au dénouement. Mais au fond, peu importe le thème de ce roman : il parle avant tout de l’âme humaine avec une intensité, une profondeur et un lyrisme dont je n’ai jamais rencontré l’équivalent ailleurs.

Crédit photo : Chris Drumm

 

Robert Penn Warren

 

Mal connu, et même quasiment inconnu en France, Robert Penn Warren, honteusement négligé par les éditeurs et intellectuels français, considéré comme un immense écrivain aux Etats-Unis, a pourtant reçu le prix Pulitzer trois fois ! Le prix Pulitzer du roman pour Les fous du roi en 1947, et le prix Pulitzer de la poésie en 1958 et 1979. Ecrivain du Sud, il était considéré comme le seul rival de Faulkner – à qui je le trouve nettement supérieur. Il a profondément marqué l’écriture de William Styron qui a, lui aussi, écrit des chefs-d’œuvre.

Le cinéma

 

Les fous du roi a été adapté au cinéma deux fois :  un film de Robert Rossen tiré de l’œuvre de Robert Penn Warren, récompensé par 3 Oscar en 1949 (meilleur film, meilleur acteur Broderick Crawford, meilleur second rôle Mercedes Mc Cambridge), et un film Steven Zaillian avec Jude Law et Anthony Hopkins de 2006. Je n’ai vu ni l’un ni l’autre mais c’est encore à faire. Je pense que le premier est bon mais j’ai des doutes sur le second.

Le temps

 

Je pourrais parler des heures de Robert Penn Warren et de son écriture. Je vais donc préférer vous rapporter un autre extrait. Un dernier mot cependant : je vous conseille aussi de lire Un endroit où aller, grand roman même s’il reste inférieur aux Fous du roi. Mais c’est normal : Les fous du roi sont de ces romans qu’on ne lit pas souvent… Absolument inimitable. Et puis, quel écrivain a su écrire aussi magistralement sur le Temps ?

… Telle était Anne Stanton : c’était un dimanche et elle se rendait à l’église, où elle resterait silencieuse comme une souris, tout en passant pensivement le bout de sa langue sur la place laissée vacante par une dent qu’elle venait de perdre. Et les petites filles, accroupies sur des coussins, appuient d’un air songeur leur joue contre le genou de leur père chéri, pendant que celui-ci caresse les boucles soyeuses et fait la lecture de belles histoires. Telle était Anne Stanton. Et les petites filles -chattes un tantinet timorées- tâtent la mer du bout du pied, en ce début de printemps, et, quand la vague inattendue s’écroule, éclabousse et fouette leurs jambes glacées, elles poussent des cris aigus et sautillent sur leurs petites jambes minces comme des échasses. Telle était Anne Stanton. Les petites filles se tachent le nez de suie en faisant rôtir des saucisses au feu de camp, et vous -car vous êtes un grand garçon qui ne se tache pas le nez- vous les montrez du doigt et chantez : Figure-Sale, Figure-Sale, c’est une honte d’être aussi sale ! Et un beau jour, en réponse à ce chant, la petite fille ne regimbe pas comme d’habitude, mais elle pose sur vous le regard de ses grands yeux enchâssés dans le petit visage mince et lisse ; ses lèvres tremblent un instant à vous faire croire qu’elle va pleurer quoiqu’elle en ait passé l’âge, et, devant ce regard qui vous poursuit, votre sourire narquois s’efface et vous vous détournez vivement sous prétexte d’aller chercher du bois. Tout cela était Anne Stanton.

   Toutes les lumineuses journées au bord de l’eau avec les mouettes striant le ciel, c’était Anne Stanton. Mais je ne le savais pas. Et toutes les journées, non lumineuses celles-là, où les gouttières débordent et la bourrasque souffle de la mer, où il fait bon près du feu, ces journées-là, elles aussi, étaient Anne Stanton. Mais je ne le savais pas non plus. Puis vint l’époque où les nuits étaient Anne Stanton. Mais cela je le savais.

Le narrateur a de ces instants de mélancolie, de nostalgie du paradis perdu, de sensibilité aux accents bouleversants. Mais il n’y a pas que cela ; il y a aussi la trahison, la folie, le désir qui ronge tout, la peur du manque, de perdre, le goût immodéré du pouvoir…  C’est toujours d’actualité.

Vision politique du monde

 

La déchéance de nos politiques, la corruption galopante au sommet de notre état, la pitoyable mascarade qui a tenu lieu de campagne électorale, m’a ramenée à ce roman que je considère comme le plus lucide qui soit sur les hommes, la politique, la condition humaine. Après le triste spectacle de ces derniers mois, et le triste spectacle à venir, la pensée de la considération dans laquelle nous tiennent les « grands » de ce monde (nous ne sommes pour eux que fétus de paille qu’ils déplacent à leur guise, du moins aiment-ils  à le croire et y parviennent-ils pour la majorité d’entre nous), je ne pouvais que vous conseiller de lire ce livre bouleversant et toujours pertinent, bien qu’écrit en 1945, qui évoque si intelligemment les dessous sales de la politique, telle que la voyait Robert Penn Warren.

Je pense que le lire, c’est apprendre à écrire. Je continue à le décortiquer avec amour. Et j’y trouve encore et toujours des perles.

 

Chapeau bas, Monsieur Penn Warren !

 

Les fous du roi, la dernière édition sortie, 2015      

 

Les fous du roi, DVD, réalisateur : Robert Rossen

 

Les fous du roi, DVD, réalisateur : Steven Zaillian 

 

Un endroit où aller, Robert Penn Warren              

Ombres, lumières, contrastes : sublime ton roman !

Ombres, lumières et contrastes ? Sublime ton roman !

 

Cet angle va sans doute te paraître étonnant car c’est un angle qui n’est jamais abordé dans les manuels d’écriture ou par les gens qui parlent d’écriture. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Je ne fais que constater : je n’ai rien lu là-dessus, rien entendu là-dessus ! Et pourtant, c’est un sujet très important qui mérite qu’on s’y arrête plutôt deux fois qu’une. La lumière, l’ombre et le contraste ne sont pas du tout anecdotiques dans un roman, une nouvelle. Ils sont même très importants. Ils peuvent rendre ton roman beaucoup plus puissant et vivant.

J’ai voulu changer de format. J’avais envie de changement. Toi aussi, peut-être. Alors j’ai tenté la vidéo. Dorénavant je tenterai une vidéo par semaine, histoire de nous amuser un peu (je me suis bien amusée à la tourner, je le reconnais, et puis j’aime le changement, je ne suis pas une femme d’habitude.) Et je pense aussi que je ne parlerai pas forcément des mêmes sujets par écrit et par oral. Question de feeling.

J’espère que tu seras indulgent et que tu me pardonneras mon inexpérience totale : parler d’écriture, te donner des renseignements, face à une caméra, avec un micro, c’est quand même une petite aventure pour moi ! Je vais m’améliorer, c’est promis. En attendant, pardonne-moi mes erreurs, le bruit de fond, enfin tout ce qui n’est pas au point. Ca viendra. En tant qu’ancienne timide, je suis fière d’avoir relevé le défi, c’est déjà ça. J’espère aussi avoir dit des choses pertinentes. Ca, c’est toi qui en jugeras.

N’hésite pas à me donner ton ressenti dans les commentaires. Si tu trouves ce format indigeste, dis-le moi. Si tu l’aimes, mets-moi un gros pouce bleu sur YouTube puisque désormais, nous avons notre chaîne ! Comme ça, tu m’encourageras à recommencer.

 

10 façons de rater un roman !

10 façons de rater ton roman !

 

1 Ne pas te relire suffisamment, ne pas corriger tes coquilles

 

Que ce soit pour l’éditeur ou le lecteur, ce n’est pas sérieux. Cela fait partie du métier d’écrivain, même si ce n’est pas le plus excitant. Ne pas le faire ne te rend pas crédible. Si tu ne fais pas ton travail jusqu’au bout, tu es un imposteur. Car même si tu le fais et que tu mets ton roman entre les mains d’une correctrice professionnelle, elle risque de trouver encore des coquilles ! Alors imagine que tu ne t’en préoccupes pas sous prétexte qu’elle n’a qu’à le faire… C’est la honte et la loose parce que tu ne progresseras jamais dans ce domaine.

Sans compter que cela marque ton peu d’intérêt pour la langue française et ses arcanes, et ça, franchement, chez un écrivain, ce n’est pas possible. C’est un comble pour un écrivain !

Donc se relire plusieurs fois, se corriger, avoir recours aux dictionnaires, faire relire par quelqu’un de très fort en syntaxe, conjugaison, orthographe, etc. Et si tu as la chance de connaître quelqu’un qui s’y connaît vraiment en typographie, c’est encore mieux.

Mais toi, tu te corriges, n’est-ce pas ? Tu ne manges de ce pain-là, celui du moindre effort ?

2 Ne pas lire tes dialogues à voix haute

 

Lire à haute voix permet de se rendre compte de combien nos dialogues semblent souvent factices. Les conversations doivent paraître naturelles quel que soit le milieu d’origine des personnages. Ce qui veut dire adapter le niveau littéraire à celui du milieu socio-culturel, l’âge et l’époque où vit chaque personnage. Un vieil avocat ne s’exprime pas comme un tourneur-fraiseur. Au moindre doute, lis à voix haute !

3 Considérer qu’une bonne histoire fait un excellent livre

 

C’est une faiblesse que je rencontre souvent chez les auteurs contemporains. Non : une bonne histoire racontée dans un style médiocre produit un livre médiocre. Soigne ton style. Sois inventif. Sois pertinent. Sois différent. Sois excellent, si possible.

 

Crédit photo : Gene Wilburn

 

4 Ecrire un roman sur le dernier thème à la mode

 

Donc céder aux mirages de la gloire et croire qu’en écrivant un roman sur le dernier truc à la mode, tu vas faire best-seller et tout casser. Et pour cela, sacrifier ce que tu as vraiment à écrire à ce que tu imagines que les lecteurs voudraient lire (mais sait-on vraiment ce que les lecteurs veulent lire ?)

5 Ne pas croire en toi

 

T’imaginer que tu n’es pas assez intéressant ou intelligent pour développer tes propres sentiments, idées, ta personnalité ton style, et faire passer ton message personnel dans ton roman, ta propre vision du monde. Pourtant, c’est elle qui fait la différence. Aucune technique au monde ne peut t’apprendre cela car tu ne peux développer que seul ta vision du monde. S’il existe une clef pour écrire un bon roman, c’est celle-ci : nous y donner ta vision du monde. Si tu ne crois pas suffisamment en toi, ton risque est d’écrire le millième roman semblable, un de ces livres jetables qui ne laissent aucun souvenir au lecteur. Développe ton estime de toi et ta vision du monde.

6 Ne pas te montrer sincère

 

L’authenticité se sent aussi sûrement que la fausseté. Un roman où l’auteur n’a pas mis ses tripes, où il effleure ce qu’il a dire au lieu d’entrer en profondeur dans son sujet, par peur de ne pas oser dire ce qu’il pense ou ressent, sans oser donner tout ce qu’il a sur le cœur, par pudeur, timidité, hypocrisie sociale, peu importe, est en fin de compte un roman qui restera fade.

Sois toi-même car ce que le lecteur désire, c’est une rencontre avec une personnalité, un auteur sans mièvreries, et une histoire dans laquelle il peut se projeter, des personnages auxquels il peut s’identifier. Pour cela, il faut que tu mettes de la profondeur. Que tu te déshabilles un peu. Ou alors ton lecteur n’est pas très malin et se contente d’un roman artificiel. Mais est-ce le lecteur de tes rêves ? Et auras-tu écrit le roman de tes rêves ?

7 Oublier ton lecteur

 

Il ne suffit pas d’avoir une belle histoire truffée d’anecdotes, d’intrigues secondaires palpitantes, et de personnages pittoresques pour écrire un bon livre. Il faut encore se mettre dans la peau du lecteur pour organiser ce chaos qui donne l’illusion de la vie. Qu’a-t-il besoin de savoir et à quel moment ? Que faut-il lui cacher ou lui révéler, et quand ? Pourquoi et comment ? Tu dois être stratégique dans la rédaction de ton roman, ta nouvelle ou ton conte. Avance tes pions avec intelligence. Tu es là pour convaincre le lecteur que ton monde est réel même s’il se déroule en 27000 après J.C. Tu dois le convaincre sans jamais avoir l’air de le convaincre. C’est le grand art. Tout en discrétion. Emmène toujours le lecteur où tu veux. Dans l’art du roman, il existe une grande part de manipulation. Le mot n’est pas joli, mais c’est la réalité. Sois un stratège. Essaie de deviner ce que pense et sens ton lecteur.

8 Ne pas vérifier tes sources, ne pas te documenter

 

Dates, lieux, histoire et géographie du pays, de la civilisation, religion, climat, costumes, coutumes, etc. Tu dois tout savoir. Ce qui exige du travail, des recherches dont tu ne peux faire l’économie. Le manque de véracité rend ridicule n’importe quel récit. Et s’il ne va pas jusqu’à le rendre ridicule, il va au minimum le rendre flou. Sois précis. Pour rendre le son de la vérité, il faut s’appuyer sur des réalités, des faits avérés. Evidemment beaucoup moins en science-fiction qu’en roman historique, par exemple, mais tout dans l’univers que tu crées doit être congruent.

Crédit photo : byronv2

 

9 Ne pas oser

 

Tu ne vois plus guère de prologue aujourd’hui et tu désires en écrire un ? Ecris-le. C’est pire encore pour les épilogues : on n’en voit plus jamais en littérature contemporaine. Tu en as envie pour ton roman ? Rédiges-le. Tu as envie d’écrire des poèmes, des chansons et de les intégrer à ton roman ? Tu as trouvé une manière intelligente de le faire ? Et on te raconte que cela va gêner la lecture et autres niaiseries ? Ce n’est pas vrai ? Ose. Fais-le intelligemment, c’est tout. Dose tes effets.

Je ne me suis pas gênée pour mon roman, Racines mêlées. J’ai écrit un prologue et un épilogue en forme de poèmes. J’ai égrené poèmes et chansons dans la bouche de mes personnages au cours du roman, et en fin de livre, j’ai créé un appendice où je les regroupe tous et j’en ajoute même un, une sorte de bonus pour mes lecteurs. Et ma foi, je n’ai pas eu de critiques.

Tu veux intégrer une carte, un plan, un dessin ? Fais-le. Tu veux une mise en page spéciale ? Ose. Pourquoi se limiter ? Je crois qu’en osant, en sortant des conventions, pourvu que ce soit toujours fait avec art et intelligence, ce peut être remarqué favorablement ou tout simplement accepté comme un fait naturel. Le créateur, c’est toi.

La littérature ne peut demeurer éternellement figée. Si elle l’est énormément, c’est surtout de la faute des éditeurs. Ils ne prennent plus aucun risque. Elle doit évoluer, prendre de nouvelles formes, et c’est bien naturel. Regarde ce qui se passe dans le monde de la bande-dessinée : là, les éditeurs lâchent davantage la bride aux auteurs et la création y est devenue époustouflante en France ! Alors que nos éditeurs de romans ont chaussé des pantoufles de béton et nuisent à toute créativité. La littérature romanesque ne peut demeurer éternellement figée. Elle évoluera fatalement car c’est naturel et dans l’ordre des choses : tout évolue. Tout change, tout se transforme, que cela plaise ou non aux éditeurs. Je pense que l’autoédition commence à le permettre.

10 Ne pas structurer ton récit

 

Que ce soit en court d’écriture ou avant de t’y lancer, tu dois structurer ton intrigue, ton sujet. Je te renvoie à cet article qui peut beaucoup t’aider : Comment structurer une histoire ? Les étapes. Que tu écrives un roman psychologique ou un thriller, tu dois au lecteur, qui te fait la confiance et l’honneur de te lire, la politesse et l’honnêteté de le mener fermement par la main sur le chemin que tu lui as tracé. Il ne doit se perdre à aucun moment.

Rien de plus insupportable que ces livres où tu dois sans cesse retourner deux pages auparavant pour comprendre ce qui se passe. Parce que ce n’est pas clair. Parce que c’est confus. Parce que les personnages ont été mal exposés dès le départ ou se ressemblent trop et qu’on les confond ! Je me souviens d’avoir lu un roman où les noms des personnages avaient les mêmes consonances. C’était exaspérant ! Impossible de reconnaître qui était qui. Résultat : j’ai abandonné et je ne me souviens plus que de mon agacement. Je suis bien incapable de me souvenir de quel roman il s’agissait !

Tu dois vérifier l’intérêt de ton intrigue, la qualité de sa structure, de son agencement. Tout se tient-il ? Y a-t-il des zones d’ombres et est-ce voulu ? Tout est-il plausible dans les dates, les faits, les lieux ? Suit-on facilement la lecture ? Le suspense est-il suffisant pour tenir le lecteur en éveil jusqu’au dénouement ? Structure. Et si tu es gêné pour t’organiser, jette un œil sur cet article : comment structurer un récit facilement avec le mind-mapping ?

C’était un simple tour d’horizon. Mais comme tu le vois, il faut le faire. Il faut éprouver aussi du plaisir à le faire. C’est cela écrire. Ce n’est pas ingrat comme ça peut le paraître à un débutant. C’est au contraire excitant et valorisant d’apprendre à manier tant de paramètres. Ne t’y trompe pas : c’est un régal quand tu donnes les derniers éclairages, que tu poses les dernières ombres au tableau, que tu précises un détail… C’est un vrai plaisir.

11 Ne pas lire !

 

Oui, j’avais dit 10, mais je ne résiste pas à te donner ce bonus. Que peut bien écrire un auteur qui n’aime pas la lecture ? Ou pire : un lecteur de mauvais livres ? Que peut servir au lecteur celui qui se nourrit de mauvaises lectures ? Quel genre de plat ? Lis. De bons auteurs. Les auteurs que tu aimes. Laisse tomber les autres. Lis.

 

Crédit photo : yonolatengo

 

Petites nouvelles du blog

 

Le goût est chose subjective, c’est entendu. Cependant, j’ai quand même ouvert ma bibliothèque de livres à lire car, à mon avis, ils ont excellents et peuvent t’apporter beaucoup de plaisir et d’enseignements dans ton travail d’écriture. Ces livres sont de grandes sources d’inspiration (ce n’est que mon avis, tu ne le partageras peut-être pas toujours) et c’est pourquoi je t’en donne des extraits. Je les regroupe sous l’onglet : livres à lire, la bibliothèque, tout en haut de la page. Ces livres m’ont tous touchée pour une raison ou une autre. En te les proposant à la lecture, je te fais au fond entrer dans mon intimité d’écrivain car je crois que nos lectures révèlent beaucoup sur qui nous sommes.

Si tu passes la flèche sur l’onglet, tu verras un menu déroulant par ordre alphabétique. J’ai classé ces extraits de livres par le nom de leurs auteurs. Ce n’est qu’un modeste début que je compte enrichir au fur et à mesure de mon temps et mes découvertes. J’espère que tu prendras autant de plaisir que moi à à lire ou relire ces merveilleux textes.

Sous chaque extrait cité, je te propose le livre d’où il est tiré, en vente sur Amazon. Si tu achètes un livre, je toucherai 5% de son prix de vente sans que cela ne change rien à ton prix d’achat. C’est une affiliation avec Amazon qui s’occupe de tout. Cela peut être une façon de m’aider à entretenir et faire progresser ce blog dont la communauté s’agrandit de jour en jour, pour mon plus grand plaisir. J’ai de plus en plus de travail et j’aimerais m’y consacrer à plein temps, avec bien entendu l’écriture de mes livres, ça tu l’imagines aisément.

Je fais tout pour que cela advienne. Pour le moment, je donne toujours des cours de peinture car, comme toi, je dois mettre du beurre dans les épinards. Mais j’ai bon espoir.

Je t’informe donc des nouveautés. Le blog se professionnalise et c’est une très bonne chose car c’est ainsi qu’il durera. Cela ne change rien pour toi : l’accès du blog reste et restera toujours gratuit et tu peux le consulter autant que tu veux. Et je continue à y écrire un article par semaine.

Je croyais rédiger un court article mais tu commences à me connaître : je suis une grande bavarde.

Je veux aussi te remercier de ta présence sur ce blog : sans toi, il n’existerait pas. Je reçois des commentaires encourageants et des emails extrêmement touchants qui me confortent dans l’idée de poursuivre cette aventure magnifique. C’est aussi un sacré défi ! Créer une communauté de gens qui aiment l’écriture et les livres, l’art, la beauté, la culture, qui se donnent à la littérature de tout leur cœur, quoi de plus enthousiasmant ? D’une certaine manière, ce projet change ma vie de la meilleure manière qui soit.

Je n’étais pas certaine d’avoir raison de commencer ce blog. Quelques mois ont passés et les choses prennent tournure. C’est grâce à toi, à ta présence, à tes commentaires. Alors merci.

A bientôt  pour le prochain article.

 

 

 

 

Coup de gueule, écriture et littérature !

Coup de gueule, écriture et littérature !

 

Cet article est n’est pas destiné aux âmes consensuelles mais aux âmes critiques qui appellent un chat un chat. Il m’arrive de m’emporter mais mes colères sont justes (c’est moi qui le dit!) Elles me permettent de progresser, de digérer ce qui me déplaît et de le dépasser. Aujourd’hui, j’ai envie de te partager le fruit de mon indignation pour réfléchir ensemble à comment nous pouvons -nous devons- réagir face aux multiples tentatives d’uniformisation de nos personnes, dont nous sommes tous victimes depuis 30 ans. Et la littérature n’est pas épargnée par le fléau qui consiste à créer des produits uniquement vendeurs et non des créations. La littérature n’est pas une savonnette.

 

Crédit photo : Henrion Alain

 

Où l’écriture, la littérature et l’écrivain ont plus de ressemblance qu’on ne pourrait le croire avec les marchands de quatre-saisons

 

Voici la raison de mon exaspération. J’apprends enfin pourquoi mon très beau marché provençal, si gai, si tonitruant autrefois, me semble bien calme, pour ne pas dire fade et éteint. Quelque chose manque. Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus.

C’est une connaissance qui m’a donné le fin mot de l’affaire : la mairie a interdit aux marchands d’haranguer le chaland ! C’est ainsi que la ménagère n’entend plus : «  elle est fraîche ma salade, je l’ai cueilli ce mating ! (mets-y l’accent, s’il te-plaît, nous sommes dans le Midi), y sont pas beaux mes artichauts, c’est cocagne ! Allez, je vous fais le tout pour trois euros, c’est pas cher à la saison ! » Finis les : « té, goutez, hé, vous m’en direz des nouvelles ! »

Bref : un marché bien formaté, bien propre, et à ce train là on se croira vite dans un supermarché aseptisé mais en plein air. Qui exactement a décidé de cela ? Pourquoi ? Mystère. Quelqu’un qui désire de toute évidence un monde où tout est rangé, cadré, pas de fantaisies, pas d’estrambord (ici, ça veut dire, débordement du caractère, exagération) et surtout pas de différenciation. Tous les stands doivent se ressembler, les marchands et la clientèle aussi, et les moutons seront bien gardés. Toujours et encore des directives pour nous formater davantage. Partout, la même musique, les mêmes vêtements, les mêmes fêtes, les mêmes habitudes, les mêmes maisons…

 

Crédit photo : Anna & Michal

 

Quand on te dicte qui tu dois être, on te dicte aussi ce que tu dois écrire !

 

Je suis indignée. Profondément. On emm… la population toute la journée. L’occident, France comprise et surtout, devient un enfer. Tu veux percer une fenêtre ? Non. Tu veux peindre ta porte en violet ? Non. Tu veux peindre tes murs extérieurs en rose ? Non. Tu veux étendre ton linge sur ton balcon ? Non. Tu veux battre ton tapis ? Non. Tu veux monter ton affaire ? L’état fera tout pour t’en empêcher. Tu veux faire des bénéfices ? Pour qui te prends-tu ? Non, les multiples charges et les impôts se chargent de tes bénéfices.Tu veux manger des légumes anciens ? Non. Monsanto a décidé pour toi quelles sont les seules graines commercialisables, pur OGM. Tu es viticulteur et tu refuses d’arroser de produits cancérigènes tes vignes ? Non. Tu risques la prison ! Tu veux vivre, respirer, jouer, exulter ? Non. Prends plutôt tes antidépresseurs et tais-toi ! Tu veux penser ? Non. La télévision te dicte ce que tu dois penser. Alors surtout, ne pense pas. Car tu pourrais te réveiller et descendre dans la rue.

Tu voudrais dire ce que tu penses, engager un débat sans violence, discuter sans tabous ? Non. Tu es un sale réactionnaire sioniste, antisémite, homophobe, raciste, et j’en passe… Tu veux exister ? Non. On te tolère uniquement parce que tu produis, produis, produis, et tu veux exister en plus ? C’est non. Tu veux écrire ? Non. Ou alors, si tu veux avoir une chance d’être édité, écris insipide, consensuel, bien plat. Evite le style, ça risque de faire  réfléchir ! Et puis la beauté, c’est dangereux, ça donne aux êtres des aspirations à s’élever, à penser. Or dans les sphères des décideurs, ça fait longtemps qu’on ne réfléchit plus, sauf pour te manipuler. Dans les maisons d’édition, tu es la dernière chaîne du maillon, celle dont on n’a rien à faire, celle qu’on méprise : l’écrivain. Alors tu ne voudrais pas écrire ce que tu veux EN PLUS d’être publié ?

 

Crédit photo : Luc Legay

Alors que faire ? Agis pour que vive la littérature !

 

Alors je te dis : ne te restreins pas, ne te formate pas, différencie-toi, jette ta télévision, débarrasse-toi de ta radio, et écris. Ecris ce que tu veux comme tu le veux. Mais écris-le. Avec sincérité, authenticité et qualité. Tu veux du lyrisme et ce n’est plus à la mode ? Sois lyrique. La mode, ça se démode. Les bons écrivains n’écrivent pas pour être lus sur 6 mois mais pour les siècles à venir.

Tu veux écrire de la poésie et la poésie ne s’édite plus ? Ecris de la poésie et crée ton propre circuit pour la vendre. Ou ne la vend pas mais écris tes poèmes et offre-les. Tu veux mêler poésie et prose pour écrire une œuvre magnifique, une sorte de Fou d’Elsa ? Rédige ton œuvre hybride. On t’a dit que ce n’est pas comme cela qu’on écrit ? Dès le primaire on t’a assené que poésie et prose ne font pas bon ménage, que ça ne s’assemble pas pour former un roman ? Qui a décidé de cela ? Les habitudes littéraires ? Les académiciens ? Les professeurs de français ? Les éditeurs ? Tu l’écris si tu en as envie, c’est tout. Tu le publies si tu en as envie, c’est tout.

Si Louis Aragon n’avait pas écrit Le fou d’Elsa, il manquerait à la littérature française et même mondiale l’un des plus beaux livres jamais écrit.

… Mais l’écho de l’homme

En ce siècle devenu l’héritier de toutes les douleurs de la couronne

Et celui qui meurt de la peste et celui qui meurt de la faim

La femme tombée à genoux l’esclave usé jusque dans l’âme

Chaque misère est un royaume ou quelqu’un d’entre nous est roi

PLAINTE ROYALE

Douce diversité des femmes pour ma force

Comme un collier des soirs au matin refermé

Suis-je las de moi-même ou simplement d’aimer

Et le parfum se perd dans l’immense divorce

De l’âme et de la chair de l’arbre et de l’écorce

 

Un jour on se retrouve au bord du temps brisé

Ne gardant du baiser que la lèvre incertaine

Et ne comprenant plus le sanglot des fontaines

Sans émoi sans mémoire et le cœur dégrisé

Ce cœur on ne sait trop pourquoi martyrisé …

Le fou d’Elsa, Louis Aragon                                                     

 Et quand bien même !

 

Tu veux écrire en patois, en verlan, en populaire, en racaille, en rap, en slam ? Ecris comme cela. Tu veux écrire dans la noble et irrévérencieuse langue du XVIIIème ? Ecrire de manière classique ? Ou précieuse ? Fais-le. Tu veux du style alors que tu lis partout qu’il faut écrire des phrases courtes et simples ? Relis le Blaise Cendras des grands jours, celui de La main coupée, de Bourlinguer, et écris des phrases de 10, 20 lignes qui tiennent la route.

La liberté, le bonheur du genre humain ? Mais c’est du fric qu’il s’agit, et de rien d’autre, du fric pour financer la guerre, et rien d’autre, et l’alimenter, et le genre humain peut toujours crever, faute de pain, esclave des machines et sous la coupe des politiciens et des fonctionnaires, qui ne brandissent plus le fouet comme les maîtres de naguère pour faire se courber les échines, mais on fait avancer les robots qui broient entre leurs mâchoires automatiques les réfractaires et les individus, et dont l’anus également automatique, ne pisse pas du sang, ne rend pas des excréments mais éjecte des rondelles d’or en série, nettes, astiquées, brillantes, hypnotiques, exactement calibrées et du même poids : l’Unité.

Le Lotissement du ciel, Blaise Cendrars

Tu veux écrire un livre de nouvelles et les nouvelles ne se vendent (soi-disant) pas, décrètent les éditeurs ? Ecris tes nouvelles et commercialise-les toi-même. Tu veux écrire un feuilleton et les journaux n’en veulent plus depuis 100 ans ? Ouvre ton blog et crée ton feuilleton jour après jour. Les éditeurs ne veulent pas de tes livres ? Edite-les toi-même. Tu veux écrire ce que tu penses, sens, respires, tu veux écrire avec tes tripes et non ta tête ? Ecris avec tes tripes fumantes de passion pour la vie et la littérature. Tu veux écrire tes souvenirs et on te rabâche que tout le monde s’en moque ? Ecris tes mémoires. Tu veux écrire un opéra ? Ecris-le. Un roman érotique ? Ecris-le. Un opéra ? Ecris-le. Des chansons ? Ecris-les. Un essai ? Ecris-le. Un pamphlet ? Ecris-le.

Le lotissement du ciel, Blaise Cendrars                                  

 

Impose ta personnalité !

 

Sors du formatage imposé, des moules préconçus. Apprends les techniques littéraires pour mieux t’en affranchir. Use de ta liberté. De ton autonomie. Tu es adulte. Tu n’as pas besoin des lamentables béquilles de la société. Prends tes responsabilités et écris sur ce que tu as à écrire. N’étudie les règles que pour t’en servir à ta façon. Pour rejeter ce qui ne te convient pas. Intégrer ce qui te convient. Faire ton tri. Cesse d’avoir peur de l’expression de toi-même. De qui tu es réellement. Ce que tu écris doit être qui tu es. Viscéralement. Pas ce qu’on te fait sentir que tu dois être. Ecris avec authenticité.

Donne-nous à saigner, à jouir, à pleurer, à rire, à déguster, donne-nous des émotions, de la joie et des larmes. Donne-nous à vivre au travers de tes mots. Emporte-nous avec toi. Embarque-nous sur ton rafiot, ta barcasse, ton trois-mâts, ton paquebot, ton pointu, ta barque ; embarque-nous sur le seul vaisseau qui te ressemble, mais embarque-nous.

Tu n’as pas à être formaté. Personne n’a le droit de t’empêcher de vendre tes salades sur le marché, personne n’a le droit de t’empêcher d’écrire ce que tu veux réellement écrire. Ne te laisse pas intimider. Ne t’autocensure pas. Ne te tais pas. Crie, rage, ris, sois la joie, le courage, l’enthousiasme, la passion pour la vie et la littérature.

Ecris avec puissance, beauté, intelligence, sensibilité, créativité. Les seules contraintes pour moi sont des contraintes de qualité, non des contraintes de liberté. Ecris grand, dépasse-toi, ne te restreins pas pour épouser tous les codes mortifères de l’édition, entrer parfaitement dans les moules, car ce serait la fin de ta liberté d’expression.

 

Crédit photo : Denis Bocquet

 

Bon, je me suis un peu emportée mais ça fait du bien, non ? Un p’tit coup de gueule en passant ragaillardit son écrivain, n’Est-ce pas ?

Et toi, que penses-tu de tout ça ? Ecris-tu ce que tu désires profondément écrire ?

Ose montrer ta différence. Tu es libre. Ne te noie pas dans la masse des écrivains formatés. Alors : fais-tu la différence ?