Fais-tu ces 10 erreurs dans un dialogue de roman ?
Ecrire un dialogue de roman vraiment intéressant est difficile. Je crois que toute personne qui écrit a connu ou connaîtra ce défi. Donner l’impression qu’un dialogue écrit est parlé n’est pas une évidence. Pour te faciliter la tâche, j’ai noté 10 erreurs à éviter. Et cette liste n’est pas exhaustive.
1. Epargne à tes lecteurs le dialogue mis là pour « faire joli. »
Parce que tu trouves ton texte fade, mort, qu’il y manque quelque chose sans que tu saches ce que c’est. Et tu penses le dynamiser, le rendre moins creux, en y insérant un dialogue.
Et bien non ! Ca ne rend pas ni le texte ni les personnages plus vivants et moins fades et creux. Pourquoi ? Parce que tu n’as rien à dire dans ce dialogue. Le dialogue, ce n’est pas de la décoration.
Le dialogue fait partie inhérente de ton roman. Ce n’est pas de la dentelle qu’on rajoute sur une robe.
On écrit un dialogue de roman parce que c’est mieux que les personnages disent ces choses-là eux-mêmes et à ce moment-là. Parce que ça fait avancer le récit et la psychologie.
Des tonnes de livres sont écrits sans une ligne de dialogue et sont très bien ainsi. Donc, si tu insères un dialogue, il doit être intéressant, pertinent, psychologiquement adapté aux caractères, et bien situé car il doit donner du rythme et non en enlever. Et tu rendras effectivement le dialogue et son contexte plus intéressants. Et les personnages qui dialoguent, bien entendu. Non, le dialogue, ce n’est pas de la décoration !
2. Epargne à ton lecteur un dialogue de roman vide et sans style :
– Tu as vu Josiane ?
– Non, et toi ?
– Ça fait au moins six mois.
– Ah, bon, moi aussi.
– Je l’aime bien Josiane. On pourrait aller la voir.
– Tu as raison, c’est une bonne idée.
– Et si on lui téléphonait ?
– Tu as ton portable ? Je n’ai pas le mien.
– Attends, je l’ai. J’ai toujours le mien sur moi.
– Et le numéro de Josiane, tu l’as ?
– Je vais appeler Roger, il va me le donner.
– Bonne idée…
Tu es mort d’ennui ? Moi aussi. Même dans la vie quotidienne, des dialogues comme cela, je les évite ! Et pourtant, tu vois à la vente des livres qui valent à peine mieux que cette… chose. Épargnons nos lecteurs. Ton dialogue doit faire avancer le récit et la psychologie de tes personnages.
3. Épargne à ton lecteur un dialogue de roman mou :
– A quelle heure l’enterrement ?
– Je crois que c’est à quinze heures trente.
– On aura le temps d’y arriver ?
– Je ne sais pas. Avec toute cette circulation…
– Oui, on n’est pas arrivés.
– En attendant, on pourrait écouter la radio.
Tu vois où je veux en venir ? Un dialogue vide et sans style est aussi un dialogue mou puisqu’il ne se passe rien. Le lecteur s’est donc noyé dans les futilités et, par-dessus le marché, l’action n’avance pas. Tu es certainement liquéfié dans les marécages de la mollesse…La mauvaise circulation n’explique pas tout.
4. Épargne à ton lecteur l’invraisemblance et l’irréalisme.
Le vocabulaire doit être choisi avec discernement. Le champ lexical de deux ouvriers syndiqués d’usine n’est pas celui de deux cadres du CAC 40. Tu imagines aisément…
– Ah, putain, je sors de cette réunion de quatre heures avec le patronat et j’en ai plein le dos de leurs conneries !
– T’as réussi à leur dire leurs quatre vérités à ces connards ? J’ai pas pu venir à temps, le métro était blindé.
– Je leur ai gueulé d’aller se faire foutre à cette bande d’enfoirés ! J’suis pas ok pour leur truc.
– T’as bien fait, y’me font pitié tellement y sont cons !
Où alors :
– Quatre heures de réunion pour en arriver là !
– Vous avez pu leur dire ce que vous pensez réellement de la situation ? Je suis arrivé en retard et je ne vous ai pas entendu. Pas moyen de trouver un taxi ce matin !
– Je me suis emporté. Leur attitude est exaspérante. Je ne peux pas donner mon accord dans de telles conditions.
– Vous avez bien fait. Certains ne sont pas dignes de leurs fonctions… Une réflexion qui reste entre nous, n’est-ce pas ?
J’ai caricaturé, certes, mais ça m’amusait. Donc, en substance : ne confonds pas les champs lexicaux. Chacun son univers, chacun son vocabulaire, ses métaphores, sa grammaire…
5. Épargne à ton lecteur les incises inutiles.
Une incise, c’est : dit-il, déclara-t-il, commenta-t-il, s’exclama-t-il, répondit-il, etc.
– Je n’aime pas du tout ce poulet, dit-il.
– Tu es désagréable, s’exclama-t-elle, j’ai pris toute la matinée pour le cuisiner !
– Je ne voulais pas te vexer, s’excusa-t-il.
– Je le suis, répliqua-t-elle.
Mortel, non ? D’abord, le lecteur est assez intelligent pour comprendre tout seul. Ensuite, cela brise tout rythme, toute musique, toute fluidité. On s’enfonce dans des marécages. Ce dialogue ne vaut rien mais il est mieux sans les incises :
– Je n’aime pas du tout ce poulet.
– Tu es désagréable, j’ai pris toute la matinée pour le cuisiner !
– Je ne voulais pas te vexer.
– Je le suis !
C’est beaucoup plus dynamique.
6. Épargne à ton lecteur les prénoms à tout bout de champ.
Le prénom doit avoir une raison d’être là. Il doit appuyer un sentiment.
– Je n’aime pas du tout ce poulet, Eve.
– Tu es désagréable, j’ai pris toute la matinée pour le cuisiner, Yann !
– Je ne voulais pas te vexer, Eve.
– Je le suis, Yann !
En version allégée :
– Je n’aime pas du tout ce poulet.
– Tu es désagréable, j’ai pris toute la matinée pour le cuisiner, Yann !
– Je ne voulais pas te vexer, Eve.
– Je le suis !
Maintenant, imagine qu’on garde les défauts des incises supplémentaires et des prénoms en trop : c’est le cauchemar.
– Je n’aime pas du tout ce poulet, dit Yann.
– Tu es désagréable, s’exclama Eve, j’ai pris toute la matinée pour le cuisiner !
– Je ne voulais pas te vexer, s’excusa Yann.
– Je le suis, répliqua Eve.
Maintenant, ce dialogue a carrément l’air débile ! (Je suis en train de rire…)
7. Épargne au lecteur les dialogues de roman interminables.
Ne le noie pas, tu le perdrais. A moins de faire du dialogue illimité ta marque de fabrique et qu’ils soient tous passionnants.
Après tout, la pièce de théâtre est une suite de dialogues qui durent une à deux heures !
8. Épargne au lecteur le dialogue dans lequel les personnages se confondent.
Chaque personnage possède son tempérament, sa psychologie, ses tics de langage, son état émotionnel au moment du dialogue, son champ lexical qui dépend de son milieu socioculturel, etc.
Dans l’idéal, on doit pouvoir reconnaître immédiatement ton personnage sans qu’il soit nommé. Juste parce que son vocabulaire, la teneur de son discours, son ton, son rythme correspondent parfaitement à qui il est, à ce qu’il émane.
Si, dans ton dialogue, tu peux mettre indifféremment telle ou telle chose dans la bouche de tes personnages, tire la sonnette d’alarme : c’est que tes personnages se ressemblent tous. Chaque personnage doit s’exprimer à sa manière. Tu peux même lui inventer un ou deux tics de langage qui renforceront ses particularités.
9. Épargne à ton lecteur un langage trop parlé ou trop littéraire.
Il faut que le dialogue respire la vérité. C’est ce qui est si difficile à atteindre.
Un dialogue ne s’écrit pas comme on parle mais il doit en donner l’impression. C’est la clef d’un dialogue réussi. C’est un exercice exigeant. Personnellement, c’est le dialogue qui m’a toujours donné le plus de fil à retordre. Il faut trouver le ton et le style adéquat aux personnages, au genre littéraire de ton roman, à ce que tu as exprimer, à ton roman lui-même.
10. Épargne à ton lecteur la platitude d’une ponctuation limitée au point.
Tu peux te servir avec discernement de toute la panoplie de la ponctuation dans le dialogue : elle peut indiquer les humeurs des personnages au lieu de les décrire platement par des incises. Par exemple, au lieu de « s’exclama-t-il », mieux vaut poser un point d’exclamation sans incise. Pour exprimer la surprise, le point d’exclamation est parfait. Pour exprimer un doute, on peut laisser trois points de suspension à la fin d’une phrase. Etc. La ponctuation fait merveille dans les dialogues mais n’en abuse pas. N’oublie pas que la technique doit être invisible pour un lecteur qui n’écrit pas lui-même.
11. Un dernier conseil simple, utile, et souvent indispensable :
Lis à haute voix tes dialogues. Cela te permettra de sentir à l’oreille s’ils sont faux ou justes. Le dialogue est aussi une question de ton ; tu l’entendras.
En général, es-tu content de tes dialogues ?
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