Comment écrire une autobiographie inspirante ?
Auteur: Laure Gerbaud 29 mars 2017 32 Commentaires
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Comment écrire une autobiographie réussie ?
Tu veux écrire ton autobiographie depuis vingt ans et tu n’as pas franchi le pas ? Tu as tenté mais il faudrait reprendre ton texte et tu ne sais pas comment t’y prendre? Tu y penses déjà pour tes vieux jours et tu te dis qu’il faudrait prendre des notes ? Tu voudrais raconter une histoire dont tu as été victime mais tu hésites pour des tas de bonnes raisons ? Tu as profité d’une existence merveilleuse et tu voudrais laisser un message à ta descendance ? Tu es jeune mais tu as vécu mille vies? Tu aimerais savoir pourquoi certaines autobiographies te semblent passionnantes et d’autres écrites avec un manche à balai plutôt qu’une plume d’écrivain ? Je te dis tout. Mais d’abord, une mise au point :
Quelles différences entre autobiographie, biographie et autofiction ?
L’autobiographie :
C’est toi ! Tu écris au « je » l’histoire de ta vie. Ce qui sous-entend pour le lecteur que tu es sincère et que tu lui livres la vérité (même si tu camoufles certains aspects, ce qui est normal.) Tu es donc l’auteur, le narrateur et le personnage principal de ton livre. Par exemple : Les Confessions de J.J Rousseau, une merveille que je conseille de lire. C’est vraiment un monument. Cette lecture a été un grand moment dans ma vie.
La biographie :
C’est le récit d’une existence par un auteur qui n’en est pas le personnage.
L’autofiction :
C’est une autobiographie relatée comme une fiction, ce qui n’en fait pas tout à fait une autobiographie. En effet, c’est un mélange entre vie réelle et fiction. Un très bel exemple : La promesse de l’aube de Romain Gary. Au passage, je te signale que c’est une petite perle, très vite lue, émouvante au possible. A lire donc.
Comment écrire une autobiographie qui donne envie d’être lue jusqu’au bout ?
Le style
Il faut l’écrire comme un roman, c’est-à-dire avec style. Si tu alignes les phrases sans aucune recherche, comme un chapelet, tu vas ennuyer ton lecteur. Ton histoire ne suffit pas, aussi passionnante soit-elle : comme dans un roman, le lecteur veut du style, des rebondissements, des nuances, etc. Comme dans un roman, il va falloir décrire les milieux sociaux que tu as traversé, les décors, les personnages, créer des atmosphères, les périodes politiques, sociales, l’air du temps…
La chronologie
Tu peux choisir d’être linéaire dans le temps, c’est le plus simple et le plus clair. Mais tu peux décider de manier habilement le flash-back et te permettre des souvenirs à l’intérieur même du récit. Ça peut relancer l’attention du lecteur si tu l’utilises bien.
Toute la vérité ?
Attention à ne pas écrire de noms réels sauf avec l’assentiment des personnes, à camoufler si nécessaire certains lieux si des personnes sont vivantes et que tu ne veux pas qu’elles se reconnaissent ou soient reconnues –ou qu’elles ne le veulent pas. Evidemment, il est plus facile de parler des morts que des vivants. Attention à ce que tu racontes sur ceux qui se reconnaîtront. Il me semble plus que souhaitable d’éviter les soucis de mauvaises interprétations qui peuvent t’amener des disputes, des conflits, et pire : des procès. Il va donc falloir ménager les susceptibilités.
De la tenue, diantre !
Ne cède pas à la tentation du déballage, du commérage, de la vengeance dont sont friands certains people, c’est franchement abominable et ça ne donne pas de la littérature mais du ragot honteux de concierge. Des exemples ? Merci pour ce moment, Valérie Trierweiler, Rien de grave de Justine Lévy. La liste de ce genre de livres est interminable… et minable. C’est une question de morale, de savoir-vivre, de degré de conscience, de respect de soi et des autres, et d’alignement avec toi-même.
L’accusation
Bien sûr, tu peux aussi envisager d’écrire une autobiographie pour révéler une histoire traumatisante, participer à lever des tabous, et montrer aux victimes des mêmes problématiques qu’elles peuvent, comme toi, s’en relever. Ce peut être une autobiographie qui aborde l’inceste, le viol, les traumatismes de guerre, les enfants battus, etc. C’est une idée respectable et même sympathique et courageuse mais il faudra prendre tes responsabilités si tu édites ton livre. Il y aura un avant et un après. Tu dois vraiment réfléchir au contenu de ton livre car il aura des répercutions énormes sur ton existence et dans tes interactions avec autrui. C’est un choix.
Le partage
Il peut s’agir plus simplement de ton désir de raconter ton histoire pour tes enfants, tes petits-enfants, de leur partager tes valeurs, tes émotions, ce que ta vie t’inspire. C’est plus évident mais attention malgré tout : car se raconter, c’est aussi raconter son entourage. Il faut toujours le ménager.
Là encore, tu dois te poser des questions avant et durant la rédaction de ton autobiographie : quelle vision veux-tu laisser de toi ? De ton entourage ? De ta vie ? De la vie en général ? Quels messages veux-tu offrir à tes lecteurs ?
Les retours des lecteurs
Ton entourage possède sa propre version de ton existence et tu possèdes la tienne. Les divergences de vue existent avant même que tu aies pris la plume car nous avons tous notre vision particulière des faits. Tu dois donc t’attendre à ce que certains proches te disent, une fois ton autobiographie publiée : je ne voyais pas ta vie comme ça ! Ou : je ne me vois pas comme tu m’as décrit ! Donc, se monter prudent et subtil dans son écriture. Ceci dit, tu peux énormément les inspirer par ton récit. A toi de jouer !
Synthétique tu seras !
Tu dois faire entrer ton existence dans quelques centaines de pages : un exercice de synthèse de haut vol ! Supprimer l’inutile, élaguer les redondances, aller à l’essentiel. Tu dois effectuer un tri, classer, évoquer ce qui t’a le plus touché, et faire en sorte de toucher ton lecteur. Choisis les moments les plus beaux, les plus importants, les plus douloureux, intéressants, marquants, etc.
Structurel tu seras !
Commence donc par réfléchir à la structure de ton autobiographie, organise dans le temps les principaux événements qui la constitueront avant d’entrer dans les détails. Décide de ce à quoi tu désires donner de l’importance.Pour ordonner ta vie, il faut créer des chapitres. Organise-toi.
La véracité
Vérifie la véracité des légendes familiales si c’est possible, particulièrement si tu connais des personnes vivantes concernées par elles. Si c’est impossible, utilise les légendes familiales avec discernement et subtilités. D’autre part, si tu possèdes de vieilles lettre ou des journaux intimes (que ce soit de toi ou de tes ancêtres), lis-les attentivement. Ils pallieront à ta mémoire défaillante ou… déformante. Et tu y découvriras un matériau formidable. Pense aussi à toutes les photos que tu possèdes. Elles t’aideront à te rafraîchir la mémoire.
L’art du camouflage tu pratiqueras !
Camoufle les prénoms de ceux qui n’aimeraient pas être reconnus. Si ta grand-mère est un monstre toujours vivant, donne-lui un autre nom et prénom, transforme-la en tante ou en amie, etc. A moins que tu ne sois décidé à « tout balancer » après une réflexion de trois nuits sans sommeil.
Ta responsabilité tu exerceras !
Si tu évoques une société, un patron, un employé en termes peu élogieux, change noms, dates et lieux pour ne pas avoir de problèmes. Mais si tu décides de dénoncer parce que tu juges que tu fais œuvre de salubrité publique, fais-le en conscience et prend tes responsabilités.
De l’émotion tu offriras !
Et n’oublie pas : comme dans un roman, tu dois tenir ton lecteur par l’émotion, le cœur, les tripes. Donne-lui de l’émotion.
Récapitulatif rapide de l’indispensable pour rédiger ton autobiographie
- Ecris au « je »
- Etablis une chronologie de ton existence. Elle te servira de base pour ne pas te tromper dans les dates, les événements, etc.
- Décide de tes chapitres et de ce que tu mettras dedans. Structure.
- Elimine, trie, ne garde que l’essentiel de ton existence, ce qui t’as le plus touché. Ne te noie pas dans des anecdotes sans intérêt pour ton lecteur.
- Mets en valeur le plus émouvant, le plus marquant, le plus passionnant.
- Sois franc et sincère sans te montrer exhibitionniste. Dans cet équilibre entre ce que tu dis et ne dis pas, le lecteur doit sentir ton authenticité.
- Fais une liste de tous les personnages et décide de ceux dont tu camoufles l’identité ou pas, et comment.
- Prend du recul sur ton existence. Fais attention aux tours que te joue ta mémoire. Vérifie tes informations, tes souvenirs si nécessaire. N’hésite pas à faire des recherches. Ressors tes vieilles lettres, tes journaux intimes, tes documents, tes photos.
- Vérifie dates et lieux, aspects sociologiques, historiques pour rester crédible. Car tu dois évoquer les atmosphères des époques que tu as traversées.
- Si tu as vécu une ou des problématiques très fortes, tu peux créer une intrigue autour. Ce n’est pas obligatoire mais possible. Si ton existence a été un long fleuve tranquille, tu ne pourras pas le faire.
- Demande à ton entourage concerné de lire uniquement quand tu auras terminé de rédiger ton autobiographie. Cela t’évitera des impairs car tu pourras retoucher ton livre avant publication.
- Choisis un titre attirant.
- Cherche un éditeur ou édite toi-même. Aujourd’hui, il est facile d’imprimer par internet une autobiographie. C’est la meilleure solution si tu comptes l’offrir à ton entourage ou la vendre en petite quantité, et non la vendre à des milliers d’exemplaires. Mais si tu comptes trouver un éditeur, rends ton autobiographie passionnante et irrésistible ! Fais la différence par la qualité de ton message.
J’espère t’avoir déblayé les plus gros pavés sur ta route autobiographique. Parle-moi de tes projets autobiographiques, si tu en as, dans les commentaires. Je suis curieuse…
Des lectures inspirantes d’autobiographies :
Je te recommande quelques lectures :
Les confessions, Jean-Jacques Rousseau
La promesse de l’aube, Romain Gary
Mémoires d’outre-tombe, René de Chateaubriand C’est fabuleux et ça se lit comme un roman d’aventures.
Mémoires intimes, Georges Simenon Un génie te dévoile tout, y compris sur son écriture !
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